Les médias rapportent depuis hier le décès d’une patiente au CHU de Dijon, admise en urgence pour une fracture osseuse nécessitant une intervention chirurgicale orthopédique. Toujours selon les médias, son décès pourrait être imputable aux conséquences d’un jeune prolongé en raison de déprogrammations successives au bloc opératoire. Une enquête administrative a été ouverte.
Le SNPHARE présente ses condoléances à la famille de la patiente et assure de tout son soutien les équipes soignantes pour qui ce type d’événement est aussi un traumatisme. Nous regrettons qu’il faille qu’un être humain décède pour que le sujet de la santé et de l’hôpital public revienne sur la place publique. C’est malheureusement ce que l’on constate sur tous nos médias depuis quelques mois et nous ne pouvons accepter que l’opprobre soit ainsi jeté sur l’hôpital public et ses équipes qui à chaque heure du jour ou de la nuit mettent tout en œuvre pour s’occuper au mieux de la santé de nos concitoyens.
Nos problèmes et difficultés sont connus de longue date, la crise du COVID a permis de les révéler au grand public. Nous avons aussi alerté sur les conséquences de cette crise sanitaire sur l’ensemble des professions soignantes. Celle-ci a été le catalyseur de nombreux départs, toujours avec l’espoir de redonner un sens à son travail et à sa vie.
Personne aujourd’hui en France ne peut croire que notre système de santé est aussi performant et efficace qu’auparavant et ce terrible incident ne fait que révéler des problèmes chroniques et récurrents auxquels nous sommes tous les jours confrontés et qui parfois engendrent de dramatiques conséquences.
C’est l’hôpital public qui assure la majorité de la permanence des soins, et qui assure la permanence des soins les plus lourds. L’arrivée d’un patient en urgence ou en semi-urgence au bloc opératoire nécessite une organisation huilée et bien orchestrée, qui associe un grand nombre de professionnels de santé, médicaux et non médicaux : tout manque de professionnel de santé entraîne une désorganisation en domino de l’ensemble du bloc et des services de chirurgie.
Depuis la crise COVID, nombreux sont les blocs n’ont pas retrouvé leur fonctionnement à 100 % : au manque chronique d’anesthésistes-réanimateurs, sur lequel nous alertons depuis très longtemps, se surajoute la fuite de nombreux professionnels paramédicaux, avec des conséquences majeures sur l’organisation de la chirurgie programmée et de la chirurgie urgente. Tout le territoire et tous nos concitoyens sont concernés.
Nous n’en pouvons plus des mesures flash, nous demandons des mesures pérennes qui permettent de retrouver de la sérénité dans notre travail, du temps, des moyens humains et matériels pour nos patients.
Nous n’en pouvons plus d’être toujours en crise alors que la vraie crise est passée et qu’il est tellement plus facile de nous oublier maintenant.
Nous n’en pouvons plus d’assister, impuissants à cette dégradation de nos conditions de travail et de vie ainsi qu’à la perte de sens de nos métiers et vocations.
Le SNPHARE, qui a rencontré récemment le cabinet du Ministre, demande :
- L’ouverture d’une mission IGAS sur l’ensemble des plateaux techniques ainsi que sur les causes et les conséquences des déprogrammations au bloc opératoire : pour les interventions programmées, pour les urgences.
- L’ouverture rapide du chantier de la permanence des soins, sujet sur lequel nous ne cessons d’alerter les pouvoirs publics et avons déjà formulé nombre de propositions
- L’arrêt net de la fuite des praticiens hospitaliers de l’hôpital public par des mesures immédiates et pérennes d’attractivité et de fidélisation
- L’octroi des 4 ans d’ancienneté qui ont été « volés » aux praticiens hospitaliers nommés avant le 1er octobre 2020 : si le Conseil d’Etat n’a pas jugé ce refus illégal, rien n’empêche le Ministre de corriger cette injustice qui vient d’attiser encore colère et déception chez les praticiens hospitaliers
- La pérennisation définitive des mesures « estivales » de valorisation de l’effort des praticiens pour assurer la permanence des soins : cette poursuite annoncée le 2 novembre n’est toujours pas officialisée. Le SNPHARE rappelle que les astreintes doivent être intégrées à ces mesures : le doublement de l’indemnisation du temps de travail additionnel, des gardes et des astreintes de l’ensemble des praticiens hospitaliers semble être une reconnaissance financière acceptable de cette activité hospitalière.
Contact :
Anne Wernet : anwernet.snphar@gmail.com