Alors que nous disposons de tous les outils nécessaires en termes de traitements et de prévention et qu’une grande partie du monde a su faire front uni contre l’épidémie du covid19, nous avons une chance inédite de mettre fin à l’épidémie du sida d’ici 2030.
Depuis la création du Fonds mondial il y a 20 ans et de l’ensemble des dons versés par les Etats, 23,3 millions de personnes ont pu accéder aux traitements antirétroviraux contre le VIH, 70,8 millions de tests de dépistage du VIH ont été effectués et 670 000 mères vivant avec le VIH sont sous traitement actuellement pour rester en vie et éviter la transmission du VIH à leur enfant. Le Fonds mondial est, à l’évidence, notre meilleure chance de mettre un terme au VIH/sida dans le monde.
Même si du retard avait déjà été pris, les choses étaient en bonne voie. Le covid19 a cependant marqué un véritable temps d’arrêt dans la lutte contre le sida malgré les efforts du Fonds mondial et de tous les acteurs de terrain et un retard conséquent est venu se rajouter au précédent.
Que ce soit en termes de discontinuité des traitements, de précarisation de certains publics, d’absence partielle ou totale de prévention, de baisse de dépistages, le covid19 a eu des effets dévastateurs sur les communautés touchées par le VIH/sida, en premier lieu desquelles les femmes, les minorités sexuelles et les travailleuses et travailleurs du sexe.
Pour cette 7e conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial, qui se tient jusqu’au mercredi 21 septembre à New-York, dans laquelle les Etats ont cette responsabilité historique de mettre fin, collectivement, au VIH/sida, la France doit absolument augmenter sa contribution et continuer à montrer l’exemple.
Alors que l’actuel président de la République, peut s’il en a la volonté, mettre fin au VIH/sida en France d’ici 2027 car tous les outils (tests de dépistage, traitements et PreP) sont à sa disposition, c’est aussi l’ensemble du monde, grâce au Fonds mondial qui peut y mettre un terme d’ici 2030.
Si la crise du covid19 a, certes, fait perdre un temps précieux dans la lutte contre le sida, elle nous a également montré qu’il était possible, pour les Etats, de lutter efficacement, contre une pandémie. La culture du dépistage, qui est une des clés de toute fin d’épidémie, et qui a été à l’œuvre pendant les pires moments de la crise doit être présentée à la population et impulsée par les gouvernements de la même manière concernant le VIH/sida.
Plus globalement, l’intense prévention que nous avons connu pour nous prémunir du covid19, que ce soit à la télévision, dans les rues, ou directement dans nos boîtes aux lettres et sur nos réseaux sociaux, peut et doit être perpétuée pour nous protéger du VIH/sida. Les Etats en ont les moyens s’ils en ont la volonté et ceux qui ne le peuvent pas actuellement pourraient l’être dans le futur grâce au Fonds mondial.
Si la lutte contre les discriminations au niveau mondial, notamment à l’égard des femmes, des minorités sexuelles et des travailleuses et travailleurs du sexe représente un axe d’action majeur et indispensable pour mettre fin au VIH/sida, le nerf de la guerre demeure la question de l’argent et des fonds disponibles pour les Etats les plus touchés. La contribution française est primordiale dans la mesure où la francophonie représente un champ d’action de plus en plus pertinent et qui doit être renforcé pour faire front commun contre les épidémies grâce, notamment, à ses différentes instances comme l’AIMF (Association Internationale des Maires Francophones), composée d’élus francophones au plus près des populations et donc des communautés les plus touchées par le VIH/sida.
Comme nous le disons maintenant depuis plus de 25 ans avec Elus Locaux Contre le Sida (ELCS), « le sida se soigne aussi par la politique » et l’échelon local, quand il est mis en réseau, est tout à fait pertinent pour lutter contre le VIH/sida. En contribuant de façon globale à la lutte contre le VIH/sida, la France peut légitimer dans le même temps le renforcement d’un vaste réseau de compétences mettant en relation les acteurs de la santé, les communautés touchées et les élus sur le terrain.
La France peut continuer de jouer un rôle dans la santé mondiale, non seulement grâce au Fonds mondial, mais aussi dans ce que ses dons permettront de construire en termes de confiance et d’influence au sein de la francophonie. Pour cela, elle doit montrer l’exemple et augmenter suffisamment sa contribution pour atteindre l’objectif des 18 milliards de dollars. Pas moins de 20 millions de vies sont à sauvées ! Le président actuel peut être celui qui contribuera à un monde sans sida ! A lui de le vouloir et de le faire en augmentant la contribution de la France à hauteur de 2 milliards d’euros.
Contact : j.ennezat@elcs.fr