Le jeudi 14 mars, le CEFIEC a organisé un séminaire dédié à la transformation des formations infirmières et à l’avenir de la profession. L’événement a réuni les principaux protagonistes de cette transformation pour échanger quant aux enjeux et aux défis de cette évolution majeure.
La matinée a débuté par une table ronde rassemblant les acteurs majeurs de cette transformation, notamment Catherine Naviaux Bellec, Directrice des Soins et conseillère pédagogique nationale à la DGOS, Christine Ammirati, cheffe adjointe du pôle de médecine d’urgence du CHU Amiens-Picardie et professeure des universités, Pauline Bourdin, présidente de la FNESI, MalorieDupont, Vice-Présidente en charge de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Orientation de la FNESI, Patrick Chamboredon, président de l’Ordre National des Infirmiers, et Michèle Appelshaeuser, présidente du CEFIEC.
En ouverture, Michèle Appelshaeuser a souligné l’importance de la réforme, rappelant les engagements du ministère de la Santé en 2023 pour une évolution de la profession infirmière. La présidente du CEFIEC a insisté sur la nécessité de renforcer les compétences des infirmiers pour garantir un accès équitable aux soins dans un contexte de raréfaction de la démographie des professionnels de santé et d’évolution des pratiques médicales.
Michèle Appelshaeuser a également rappelé que la refonte de la formation infirmière, s’appuiera sur cadrage national précisant les principes suivants : 3 ans menant à l’obtention du Diplôme d’Etat ouvrant droit au grade licence, délivré par les présidents des universités.
Transformer les métiers du soin et la formation
Les intervenants ont souligné l’importance de cette transformation pour répondre aux défis actuels du système de santé.
Pour Catherine Ammirati, la transformation des métiers de santé est un impératif majeur soulignant l’importance de considérer cette transformation dans une perspective d’évolution de carrière tout au long de la vie. Elle a rappelé que l’un des enjeux cruciaux de l’attractivité des métiers de santé réside dans la capacité à offrir une vision claire et des perspectives d’évolution de carrières, en particulier à travers le schéma LMD (Licence, Master, Doctorat).
Cette approche, selon Catherine Ammirati, constitue une réponse essentielle aux enjeux complexes des ressources humaines et de l’attractivité des métiersdans le secteur de la santé.
Pour répondre efficacement à ces enjeux, Catherine Ammirati a souligné la nécessité de co-construire la formation infirmière en collaboration étroite entre les universités et les Instituts de Formation en Soins Infirmiers (IFSI).
En outre, Catherine Ammirati a insisté sur l’importance de structurer différents profils de formateurs qui composeront les équipes de formateurs de demain. Ces profils devront être diversifiés et dotés de compétences multidisciplinaires, afin de répondre aux exigences d’une formation infirmière en constante évolution.
Faire évoluer la prise en soin du patient
Dans une perspective de réforme des pratiques en soins infirmiers, Catherine Naviaux-Bellec a souligné la nécessité de sortir du système médico-centré et d’orienter l’exercice de la profession infirmière vers la pluralité afin de répondre de manière plus efficace aux besoins de santé de la population sur l’ensemble du territoire.
Dans cette optique, les modes d’exercice infirmier évoluent pour prendre en compte les enjeux de responsabilités populationnelles. En effet, le patient est un acteur majeur qui peut contribuer de manière significative à faire évoluer les pratiques de soins. L’ambition d’une réingénierie de formation réussie réside notamment dans l’intégration du savoir-expérientiel du patient dans les différentes dimensions du système de santé (soins, organisation des soins, recherche, formation).
« Le bien-être des étudiants en soins infirmiers »
Au-delà de l’expression d’une vision pour le métier de demain, la FNESI, par la voix de sa présidente, a souligné l’importance du bien-être des étudiants en soins infirmiers. Cette préoccupation reflète la nécessité de garantir un environnement d’apprentissage sain et favorable à l’épanouissement personnel et professionnel des futurs professionnels de santé. La FNESI a également rappelé que la maltraitance des étudiants demeure une réalité préoccupante dans le domaine de la formation en soins infirmiers. Elle a notamment mis en avant l’initiative du numéro vert mis à disposition des étudiants en soins infirmiers, offrant un espace d’écoute et de soutien pour ceux qui rencontrent des difficultés.
Bien que les étudiants en soins infirmiers ne soient pas encore inscrits à l’Ordre, Patrick Chamboredon a souligné l’importance de prendre en considération le bien-être des étudiants en soins infirmiers et souhaite réfléchir à des actions pour assurer le bien-être des étudiants tout au long de leur parcours de formation.
Michèle Appelshaeuser a précisé que les enquêtes de suivi de cohortes et de promotion menées depuis 3 ans par le CEFIEC mettent en lumière les taux d’abandon des ESI en formation et ainsi témoignent de l’importance de l’accompagnement individualisé de l’étudiant. « communiqué de presse du 14 février 2023 – L’enquête réalisée par le CEFIEC permet également d’identifier, pour la cohorte 2021/2024, la déperdition d’étudiants entre la première et la deuxième année et les raisons de celle-ci. Ainsi, 18,15% des étudiants ne poursuivent pas leur formation en 2ème année à la rentrée du 1er septembre 2022. »
En conclusion de cette matinée comme transition pour présenter le programme de l’après-midi, Michèle Appelshaeuser a rappelé que « la réingénierie des sciences infirmières nécessite un développement des compétences des formateurs, en s’appuyant sur des plans de formation permettant la montée en qualification. Il est crucial de prendre en compte l’encadrement nécessaire à la construction des sciences infirmières. Une analyse approfondie des profils de formateurs est essentielle pour répondre aux besoins de cette évolution. »
Présentation des profils de formateurs* de demain
Le séminaire a permis également au collège cadre du CEFIEC, piloté par Isabelle Bayle et Marielle Boissart, Vice-Présidentes, de présenter les conclusions du travail mené depuis septembre 2021 sur l’activité des formateurs en instituts de formation. Cette recherche a abouti à la publication d’un Livre Blanc en décembre 2022 (republication actualisée en mars 2024 en lien avec les besoins de la mission IGAS IGESR concernant le « Statut des encadrants en poste dans les structures de formation et des enseignants-chercheurs dans le cadre de l’universitarisation des professions non médicales »pour laquelle le CEFIEC avait été auditionné*). Composé de 12 formateurs et piloté par les deux Vices Présidentes du CEFIEC, le collège cadres a présenté la poursuite de ce travail qui a conduit à la proposition de 6 profils en formation initiale infirmière, distincts et complémentaires pour constituer les équipes pédagogiques de demain.
- Profil 1 – Formateur Mono appartenant qui exerce à temps plein au sein de l’institut de formation.
- Profil 2 – Formateur en poste partagé qui exerce en milieu clinique et en institut de formation infirmière (IFSI)
- Profil 3 – Formateur en poste partagé qui exerce en institut de formation infirmière (IFSI) et en milieu clinique,
- Profil 4 – Formateur en poste partagé qui exerce en poste partagé au sein des instituts de formation (50%) et au sein d’un département universitaire en sciences infirmières (50%).
- Profil 5 – Formateur en poste partagé qui exerce à 50% au sein d’un département universitaire en sciences infirmières (DUSI) et à 50% dans une ou plusieurs unités de soins ou en ambulatoire.
- Profil 6 – Formateur mono appartenant, docteur en sciences, rattaché à 100 % à l’Université.
Tout au long de la journée, les participants se sont montrés très intéressés par les différentes présentations et les prises de position. Cette journée, très interactive, a permis aux acteurs de la formation, qu’ils soient en présentiels ou en distanciels d’appréhender les premiers contours des changements à venir. Il est illusoire de penser que ceux-ci ne provoquent pas nombres d’interrogations et par ailleurs un accompagnement des équipes s’avère nécessaire…Au cours de la matinée, la discussion s’est engagée autour de l’évolution de la profession infirmière et des environnements professionnels insuffisamment apprenants au regard de la pénurie en ressources humaines et de la dégradation des conditions de travail.
La présentation des profils de formateurs a révélé la crainte envers l’avenir des cadres formateurs ainsi que l’opérationnalisation des différents profils dans la diversité des IFSI.
Fiches profils de formateurs* en annexes
A propos du CEFIEC* – Le Comité d’Entente des Formations Infirmières et Cadres est une association de structures de formation aux métiers de la santé qui regroupe à ce jour tous les Instituts de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) de France, soit 331 structures, ainsi que les 36 Instituts de formation de cadres de santé (IFCS), 268 Instituts de Formation Aide-Soignant (IFAS), 48 Instituts de Formation d’Auxiliaire de Puériculture (IFAP , et quelques écoles de spécialités infirmières (Puéricultrices, Bloc Opératoire).
Contact presse : Sébastien Devillers – sdevil@aurasicommunication.com