La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) révise les données issues du modèle Lieux de vie et autonomie (LIVIA). Ces données permettent de réaliser des projections du nombre de personnes âgées de plus de 60 ans entre 2015 et 2050. Elles sont ventilées par sexe, tranche d’âge, niveau de perte d’autonomie et lieu de vie.
Qu’est-ce que le modèle Livia ?
Le modèle Livia été développé à partir du modèle EP24 – Projections de personnes âgées dépendantes, issu d’un travail commun entre la DREES et l’Insee, qui avait été mobilisé pour les projections rendues publiques en 2019 (Larbi et Roy, 2019). Ces projections de personnes dépendantes reposent sur des projections d’espérance de vie sans dépendance, qui ont fait l’objet d’une correction. Par ailleurs, les analyses les plus récentes sur les gains d’espérance de vie et d’espérance de vie sans incapacité conduisent à proposer de nouveaux scenarii plus pertinents pour les projections de personnes âgées dépendantes.
Les projections du modèle Livia
Le modèle Livia permet de répartir les personnes âgées en perte d’autonomie dans trois lieux de vie (Ehpad, résidence autonomie et ménage ordinaire), et d’avoir des projections de personnes âgées dépendantes bénéficiaires de l’APA (sous une hypothèse de recours similaire à celui observé aujourd’hui) en plus de projections à partir d’une définition « épidémiologique » de la dépendance.
Le modèle LIVIA peut être utilisé de deux façons :
– soit en raisonnant à comportements d’entrée en institution inchangés par rapport à ceux observés aujourd’hui : le modèle permet alors de projeter le nombre de places en Ehpad et en résidence autonomie qui seront nécessaires pour tenir compte des évolutions démographiques (scénario 1) ;
– soit en raisonnant à partir d’un objectif sur le nombre de places en Ehpad à l’avenir : le modèle permet alors de quantifier le besoin de report d’une partie des personnes âgées en perte d’autonomie vers un accompagnement à domicile et/ou en résidence autonomie (scénarios 2 et 3).
La population âgée de 60 ans ou plus en 2030 atteindra 21 millions de personnes en France
En 2030, 21 millions de seniors de 60 ans ou plus vivront en France, soit 3 millions de plus qu’en 2019. Selon le modèle LIVIA de la DREES, et dans l’hypothèse (dite « intermédiaire ») où l’espérance de vie sans perte d’autonomie augmenterait d’autant d’années que l’espérance de vie globale, le nombre de seniors en situation de dépendance augmente de 384 000 entre 2019 et 2030. Dans l’hypothèse (dite « optimiste ») où, comme sur la période récente, les gains d’espérance de vie sans incapacité seraient un peu supérieurs aux gains d’espérance de vie totaux, cette augmentation serait de 325 000.
Sous l’hypothèse où l’espérance de vie sans perte d’autonomie augmenterait d’autant d’années que l’espérance de vie globale, conserver les pratiques actuelles d’entrée en institution des personnes âgées en perte d’autonomie supposerait de quadrupler dans la durée le rythme d’ouverture de places observé depuis 2015, afin d’accueillir 104 000 résidents supplémentaires en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) entre 2019 et 2030, puis encore 205 000 entre 2030 et 2050, qui viendraient s’ajouter aux 619 000 résidents sur les places existantes.
Cependant, favoriser le maintien à domicile et limiter les places en Ehpad, pourrait entraîner le report d’une partie des seniors vers des formes d’habitat intermédiaire entre les logements ordinaires et les Ehpad, comme les résidences autonomie. Le nombre de personnes en résidence autonomie, qui s’élève actuellement à un peu plus de 100 000, devrait alors être multiplié par 1,5 à 2,5 en 2030 par rapport à aujourd’hui, selon les scénarios d’évolution du nombre de places en Ehpad retenus. Les Ehpad se concentreraient alors sur l’accueil des seniors les plus dépendants.