Il y a peu de temps alors que débutait une pandémie le Président de la République nous parlait de guerre à gagner. La pandémie est passée et elle a permis de constater que dans des conditions exceptionnelles le système de santé et en particulier les médecins libéraux étaient capables de s’adapter et de faire face dans des conditions souvent difficiles.
Actuellement il ne s’agit plus de guerre mais d’un immense défi qui est celui de l’accès aux soins de nos compatriotes.
La situation devient de plus en plus dramatique avec des patients ayant des pathologies chroniques qui ne sont plus suivies, des patients qui s’entendent dire qu’on ne prend plus de nouveau patient sans compter un système hospitalier qui n’arrive plus à remplir ses missions avec en premier lieur de très nombreuses fermetures de services d’accueil des urgences. Nos élus s’agitent et portent des propositions de loi supposées favoriser l’accès aux soins mais, qui en instillant de la coercition et en stigmatisant les médecins, vont aggraver le problème. La crise du système de santé est le fruit de l’inconséquence des politiques publiques depuis 50 ans avec en premier lieu un numérus clausus absurde qu’on a mis en place pour faire des économies. Il est des économies qui coutent cher.
Aujourd’hui le système de santé ne peut être sauvé que par la mobilisation générale des professionnels de santé et en premier lieu de la mobilisation générale des médecins.
Cette mobilisation générale nécessite deux conditions :
- Une demande forte venant du plus haut sommet de l’Etat qui demande cette mobilisation et qui atteste que nous avons besoin de tous les médecins.
- Une reconnaissance par l’Etat de la valeur ajoutée de l’expertise médicale pour nos concitoyens dans le cadre d’un pacte social conservé mais adapté.
Il faut arrêter de dire que les médecins sont un problème dans l’accès aux soins alors qu’ils doivent être la solution.
Cette mobilisation générale doit permettre aux médecins de s’organiser pour construire un mode d’activité innovant pour favoriser l’accès aux soins :
- Augmenter le nombre de patients différents vus par les médecins, en particulier par les médecins spécialistes avec un acte d’expertise médicale mieux valorisé mais moins fréquent (augmentation de la file active), favoriser la délégation de tâche en particulier avec les IPA (il faut favoriser leur formation), favoriser la coopération dans les territoires avec en particulier les ESS, aider les professionnels de santé à adapter leur immobilier à des activités nouvelles avec si besoin l’intervention des collectivités locales.
- La convention médicale en cours de négociation doit être le signal de cette mobilisation générale : si les médecins libéraux et leurs syndicats représentatifs sont entendus, si l’expertise médicale est reconnue à sa juste valeur et si les médecins peuvent avec cette convention s’organiser dans leurs entreprises médicales, ils verront plus de patients différents et l’accès aux soins sera favorisé.
Pour que cette négociation soit une pleine réussite il faut donner les moyens aux négociateurs de réussir cette mobilisation générale en envoyant un signal fort à tous les médecins libéraux. Une convention ne peut pas être dictée par le ministère des finances. La santé des Français est une chose trop sérieuse pour être laissée à la main de Bercy. Parce que les Spécialistes CSMF sont libéraux et responsables ils savent que la qualité et la pertinence des pratiques doivent être un des moyens d’aider à réorienter des dépenses vers la prise en charge des patients.
La lettre de cadrage du Ministre le rappelait il faut un choc d’attractivité et j’ajouterai de simplification. Le Président de la République doit s’adresser directement aux médecins pour leur dire que la France a besoin d’eux et qu’il leur donne les moyens de remplir leur mission dans une déclaration de mobilisation générale.
Docteur Bruno Perrouty
Président Les Spécialistes CSMF