Les douleurs chroniques touchent de nombreuses personnes et ont des conséquences majeures au quotidien. Or, cette thématique est trop peu évoquée.
On estime qu’un quart de la population mondiale souffre de douleurs.
Les femmes sont statistiquement plus touchées que les hommes avec 37% de femmes douloureuses contre 28% pour les hommes.
Ces douleurs ont des conséquences majeures sur le quotidien et à long terme et entrainent un handicap. Isolement social, et parfois à l’incompréhension des proches, retentissement professionnel avec un arrêt ou reconversion professionnelle – Conséquences financières avec une perte du revenus et de très faibles aides au handicap ou pension d’invalidité.
Les douleurs peuvent entraîner des troubles anxieux ou des troubles dépressifs.
L’évaluation de la douleur est complexe puisque sujette à de nombreux biais.
Il n’est pas rare d’avoir une minimisation par les patient-es ou soignant-es. Pour certain-es patient-es, un biais raciste que constitue le « syndrome méditerranéen » selon lequel les patient-es provenant du bassin méditerranéen auraient tendance à en rajouter (ce qui bien entendu est entièrement faux), est source de souffrance supplémentaire non traitée et de discrimination.
Les possibilités thérapeutiques médicamenteuses sont limitées pour une antalgie efficace. De plus, d’autres thérapeutiques non médicamenteuses peuvent être limitées à la prescription par les CETD Centre d’évaluation et traitement de la douleur. Ces centres sont, quant à eux, trop rares, ce qui rend les délais pour y consulter extrêmement longs. Les patient-es présentant des douleurs chroniques se retrouvent donc rapidement devant une impasse thérapeutique.
Au cours de nos études, cette thématique des douleurs est peu abordée entraînant bien trop souvent une insuffisance de traitement.
Il existe également une stigmatisation des patient-es qui vivent avec des douleurs chroniques. Ces patient-es sont souvent moins écouté-es, ou accusé-es de « simuler » ou d’aggraver leurs douleurs. Ces phénomènes sont d’autant plus importants pour les femmes.
Les personnes atteintes de douleurs chroniques font également face à la stigmatisation de certains soignant-es les considérant comme des « accros » aux médicaments.
Nos propositions pour améliorer la prise en charge des personnes atteintes de douleurs et en particulier douleurs chroniques
– Améliorer la formation des soignant-es concernant les différentes thérapeutiques aussi bien médicamenteuses que non médicamenteuses mais également sur les ressources disponibles et les moyens de les mettre en œuvre.
– Sensibiliser les soignant-es sur les fausses idées reçues concernant la douleur (risque addictif, syndrome méditerranéen, comportements toxicophobes etc) et mettre la prise en charge de la douleur bien plus au centre des prises en charge. Avoir mal représente un problème en soi et doit être traité avec les médicaments nécessaires sans minimisation de celle ci et ou de ses impacts.
– Augmenter de manière conséquente les projets et budgets de recherche dans le domaine de la douleur afin d’apporter des innovations thérapeutiques aux patient-es présentant des douleurs chroniques.
– Oeuvrer pour la création de plus de CETD, lutter contre l’idée que ces centres ne sont « pas rentables » et sensibiliser les soignant-es, administratif-ves et gouvernants à l’aspect primordial de la prise en charge de la douleur
– dans ces centres, importance de la prise en charge globale et des conséquences de ces douleurs : ne pas négliger les antalgiques classiques, mais aussi proposer de manière plus générale les techniques comme la rTMS ou la tDCS. Avoir plus de moyens pour recruter des psychologue/psychiatres specialise-es en douleur.
– Augmenter le nombre de postes de médecins de la douleur, par conséquent augmentation du nombre de places en DU/FST douleurs.
– créer des urgences douleurs sur le modèle de celles existant pour les céphalées
– limiter les obstacles à l’obtention des antalgiques notamment de palier II et III, via une meilleure formation des pharmacien-nes, et via l’allongement des ordonnances pour les patient-es avec traitement au long cours.
– élargir la prescription de TENS à d’autres médecins (spécialistes ou généralistes) que les médecins de la douleur.
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