La Conférence des Doyens (CDD) a fait part la semaine dernière, dans une lettre adressée au ministère, de ses positions sur la maquette du Diplôme d’Études Spécialisées (DES) de Médecine Générale en quatre ans, allant à l’encontre des volontés exprimées par les internes.
Depuis longtemps nous défendons l’instauration d’un stage libre de six mois ajustable au projet professionnel de chaque interne, grâce au couplage du stage en santé de la femme et celui en santé de l’enfant, toujours selon les volontés des internes de Médecine Générale. La nouvelle maquette parue le 3 août 2023 par arrêté a finalement accédé à cette revendication.
Pourtant, la Conférence des Doyens émet des réserves quant à cette nouvelle maquette, pointant du doigt le risque de carence dans notre formation en pédiatrie. Nous tenons à rappeler à Messieurs et Mesdames les Doyens et Doyennes qu’un tel terrain de stage s’ajoute à deux semestres ambulatoires en phase socle et d’approfondissement, au cours desquels les internes apprennent également la santé de l’enfant, leur permettant d’acquérir les compétences nécessaires à la prise en charge pédiatrique en ambulatoire.
Par ailleurs, le stage libre peut être effectué en pédiatrie pour tout interne le jugeant nécessaire. À l’ère de la remise en question du modèle hospitalo-centré, nous jugeons rétrograde de maintenir dans les hôpitaux des internes de Médecine Générale dont la pratique future sera très largement ambulatoire.
Bien qu’il soit logique que les internes effectuent une partie de leur formation à l’hôpital, afin d’en comprendre le fonctionnement et d’avoir accès à des pathologies spécifiques plus complexes, la majeure partie de notre phase socle et phase d’approfondissement y est déjà consacrée. Par ailleurs, nous soutenons la réalisation de six mois de stage en hospitalier pendant la phase de consolidation si un interne le juge pertinent pour son projet professionnel, puisque celle-ci se doit d’être professionnalisante en se rapprochant de l’exercice futur de chaque interne.
Il est important de souligner une nouvelle fois que le DES de Médecine Générale n’a pas vocation à combler à bas coût un manque de professionnels de santé dans les services hospitaliers, mais à former les futurs médecins généralistes dont nous avons urgemment besoin. La pression subie par les services hospitaliers ne peut plus justifier l’utilisation des internes en Médecine Générale comme mesure palliative aux manques de moyens humains.
Par ailleurs, en s’opposant à la mise en place d’une rémunération à l’acte que nous revendiquons, la CDD s’oppose en réalité à une mesure ambitieuse pour l’amélioration de la qualité de vie des internes, laissant penser qu’elle ne souhaite pas voir évoluer notre statut. La création d’un nouveau statut de Docteur Junior Ambulatoire (DJA) de Médecine Générale doit être vecteur d’attractivité pour notre spécialité. Si les membres de la CDD mettaient autant d’énergie à redorer l’hôpital de demain, plutôt qu’à déconstruire les tentatives de création d’une Médecine Générale attractive, ce nouveau statut ne saurait faire de l’ombre à celui déjà existant.
La grande majorité des internes demandent cette rémunération avec une part fixe et une part variable modulée à l’acte. Si cette innovation en matière de rémunération encourage les internes d’autres spécialités à œuvrer pour faire évoluer le modèle actuel du Docteur Junior, nous ne pouvons que nous en féliciter.
Rappelons également à la CDD, qui se veut formellement opposée à ce que la rémunération d’un enseignant (Maître de Stage Universitaire) puisse dépendre de l’activité d’un étudiant, que ceci existe déjà et ce dès la phase d’approfondissement avec le stage en autonomie supervisée (SASPAS).
Les positions de la CDD traduisent leur attachement à un modèle conservateur, injuste et obsolète, ne faisant que démontrer le détachement et le manque de connaissance de nos Doyens et Doyennes concernant la formation et l’exercice de la spécialité de Médecine Générale. Ainsi, nous les invitons à écouter les médecins de demain : sortons de cette vision fermée et rétrograde pour enfin avancer vers une formation en Médecine Générale innovante et attractive.
Contacts :
- Pour le SNEMG, Philippe SERAYET, Président, philippe.serayet07@gmail.com
- Pour l’ISNAR-IMG, Florie SULLEROT, Présidente, president@isnar-img.fr
- Pour l’ANEMF, Jérémy DARENNE, Président, presidence@anemf.org
Avec le soutien de ReAGJIR, la CSMF, la FMF, MG France, Avenir Spé, Le Bloc, le SML, l’UFML-S et le collectif Médecins pour demain