La santé des Franciliens
L’Observatoire régional de santé (ORS) en Île-de-France, département santé de L’Institut Paris Region, publie un panorama complet de la santé des Franciliens à partir des données les plus récentes et disponibles.
Pour Isabelle Grémy, directrice de l’Observatoire : « Ce bulletin de santé des Franciliens, au lendemain d’une crise sanitaire inédite, en montre ses effets à court terme, notamment sur l’espérance de vie, mais aussi la persistance et l’accentuation de problématiques de santé publique plus anciennes. Si l’Île-de-France résiste mieux sur certaines pathologies, la diversité de ses territoires, très inégaux socioéconomiquement et en matière d’environnement, met en lumière des situations de santé bien différentes. La crise du Covid 19 passée, les indicateurs de santé pré et post crise doivent alerter les décideurs sur les évolutions actuelles. »
Organisé en neuf chapitres, ce bulletin de santé des Franciliens montre notamment que :
L’effet Covid sur l’espérance de vie des Franciliens est spectaculaire. Non seulement celle-ci a reculé en moyenne de 1,4 an pour les femmes et de 1,8 an chez les hommes en 2020, mais la pandémie a aussi creusé les inégalités territoriales. Par exemple, en 2019, l’espérance de vie était de 82,6 ans chez les hommes des Hauts-de-Seine (niveau le plus élevé) et de 80 ans en Seine-Saint-Denis (le plus bas), soit un écart de 2,6 ans. En 2020, cet écart était de 3,9 ans !
L’obésité massive gagne du terrain. Si la proportion d’adultes en surcharge pondérale (obésité incluse) est restée stable entre 2017 et 2021 en Île-de-France (29,3% en surpoids et 13,3% en obésité), on observe une tendance à l’augmentation de l’obésité massive (IMC ≥ 40). Notons que la Région capitale fait globalement mieux que le reste de la France.
La santé des jeunes est préoccupante. On enregistre un niveau élevé de plaintes somatiques et psychiques chez les collégiens et les lycéens. Raisons invoquées ? Le stress lié au travail scolaire (30 %), le cyberharcèlement (6 %) ou le harcèlement scolaire (5 %). Déjà avant la crise sanitaire, le risque de dépression touchait près d’un quart des Franciliens de 17 ans, particulièrement les filles. Les troubles du sommeil touchent de très nombreux jeunes : 17,8 % des adolescents sont insomniaques, 40 % en restriction de sommeil, 20 % en privation de sommeil.
Pas de ruée post-crise sur les psychotropes, comme on pouvait le craindre. La consommation quotidienne d’alcool a baissé entre 2017 et 2021, même si le « binge drinking » (au moins 6 verres) s’ancre chez les jeunes Franciliens : 20% des moins de 35 ans le pratiquent au moins une fois par mois. Quant à la consommation de cannabis, elle est restée stable entre 2017 et 2021.
La santé mentale manque d’offre de soins. On a assisté à une très forte augmentation de la prévalence des épisodes dépressifs caractérisés entre 2017 et 2021 en Île-de-France, probablement en lien avec la crise sanitaire et notamment chez les jeunes, les personnes seules ou ayant de faibles revenus. Pour la première fois, les troubles de santé mentale sont identifiés comme première cause de mortalité maternelle. Or, l’offre de soins en santé mentale est particulièrement déficiente, avec des taux d’hospitalisation extrarégionaux importants et une démographie de psychiatres libéraux concentrée dans l’hyper centre.
Le vieillissement doit être davantage anticipé. En 2021, 43 % des Franciliens de plus de 60 ans se perçoivent en mauvais état de santé, 60 % ont des pathologies chroniques, 37 % rapportent des difficultés dans leur quotidien, et 13 % des difficultés sévères. La Région doit faire face dans les années à venir à l’accroissement attendu du nombre de personnes âgées dépendantes, une prévalence accrue des maladies neuro-dégénératives ou une augmentation des risques de chutes. La qualité des soins en fin de vie est insuffisante : six Franciliens décédés sur dix auraient eu besoin de soins palliatifs afin de soulager leurs souffrances.