Santé publique France vient de publier le BEH n°14.
Ce numéro est composé de trois articles :
- Surveillance des arboviroses en France métropolitaine : nette augmentation des cas de dengue autochtone en 2022. Clémentine Calba (Santé publique France-Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille) et coll.
Le moustique Aedes albopictus, implanté en France métropolitaine depuis 2004, ne cesse d’accroître son aire de répartition. Pour limiter le risque de transmission autochtone des arbovirus qu’il peut transmettre (dengue, chikungunya et Zika), une surveillance des cas, importés et autochtones, est mise en place depuis 2006. La surveillance repose sur la déclaration obligatoire des cas documentés biologiquement. Elle est renforcée entre mai et novembre notamment par l’analyse de données de laboratoires permettant d’identifier les cas non déclarés et oriente l’application de mesures de contrôle (lutte anti-vectorielle).
En 2022, 378 cas importés de dengue, 23 de chikungunya et six de Zika ont été notifiés en France métropolitaine. Neuf épisodes de transmission autochtone de dengue totalisant 66 cas ont été documentés : cinq épisodes en Occitanie (12 cas), trois en Provence-Alpes-Côte d’Azur (52 cas) et un en Corse (deux cas). Six de ces épisodes sont survenus dans des départements où aucun cas autochtone n’avait été rapporté auparavant.
La survenue de cas de dengue autochtone est dorénavant un phénomène attendu dans le sud de la France mais la situation a été exceptionnelle en 2022 : augmentation du nombre d’épisodes, de leur intensité et des zones géographiques concernées. La multiplication des épisodes et l’extension de leur distribution géographique pourraient mettre en péril la viabilité du dispositif. Le maintien de la capacité à limiter la transmission autochtone des arboviroses nécessite l’implication soutenue des acteurs de la surveillance, de la prévention et du contrôle, une attention aux ressources nécessaires au dispositif et l’anticipation de foyers plus importants.
- Participation au programme de dépistage organisé du cancer du sein entre 2005 et 2021 en France. Agnès Rogel (Santé publique France, Saint-Maurice) et coll.
L’objectif de cet article est de décrire les variations temporelles et géographiques des taux de participation au programme national de dépistage organisé du cancer du sein depuis sa généralisation à l’ensemble du territoire français en 2004-2005, en décrivant les tendances récentes, aux niveaux national, régional et départemental.
Le taux de participation est défini comme le nombre de femmes de 50 à 74 ans ayant effectué un dépistage sur chaque période étudiée, fourni par les centres régionaux de coordination des dépistages des cancers, rapporté à la population cible issue de l’Institut national de la statistique et des études économiques. La participation à ce programme est faible en France et diminue depuis le début des années 2010. Elle a été impactée par la pandémie récente. Au niveau national, après avoir augmenté jusqu’en 2012 pour atteindre un pic autour de 52%, elle était en diminution pour atteindre 48,5% en 2019. Au cours de l’année 2020, elle a chuté à 42,6%, puis a remonté à 50,6% en 2021. Si la participation de l’année 2021 a en partie compensé le déficit de l’année 2020, celle de la période 2020-2021 reste inférieure à celle de la période 2018-2019. Au niveau territorial, on observe un gradient géographique depuis la mise en place du programme avec les niveaux de participation les plus élevés sur un axe allant de la Bretagne à la région Auvergne-Rhône-Alpes et une participation très faible en Île-de-France et dans le Sud-Est.
En France, malgré l’existence d’un programme de dépistage organisé du cancer du sein, des mammographies peuvent également être réalisées en dehors de celui-ci, mais cette activité est difficilement mesurable. Dans ce contexte, il est urgent de disposer de données fiables pour quantifier les pratiques de dépistage hors programme afin d’avoir un panorama complet du recours global au dépistage du cancer du sein, tant en termes de variations temporelles que géographiques.
- Premiers indicateurs de performance du programme de dépistage du cancer colorectal (participation, tests non analysables, tests positifs). Évolution depuis 2010 et focus sur les années Covid 2020-2021 en France. Cécile Quintin (Santé publique France, Saint-Maurice) et coll.
Le programme de dépistage organisé du cancer colorectal (DOCCR) a été généralisé en France en 2008-2009. La recherche de sang occulte dans les selles permet de détecter et de traiter des lésions précoces. L’objectif de cet article est de décrire les premiers indicateurs de performance du programme pour la période 2020-2021 marquée par la pandémie de Covid-19 avec des éléments de tendances depuis 2010.
Calculé chaque année à partir des données des centres régionaux de coordination des dépistages des cancers, le taux de participation est le rapport entre le nombre de personnes ayant réalisé un test de dépistage et la population éligible. La proportion de personnes avec un test non analysable non refait est le rapport entre le nombre de personnes dont le dernier test réalisé dans l’année est un test non analysable et le nombre personnes ayant réalisé un test de dépistage. Enfin, la proportion de personnes avec un test positif est le rapport entre le nombre de personnes ayant réalisé un test dont le résultat est positif et le nombre de personnes ayant réalisé un test analysable.
Pour la période 2020-2021, marquée par la pandémie de Covid-19, le taux de participation au programme DOCCR, atteint 34,6% au niveau national. La proportion de tests non analysables non refaits est de 3,5% et la proportion de tests positifs de 3,6%.La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid en 2020 puis en 2021 ne semble pas avoir eu de conséquence importante sur la participation au programme DOCCR à l’échelle nationale.