Alors que les négociations conventionnelles entre l’Assurance Maladie et les syndicats de médecins libéraux n’ont pas abouti, que la situation à l’hôpital public ne connaît par ailleurs aucune embellie, et que les cliniques ont appelé à une grève générale suite à l’annonce des tarifs du secteur privé, avec le soutien d’un certain nombre de syndicat de médecins libéraux, il est étonnant de voir le Premier Ministre sortir des propositions de nature à déstabiliser complètement le dialogue social et ce qu’il reste de confiance et de qualité dans le système de santé.
Encore une fois, ces annonces rendent difficiles la compréhension du qui fait quoientre Matignon, Bercy et les ministres Catherine Vautrin et Frédéric Valletoux – dont il faut nous dire quel rôle ils jouent lorsque c’est Gabriel Attal qui fait les annonces en santé.
Jeunes Médecins a pris connaissance des trois mesures principales annoncées par Gabriel Attal : la taxe lapin sur les rendez-vous non honorés par les patients, la revalorisation de la consultation chez les psychologues, l’accès direct aux kinésithérapeutes et à toutes les spécialités médicales.
La « taxe lapin ». Telle qu’elle est envisagée, la taxe lapin laisse Jeunes Médecins très dubitatif. Au delà de la question de l’efficacité de la sanction financière dans le domaine de la santé – dont on peut se demander si elle ne légitimera pas le comportement, de sorte que le risque soit finalement que certains patients se disent qu’ils paient donc qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent – nous ne comprenons pas que la taxe lapin repose sur une décision du médecin, pouvant ainsi porter atteinte à la relation de confiance avec son patient. La CNAM a les moyens d’agir, via des campagnes de prévention et est en mesure de contacter les assurés qui n’honorent pas les rendez-vous.
L’accès direct et la revalorisation de la consultation chez le psychologue. Sans remettre en question la place et le bénéfice apporté par les psychologues dans l’accompagnement de la population et notamment des jeunes et des femmes, il faut rappeler que cette profession n’est pas soumise aux mêmes logiques que les professionnels de santé : la profession n’est pas inscrite au code de santé publique, n’agit pas sous l’égide d’un ordre professionnel qui assure le respect de la déontologie, et il existe une hétérogénéité de formations qui ne permet pas une homogénéité de la qualité de la prise en charge. Ne plus rattacher le patient à un parcours de soins nous paraît à terme risqué voire dangereux.
Si nous nous réjouissons que le gouvernement valorise la question de la santé mentale, en rehaussant de 30 à 50 euros la consultation chez un psychologue, nous rappelons à toutes fins utiles que le tarif de base d’une consultation de psychiatrie est toujours de 42,50 euros, or dans la même logique, elle ne devrait pas être inférieure à 70 euros !
Globalement, nous assistons à une dérégulation complète : tous les efforts et travaux faits ces 15 dernières années pour placer le médecin généraliste comme pivot du parcours du patient sont en train d’être réduits à néant au profit d’un accès direct aux autres professionnels de santé comme les kiné et les médecins spécialistes qui restent par ailleurs contraints par des délais d’attente très importants.
Ainsi en deux semaines, le gouvernement a réussi à parachever la logique de disqualification de la communauté médicale dans son ensemble, aboutissant à une situation bloquée qui ne pourra être que délétère à la prise en charge des patients.
Contacts presse :
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