La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude sur l’adaptation des capacités d’accueil en soins critiques pendant la crise due au Covid-19. S’appuyant sur les données issues de l’enquête statistique annuelle des établissements de santé (SAE) et sur le programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI), cette étude analyse l’évolution du nombre de lits en soins critiques et plus particulièrement en réanimation, entre fin 2019 et fin 2022, afin de faire face à l’afflux de patients atteints de Covid-19.
La statistique annuelle des établissements de santé (SAE) est une enquête annuelle exhaustive et obligatoire auprès de l’ensemble des hôpitaux publics et des établissements d’hospitalisation privés en France (France métropolitaine et départements et régions d’outremer [DROM]).
Cette enquête permet de recueillir, pour chaque établissement et pour chaque autorisation d’activité de soin, des informations sur leur activité, leurs capacités, leurs équipements, et leurs personnels médicaux et non-médicaux. Le nombre de lits mesuré dans cette enquête est celui au 31 décembre de l’année.
Le programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) est un système d’information mis en place par l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH). Il recueille, pour chaque séjour, des informations sur les caractéristiques des patients et des séjours, sur les actes réalisés ainsi que sur les diagnostics.
Un nombre de lits en réanimation qui reste supérieur fin 2022 par rapport à fin 2019
Depuis mars 2020, l’offre de soins critiques a été profondément affectée par la crise sanitaire. L’augmentation du nombre de lits en soins critiques s’est fortement accentuée en 2020 (+3,6 %) pour faire face à la crise sanitaire due au Covid 19, par rapport à la période 2013-2019 (+1,1 % par an en moyenne). Fin 2022, les établissements de santé français comptent 19 740 lits de soins critiques, se répartissant au sein de trois types d’unités définies à partir de la gravité de l’état de santé des patients : la réanimation, les soins intensifs et la surveillance continue.
L’évolution du nombre de lits diffère cependant selon les types d’unités, du fait notamment de réorganisations internes pour faire face aux contraintes spécifiques de la crise sanitaire. Ainsi, le nombre de lits en réanimation, qui avait stagné entre 2013 et 2019 (+0,1 % par an en moyenne), a augmenté de 14,5 % en 2020, passant de 5 420 lits à la fin de l’année 2019 à 6 210 au 31 décembre 2020, soit 790 lits supplémentaires dont 420 lits ouverts dans des unités avec autorisation temporaire pour Covid-19.
Les années 2021 et 2022 sont marquées par un recul du nombre de lits de réanimation, respectivement -3,8 % et -4,6 %, répercussion d’une importante baisse du nombre de séjours dans les unités de ce type. Fin 2022, le nombre de lits en réanimation reste néanmoins supérieur à ce qu’il était en 2019.
Des autorisations temporaires en réanimation pour faire face à la crise sanitaire
Les besoins en lits de réanimation ont fluctué de manière inédite au cours de la crise sanitaire due au Covid 19, caractérisée par une succession d’afflux ponctuels et massifs de patients au cours des différentes vagues épidémiques.
Lors de la première vague (du 1er mars au 5 juillet 2020), le nombre de patients en réanimation a atteint un pic de 9 200 patients, soit un niveau près de deux fois plus élevé que le nombre maximal constaté depuis 2013. Au cours de la période 2020-2022, les patients atteints de Covid-19 représentent 11,3 % des personnes prises en charge et 21,1 % des journées d’hospitalisation en réanimation adulte.
En infra-annuel, la proportion de patients malades du Covid-19 a atteint jusqu’à 60,9 % des patients en service de réanimation début avril 2020 et 50,0 % en avril 2021. Des autorisations temporaires en réanimation ont été délivrées afin de faire face à ce surplus de patients. Sur l’ensemble de la période 2020-2022, les services avec une autorisation temporaire ont pris en charge 2,0 % des patients en réanimation, une proportion qui s’est élevée à 5,5 % début avril 2020 et 4,1 % en avril 2021.
Une saturation des capacités habituelles en réanimation
Avant la crise sanitaire, et malgré la quasi-stagnation du nombre de lits, le taux d’occupation en réanimation avait légèrement baissé entre 2013 et 2019, passant de 89,1 % à 88,4 %. En 2020, la hausse du nombre de lits permet de compenser le surcroît d’activité et le taux d’occupation n’augmente que légèrement sur l’année, pour atteindre 89,2 %. Il augmente en revanche très fortement en 2021, où il atteint 94,9 %, avant de décroître de nouveau.
En 2022, le nombre de séjours baisse plus fortement que le nombre de lits et le taux d’occupation atteint ainsi le niveau historiquement bas de 85,6 %.
Une forte fluctuation des besoins en lits de réanimation à partir de mars 2020 et des disparités régionales
Les taux d’occupation annuels et nationaux ne reflètent que partiellement les tensions exercées sur les capacités en réanimation pour adultes, qui présentent d’importantes disparités infra-annuelles et régionales. Fin mars 2020, le nombre de lits nécessaires a ainsi représenté 140 % du nombre de lits disponibles au 31 décembre de l’année précédente au niveau national, allant jusqu’à 250 % pour la région Île-de-France et 226 % pour la région Grand Est, tandis que les vagues suivantes ont fortement impacté l’ensemble du territoire.
Les départements et régions d’outre-mer (DROM) ont été touchés plus tardivement et plus intensément par rapport à leurs capacités initiales que ceux situés en France métropolitaine, avec des vagues épidémiques plus marquées à partir de 2021.
Des taux d’occupation en surveillance continue et en soins intensifs en baisse depuis 2020
La progression régulière du nombre de lits en surveillance continue et en soins intensifs entre 2013 et 2019 s’est interrompue avec la crise sanitaire, du fait de la requalification d’une partie d’entre eux en lits de réanimation. Les capacités d’accueil dans ces unités continuent depuis à stagner ou baisser légèrement. Ces évolutions ne reflètent que partiellement la baisse d’activité et les taux d’occupation dans ces deux types d’unités ont baissé entre 2019 et 2022.