Le combat mené par les pédiatres (qu’ils soient libéraux, hospitaliers ou communautaires, chirurgiens pédiatriques, pédopsychiatres) met en lumière la négligence de la santé de l’enfant dans les politiques de santé publique depuis plus de trente ans.
L’enfant, qui ne vote pas, est le grand oublié de ces programmes aussi bien dans le domaine de l’urgence, que de la prise en charge des maladies aigües, que des maladies chroniques, mais surtout de la prévention dont le pédiatre a vocation d’être le pilote. il est urgent de placer ces thématiques en priorité absolue, L’enfant, qu’il soit nouveau-né, nourrisson, enfant proprement dit ou adolescent, doit bénéficier d’un suivi médicalspécifique au risque d’obérer gravement la santé de l’adulte de demain.
Le plan d’investissement de 400 millions pour l’hôpital (pour l’ensemble des services en tension pédiatriques, ou non) annoncé par le Ministre démontre que le cri d’alarme lancé par nous tous les 7 000 soignants au Président de la République a éveillé les consciences sur le délabrement des services d’urgence et l’épuisement des personnels.
Toutefois le Syndicat des Pédiatres Français déplore que les propositions formulées restent encore très floues et dépourvues d’actions précises. Dans l’approche encore et toujours hospitalo-centrée, le travail sans relache des pédiatres libéraux qui répondent chaque jour sans compter aux besoins médicaux des familles partout où ils se trouvent sur le territoire n’est pas reconnu.
Avec 2 600 pédiatres libéraux,répondent à 20 000 urgences par jour, soit l’équivalent de 100 services d’urgences.
Dans ces conditions, envisager de placer ces médecins à l’hôpital serait un risque de rupture de soins en ville. Les pédiatres libéraux se placent déjà largement en support aux hospitaliers et tentent de bâtir du mieux qu’ils le peuvent un continuum des soins hopital–ville pour soulager leurs confrères. Le syndicat insiste sur le role crucial assuré par les pédiatres libéraux qui se sont déjà engagés fortement en soutien de leurs confrères hospitaliers renoncant pour certains à leurs jours de congès et pour d’autres, élargissant leurs plages de consultations quotidiennes pour répondre à l’augmentation de la demande de soins.
La crise des urgences pédiatriques est liée à des épidémies infantiles, certes plus précoces mais elle était largement prévisible. Elle correspond aux manques d’effectifs, exacerbés ces derniers mois par la crise structuelle de l’hôpital. Elle ne pourra se résoudre sans une réflexion approfondie sur les choix d’investissement, sur l’organisation de l’hôpital et son articulation efficiente avec la pédiatrie ambulatoire de proximité, à la fois de premier et de deuxième recours.
La réponse ne résidera que dans la refondation profonde des modèles de soins : un modèle de suivi médical assuré par des experts dans une logique de délégation de taches encadrée auprès de paramédicaux et dans un cadre de maisons de santé pédiatriques ou d’un réseau de soins organisés autour d’un pédiatre. Cette organisation existe et a déjà fait ses preuves apportant un guichet unique lisible pour les usagers de soins. Ces nouveaux modèles d’équipes de soins spécialisées devront bénéficier d’un appui politique solide poursoutenir l’effort d’équipement et de formation et accompagner un développement global.