Avec la fin de la primo-prescription jusqu’ici accordée aux médecins généralistes, le délai pour que les patients puissent être appareillés s’allonge de manière inquiétante. En cause, le délai d’obtention d’un rendez-vous chez le médecin ORL. C’est ce que démontre le récent sondage réalisé par le Syndicat des audioprothésistes. La primo-prescription des aides auditives par les médecins généralistes est un des moyens de poursuivre le bon déploiement et le succès du 100 % audiologie, en évitant les pertes de chance pour les patients présentant d’autres pathologies ORL.
Afin de pallier le déclin démographique des médecins ORL en France et de favoriser le déploiement du 100 % santé audiologie, les médecins généralistes étaient autorisés depuis 2018 à prescrire un premier appareillage. Cette dérogation a toutefois pris fin le 30 septembre dernier sans qu’aucune solution alternative n’ait été proposée aux patients par les pouvoirs publics.
Soucieux des éventuelles conséquences que la fin de cette dérogation fait peser sur les patients, le Syndicat des audioprothésistes (SDA) a réalisé en novembre 2022 un sondage auprès de ses adhérents afin d’évaluer l’accès aux ORL à présent. La comparaison des résultats avec le même sondage réalisé une première fois en 2018 est éloquente.
Parmi les enseignements que l’on peut tirer de ce sondage :
- L’obtention d’un rendez-vous à moins d’un mois devient significativement marginale. Ce délai concerne désormais seulement 8 % des rendez-vous, contre 48 % en 2018.
- A l’inverse, les rendez-vous dont le délai d’obtention dépasse les 3 mois est à de 61 %, contre 15 % en 2018. Pour 10% de ces rendez-vous, les 5 mois d’attente sont même dépassés.
- Les patients des petites agglomérations sont doublement pénalisés. En effet, plus le centre auditif est dans une petite ville, plus le délai est long : ainsi la possibilité d’obtenir un rendez-vous en moins de deux mois est fortement impactée, passant de 42% à 28%.
- Et plus le centre auditif est éloigné du médecin ORL, plus le délai augmente.
La prescription d’aides auditives ne représente pas une urgence selon les médecins ORL, en comparaison naturellement avec le dépistage des cancers des voies aéro-digestives supérieures, dits « cancers ORL », qui sont, avec 14 000 nouveaux cas par an, la 4ème cause de cancer en France, ou même la prise en charge des syndromes vertigineux aigus, cause fréquente de demandes de consultations en urgence.
Ces résultats témoignent dés lors de la nécessité que les patients puissent retrouver des délais d’accès raisonnables. C’est pourquoi il semble important de considérer la prolongation de la dérogation de la primo-prescription des aides auditives par les médecins généralistes, comme un des moyens de poursuivre le bon déploiement et le succès du 100 % audiologie, tout en évitant les pertes de chance pour les patients présentant d’autres pathologies ORL.
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