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Grève des médecins libéraux : « ce n’est pas le bon moment » ? Quand le système de santé s’effondre… (Communiqué)

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La grève des médecins libéraux, débutée le 26 décembre 2022, est dénoncée aujourd’hui par les tutelles comme « ne se déroulant pas au bon moment ». Dans un contexte de triple épidémie de bronchiolite, grippe et COVID, mettant davantage encore en tension un hôpital qui ne peut plus, depuis plusieurs mois, assumer sa mission de service sanitaire public et de lieu « ouvert à tous et à toute heure » et quand il n’y a plus d’autre solution sur le territoire, ces médecins ont-ils eu un autre choix, une alternative pour alerter la population ?

Est-ce vraiment un simple problème de calendrier, ou la conséquence d’une méthode gouvernementale fondée sur l’absence de dialogue social, respectueux de tous ? A l’heure où nous avons tous pleinement conscience de la complémentarité des systèmes libéraux de ville, hospitaliers et médico-sociaux pour la prise en charge de nos concitoyens, et où l’hôpital, débordant de patients du fait de ses missions de service public, ne peut pas se mettre en grève de manière visible, il s’agit de recentrer le débat : c’est tout le système de santé qu’il faut remettre à plat, et cela devient urgent.

Arrêtons les rustines, mêmes assorties du qualificatif de « pragmatiques ». Arrêtons les mesures prétendument d’urgence mais sans lendemain.

Arrêtons de suggérer comme seule solution immédiate la déprogrammation des patients, dont on sait les graves conséquences à moyen et long terme.

Arrêtons de créer des dissensions et des déceptions, par des mesures censées donner attractivité et fidélisation aux métiers de la santé… et qui sont en fait plus injustes les unes que les autres, et seulement palliatives.

Arrêtons de décrédibiliser les médecins en les sous-rémunérant, en les remplaçant subtilement et insidieusement par des professionnels moins diplômés. Arrêtons de tuer cette profession, qui finira par ne plus faire rêver les jeunes et régler définitivement le problème du numerus clausus, apertus… et bientôt « mortibus ».

Les médecins, après onze ans d’études difficiles, deux ou trois concours très sélectifs, se sentent trahis et abandonnés. Temps de travail, permanence des soins, déroulement des carrières, gouvernance hospitalière, tous ces sujets qui ne sont pas traités correctement sont des insultes au sacrifice de ces professionnels de santé. En ces périodes de fin d’année, l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est, encore plus que d’habitude, mis à mal : un juste retour sur investissement serait la moindre des reconnaissances de la République. Il faut valoriser l’engagement sans faille de tous ces professionnels – non seulement depuis trente mois, mais depuis toujours.

L’Etat ne peut plus se contenter de contempler la désorganisation chronique de notre système de santé – hôpital, médecine de ville, médico-social -, les pertes de chance pour les patients, les morts évitables, le désespoir des médecins et de tous les professionnels de santé. Il est de la responsabilité de l’Etat, du devoir des tutelles et des politiques de fournir une réponse médicale adaptée à chaque citoyen du territoire, en urgence comme pour une pathologie chronique, à toute heure du jour et de la nuit.

Action Praticiens Hôpital, union des intersyndicales Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux, demandent :

  • Que le mouvement des médecins libéraux soit pris à sa juste considération : il n’est que la face émergée de l’iceberg qu’est la déliquescence de notre système de santé
  • Que débute de toute urgence une grande concertation nationale, sous l’égide du Président de la République, associant tous les représentants légitimes des acteurs de santé du territoire, pour enfin oser mettre en place la grande réforme nécessaire du système de santé en France
  • Que les droits élémentaires des praticiens hospitaliers soient enfin reconnus :
    • Juste décompte du temps de travail
    • Ouverture du chantier de la permanence des soins des praticiens libéraux et publics: reconnaissance du samedi matin comme période de permanence des soins, rémunération des sujétions (600 euros nets pour une garde de praticien hospitalier, plafonnement à 400 euros nets pour une astreinte), intégration de la pénibilité de cette mission pour la retraite
    • Correction immédiate et rétroactive de l’inégalité de déroulement de carrière des praticiens hospitaliers : octroi des 4 ans d’ancienneté à tous les praticiens nommés avant le 1er octobre 2020
    • Réforme de la gouvernance médicale hospitalière permettant aux équipes de maîtriser leur outil de travail et d’instaurer une réelle démocratie dans leur fonctionnement, à l’image de la première vague COVID pendant laquelle notre système de santé a retrouvé une partie de son efficience.

Président AH Président APH – jf.cibien@sudf.fr 

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