Dans un courrier daté du 31 mars 2023, François Braun, Ministre de la Santé et de la Prévention, a partagé à Jeunes Médecins, et plusieurs autres organisations syndicales, sa « feuille de route » jusqu’à l’été, et il y a de quoi désespérer !
Dans la droite lignée de toutes les prises de positions politiques de ce Ministère, et alors que la crise structurelle du système de santé n’en finit pas de s’aggraver, François Braun continue à annoncer qu’il n’annoncera rien pour le moment (une bonne manière de repousser la prise de décisions, notamment budgétaires) !
Au contraire, pour lui, l’application de la loi Rist (limitant l’intérim médical) à partir de ce 3 avril, doit être « le temps de la réflexion sur les enjeux de l’attractivité des métiers soignants et de la fidélisation des médecins à l’hôpital ». Il annonce ainsi une nouvelle série de concertations avant l’été (sur la permanence des soins, sur la fin de carrière, sur l’évolution des carrières et sur les conditions de travail) qui viennent rajouter trois mois aux six mois de concertation du Conseil national de la refondation (CNR) en Santé lancé en octobre dernier, et dont on ne connait toujours aucune des conclusions.
À noter, les praticiens temps partiel, pourtant plébiscités durant toute la mandature passée, ne semblent pas être inclus à cette réflexion.
Et c’est sans aucun souci de la contradiction que le Ministre affirme dans le même courrier qu’« il est aujourd’hui nécessaire de franchir une nouvelle étape pour ces praticiens hospitaliers qui choisissent l’hôpital », un constat totalement déconnecté de l’urgence avec laquelle les organisations syndicales pressent le Ministère d’agir depuis plus de trois ans, et les graves oublis du Ségur de la santé !
Il y a quelques jours, François Braun, invité d’un débat télévisé, a rappelé l’importance de « dire la vérité aux gens ». Chiche !
La vérité, c’est que le Ministre connait toutes les propositions et revendications que les organisations syndicales ont déjà mis sur la table pour endiguer la crise de l’hôpital public, et qu’il n’en fait volontairement rien !
La vérité, c’est que le Ministère agit dans une totale impréparation : il limite drastiquement l’intérim médical, mais ne prend dans le même temps aucune mesure capable de compenser l’absence de médecins dans des hôpitaux qui se sont vidés de leur personnel année après année et n’a prévu aucune solution aux services hospitaliers qui risquent de fermer du fait de cette pénurie.
La vérité, c’est que sur trois pages de courrier, le Ministre n’a pas un mot pour la jeune génération de praticiens. Les internes, les docteurs juniors, les assistants, les CCA, les praticiens contractuels, aucun de ces statuts n’est cité et aucune des mesures nécessaires à l’amélioration de leurs conditions de travail préoccupantes n’est annoncée : quid de la revalorisation des rémunérations de la jeune génération, quid du décompte et du respect du temps de travail, quid de la revalorisation des astreintes, quid de l’accès à l’IESPE pour les praticiens contractuels ?
La vérité, c’est que la permanence des soins assurée par le personnel soignant la nuit et les week-ends est toujours mal payée. La vérité, c’est que le personnel paramédical manque terriblement à nos côtés et cette pénurie s’ajoute à la pénurie médicale et contribue à la fermeture des lits d’hôpitaux. La vérité, c’est que les médecins étrangers à diplôme hors Union européenne continuent à attendre la reconnaissance de leur implication dans nos hôpitaux. La vérité c’est que les établissements de santé sont de nouveau soumis à des contraintes financières (auxquelles veillent les ARS) qui grèvent les ambitions et les projets des équipes médicales et des directions administratives.
Pas besoin de 3 nouveaux mois de concertation pour trouver des solutions et afficher des ambitions claires pour toutes les générations de médecins, et plus encore pour celle qui peine à s’engager dans une carrière hospitalière !
Ainsi, Jeunes Médecins appelle à ce que s’ouvre parallèlement à la concertation relative au statut de praticien hospitalier, une même concertation sur les statuts d’interne, docteur junior, assistant, CCA et praticien contractuel, à laquelle il s’associera.
Sans cette prise de conscience de la situation des jeunes médecins, Jeunes Médecins appellera à une journée « sans jeunes médecins » le vendredi 28 avril prochain, pour rappeler à ce Ministère l’importance que des annonces rapides soient faites pour ces grands oubliés.
Contacts presse :
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