Depuis l’irruption de la télémédecine dans le paysage médical, MG France n’a pas cessé de dénoncer les dérives possibles de ces dispositifs trop souvent vus comme des solutions simples au problème de la démographie médicale en berne.
Plébiscitée par les responsables politiques successifs qui ont voulu croire que la technologie pouvait pallier la chute des effectifs médicaux qu’ils n’ont su enrayer, la téléconsultation a surtout permis le développement d’une offre commerciale souvent couteuse et qui n’apporte le plus souvent aucun bénéfice au système de santé.
Les CPAM d’Ile de France ont diligenté une enquête comparant les téléconsultations pratiquées par des médecins généralistes traitants et celles effectuées au sein des plateformes dédiées à cet usage.
Cette étude montre que les téléconsultations « plateforme » ont été pratiquées à 82% au bénéfice de patients de 16 à 39 ans, quand celles effectuées par les médecins libéraux ne le sont qu’à 51,8%.
De plus 90% des téléconsultations de plateforme le sont pour des patients n’ayant pas d’ALD (affection longue durée).
Les principaux « bénéficiaires » de ces téléconsultations ne sont donc pas les patients âgés polypathologiques n’ayant plus de médecin traitant comme on a voulu nous le faire croire.
Au-delà de la cible, manifestement ratée, ces actes sont également très couteux : 26% des actes sont en effet facturés avec des majorations de nuit ou de dimanche. Sauf lorsque la caisse diligente des contrôles sur ces facturations, comme dans le 93 où ce taux a miraculeusement chuté à … 5,2% (soit 5 fois inférieur).
Ces contrôles ont donné lieu à une récupération d’indus de plus de 1M d’€ pour la seule CPAM de seine Saint Denis. Soulignons que la France compte 102 CPAM…
Quand aux prescriptions, les téléconsultations de plateforme conduisent à des prescriptions d’antibiotiques 2,5 fois plus fréquentes que celles des généralistes (14,7% versus 5,8%).
Enfin 17% des téléconsultations de plateforme sont doublées d’une nouvelle consultation dans la semaine suivante alors que ce n’est le cas que pour 12% des téléconsultations des médecins généralistes. Cette seconde consultation est 6 fois sur 10 présentielle.
MG France constate sans surprise ces chiffres et demande que cette étude soit étendue et reproduite dans toutes les régions.
La téléconsultation n’est qu’un outil, qui doit être à la disposition du médecin généraliste traitant et de ses patients.
Comme c’était prévisible, son usage débridé hors du cadre du parcours de soin, que ce soit au sein d’une plateforme, dans la télécabine d’une gare, d’un supermarché ou d’une officine constitue trop souvent un mésusage des fonds publics comme des effectifs médicaux.
A l’heure de négociations conventionnelles où efficience et pertinence des recours aux des ressources, semblent être les maîtres-mots, laisser perdurer ce mésusage du système de santé en place serait incompréhensible.
Dès lors que l’Assurance Maladie a objectivé elle-même ce que nous n’avons eu de cesse de dénoncer, MG France appelle une nouvelle fois et de toute urgence à à une régulation forte des pratiques de téléconsultations.