Sur RMC ce matin, le ministre de la santé François Braun a minimisé la réalité des pénuries de misoprostol, pilule nécessaire à l’IVG, médicamenteuse ou non. S’il est sorti du silence qu’il opposait depuis des semaines aux alertes des acteurs de terrain confrontés aux difficultés d’accès à ce médicament, c’est donc pour s’asseoir sur les témoignages.
Le ministre a concédé des « tensions » sur le misoprostol. Mais ce terme, institutionnel, ne permet pas de décrire la réalité de la disponibilité d’un médicament sur un territoire donné, à un moment donné. Une pénurie ne signifie pas nécessairement une absence totale et définitive d’un produit de santé sur l’ensemble du territoire, mais peut être : soit son contingentement, soit une indisponibilité de fait sur un territoire donné. Il est inacceptable qu’un médicament aussi important soit indisponible, ne serait-ce qu’une semaine. C’est ce qui est arrivé et qui arrive encore avec cette pilule.
Le ministre promet un retour à la normale rapide. Comment le croire alors que les mêmes promesses rassurantes qu’il avait faites à propos du paracétamol ou de l’amoxicilline se sont avérées fausses ? Le 23 octobre, sur BFMTV, François Braun affirmait qu’il y aurait assez de paracetamol pour l’hiver. Le 20 novembre au Grand Jury RTL, il assurait d’un retour à la normale dans les semaines à venir. Le 5 janvier sur France 2, il promettait un retour à la normale « très vite », comme on peut le voir sur cette vidéo.
Le ministre de la santé et de la prévention n’a pas expliqué les mesures prises sur le terrain pour éviter le pire dans les quinze prochains jours, le temps que le retour à la normale qu’il promet se traduise localement. Il n’a pas non plus présenté de solutions sur le long terme, comme une relocalisation publique, coordonnée au niveau européen, pour garantir la sécurité sanitaire et l’accès à l’IVG. Les problèmes de disponibilité ne sont pourtant pas nouveaux, et s’aggraveront si rien n’est fait. Déjà, en mai 2020, le Haut Conseil à l’Égalité Hommes-Femmes alertait sur la vulnérabilité accrue de la chaine d’approvisionnement des pilules abortives, liée à la concentration de la production.
Qu’est-ce qui a été fait depuis ? Qu’est-ce que le gouvernement entend faire maintenant ?
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