« Beau et l’apparence du neuf, mais véritable cache-misère en réalité »
Aujourd’hui encore, le gouvernement clôt de façon prématurée les débats parlementaires sur le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale. La nécessaire réflexion sur la totale refondation du système de santé est totalement esquivée.
Au lieu de cela, on se croirait dans un mauvais magasin de bricolage : une accumulation de rustines toutes plus mal taillées les unes que les autres et marouflées à la vite sur des murs dont les fondations sont notoirement fissurées.
Quelques millions par-ci, quelques millions par-là, une incitation ici, de la coercition là-bas, et de l’expérimentation pour boucher les derniers trous…
A l’exemple des mesures visant à mieux rémunérer le travail de nuit et la permanence des soins, aucune mesure pérenne, aucune vision d’avenir qui pourrait redonner de l’élan et de la confiance aux personnels soignants ne ressort de ce PLFSS.
A l’opposé, on généralise des expérimentations décidées lors du PLFSS 2022 qui n’ont pourtant pas encore démarré, on impose un stage en désert médical à des internes dont les difficultés psychologiques ne sont plus à démontrer alors que l’intérêt réel de cette mesure, à moyen et long terme pour la population est plus que douteuse.
Et pour parfaire l’ensemble l’augmentation, certes substantielle, de l’ONDAM hospitalier est près de deux fois inférieure à l’inflation, ce qui ne manquera pas d’entraîner une nouvelle cure d’austérité dans les hôpitaux.
Jamais le système de santé ne s’est aussi mal porté. Alors que le SNPHARE, l’ensemble des syndicats et des intersyndicales de professionnels de santé ainsi que bien d’autres organisations alertent depuis des années, nous faisons le constat, impuissants, de l’incapacité de l’hôpital public à assurer sa mission : cet été, aux urgences, cet automne, en pédiatrie… En fait, à peu près partout et tout le temps. Le manque criant de financement, l’absence de vision à long terme et de réflexion ambitieuse mettent la Santé de tous nos concitoyens en danger.
Quand nous aspirons de manière unanime à une reconstruction du système de santé en profondeur, la réponse du gouvernement se résume à du bricolage du dimanche. Les professionnels de santé, nos concitoyens, nos aînés et nos enfants ne peuvent continuer à hériter de l’incurie de 30 années d’erreurs politiques. Le système de santé s’effondre, notre gouvernement doit pouvoir s’enorgueillir de le remettre d’aplomb : des solutions sont possibles, elles sont coûteuses mais efficaces et indispensables.
Le SNPHARE demande :
- Une augmentation de l’ONDAM à la hauteur des besoins, permettant de compenser l’inflation mais aussi le retard accumulé par des années de financement insuffisant.
- L’inscription au PLFSS des mesures d’attractivité et de fidélisation toujours en attente pour les praticiens hospitaliers, lesquels, en l’absence de reconnaissance de leur travail et de leur investissement, ne voient plus d’avenir dans une carrière hospitalière
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- Des mesures pérennes, appliquées à l’ensemble des praticiens hospitaliers, pour la reconnaissance du travail de nuit et la permanence des soins, notamment financières : revalorisation des gardes et du temps de travail additionnel à l’instar des mesures estivales 2022, revalorisation des astreintes
- Un geste fort en faveur des praticiens hospitaliers nommés avant le 1er octobre 2020, et qui tiennent à bout de bras cet hôpital qui s’effondre, en revenant sur la non reprise de leur 4 ans d’ancienneté.
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Contact : matthieu.debarre@snphare.fr