La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie un document de la collection DREES Méthodes qui compare les taux de personnes vaccinées et non vaccinées publiés en open data par différentes institutions.
La mise en place dans des délais très courts d’une base permettant le suivi de la vaccination (VAC-SI), mise à jour quotidiennement, ainsi que la publication d’indicateurs journaliers, ont permis de suivre en temps réel le déploiement de la campagne de vaccination et d’obtenir des estimations de la couverture vaccinale contre le Covid-19.
Ces estimations sont pour la plupart convergentes au niveau national sur l’ensemble de la population, mais des différences selon les groupes d’âge soulèvent des questions méthodologiques complexes, qu’il est possible d’analyser aujourd’hui avec le recul dont on dispose sur les données et indicateurs.
Il existe aujourd’hui quatre sources de données publiées en open data par trois institutions différentes sur la couverture vaccinale contre le Covid-19 en France : en rapportant la population vaccinée aux estimations de population de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), Santé Publique France estime à 6,5 % la part de personnes non-vaccinées au 14 août 2022 parmi les personnes âgées de 18 ans ou plus. Cette estimation s’élève à 6,6 % selon la Caisse nationale de l’Assurance maladie (CNAM). Sur la population des personnes âgées de 20 ans ou plus, la DREES estime la part des non- vaccinés à 7,0 % ; enfin, la CNAM estime que 13,9 % de la population des 20 ans ou plus ayant consommé des soins remboursés en France en 2021 serait non vaccinée à la même date.
Les trois premières sources donnent ainsi des estimations nationales convergentes au global, même si on constate des écarts plus importants par groupes d’âges. Les profils par âge de la part de personnes non-vaccinées sont par ailleurs très différents entre les trois premières sources et la quatrième.
L’objet de ce dossier est d’expliciter les différences méthodologiques qui expliquent les écarts plus ou moins importants entre ces quatre sources, afin d’identifier des améliorations possibles des indicateurs publiés en open data, mais aussi de proposer des estimations alternatives.
Les raisons expliquant les écarts sont multiples. Elles tiennent à la définition du concept d’âge retenu, à la prise en compte ou non de la mortalité des personnes vaccinées, au choix de la population de référence à laquelle est rapportée la population vaccinée, ainsi qu’à la qualité perfectible de l’appariement de la base des personnes vaccinées (VAC-SI) avec d’autres sources permettant d’envisager des estimations du taux de vaccination parmi des populations larges, tels que la base des « consommants » de soins de la CNAM, ou encore le système d’information sur les tests de dépistage Covid-19 (SI-DEP).
Les choix méthodologiques qui ont présidé à l’élaboration de ces statistiques ont été contraints par la nécessité de produire très rapidement et à haute fréquence des indicateurs pour le suivi de la campagne de vaccination, dans un contexte d’urgence sanitaire, et en mobilisant des données issues d’un système d’information (VAC-SI) lui-même mis en place dans des délais extrêmement courts. Disposant d’un plus grand recul sur ces données et indicateurs, il apparaît aujourd’hui important d’en explorer les limites respectives et de mener des analyses complémentaires.
En prenant en compte la mortalité et en appliquant plusieurs redressements sur les données, l’appariement des bases de données sur la vaccination (VAC-SI) et sur le dépistage (SI-DEP) conduit ainsi à proposer plusieurs alternatives aux estimations existantes, visant à assurer une plus grande homogénéité entre population vaccinée et population de référence (Graphique). Bien que ce travail ne permette pas de conclure sur un chiffre de façon certaine, il conduit à estimer in fine que le taux de personnes non vaccinées, âgées de 20 ans ou plus, résidant en France, se situe probablement entre 8 et 12 %, soit un niveau un peu plus élevé que celui vers lequel pointent les chiffres qui bénéficient de la plus forte couverture médiatique.
D’après ces estimations alternatives, le taux de personnes non-vaccinées serait le plus élevé autour de 30 ans, en cohérence notamment avec le profil par âge estimé sur la base des consommants de la CNAM, comme sur la base des réponses à la troisième vague de l’enquête EpiCov.
L’exploitation de la quatrième vague de l’enquête EpiCov, en cours de collecte actuellement, devrait fournir une estimation complémentaire du taux de personnes vaccinées en population générale qui ne soit pas sujette aux mêmes limites que celles inhérentes aux sources et aux méthodes utilisées aujourd’hui. En revanche, elle ne fournira qu’une estimation ponctuelle ; la base VAC-SI demeure et demeurera l’outil central pour assurer le suivi de la couverture vaccinale en France.