Le Premier ministre a dévoilé ce week-end sa feuille de route santé. La Fédération nationale des infirmiers (FNI) a suivi ces annonces avec intérêt, d’autant plus dans le contexte de mobilisation qui touche actuellement la profession infirmière. Loin d’être un véritable plan d’attaque pour l’accès aux soins, ce plan Attal ne contient pas, selon la FNI, les avancées nécessaires pour inverser la tendance. Il ne répond ni aux besoins des patients qui subissent de plus en plus la pénurie médicale, ni à l’inquiétude des IDEL qui attendent des mesures fortes pour la profession.
Pour preuve, la seule mesure énoncée par Gabriel Attal pour les infirmiers et infirmières est l’élargissement du système de permanence des soins ambulatoires aux infirmiers dès cet automne, sans que soient précisées les modalités de mise en oeuvre de ce chantier.
La FNI relève toutefois un point positif à ces annonces. Le Gouvernement semble enfin avoir pris onscience que le parcours de soins tel qu’il est construit depuis 2004 est à revoir. Dans un contexte de crise démographique des médecins libéraux, le parcours de soins au sein duquel le médecin traitant est le seul « gate keeper » de l’ensemble des prises en charge, ne fonctionne plus. La mise en place d’un parcours de soins rénové avec plusieurs portes d’entrée et des outils de coordination puissants doit constituer le nouvel objectif des pouvoirs publics. Les IDEL et la FNI sont prêts à y apporter une contribution forte.
En choisissant de passer à la vitesse supérieure sur la prescription des pharmaciens et sur l’accès direct des kinésithérapeutes, le gouvernement fait un pas de plus vers l’autonomie des professions reconnues dans leur rôle propre. Si les corporatismes de certains syndicats ont la vie dure, en revanche, sur le terrain il en va tout autrement. La FNI regrette que ces mesures ne concernent pas, pour cette fois, les IDEL et appelle le Gouvernement à agir dans le sens d’une meilleure reconnaissance de leurs compétences au service de l’accès aux soins. La première fédération nationale d’infirmières et infirmiers libéraux attendait des avancées concernant le calendrier d’application de la réforme du métier et de la future loi infirmière promise l’an dernier.
La FNI reste aussi sur sa faim en l’absence d’annonces sur l’ouverture de nouvelles négociations conventionnelles pour les infirmiers libéraux et sur la parution des textes relatifs à l’infirmier référent. La FNI attend toujours un signal fort de la part des pouvoirs publics, mais celui-ci se fait attendre : la FNI perd patience. La semaine passée, la FNI a lancé la première étape de la contestation avec l’ « Ordo challenge », invitant ainsi les infirmiers libéraux à envoyer toutes les ordonnances qui sont mal rédigées, en courrier recommandé, aux échelons locaux du contrôle médical de l’Assurance maladie, dans le but de saturer les services.
Le président de la FNI est formel : « En l’absence de réponse satisfaisante de la part du Gouvernement et de la Cnam, nous passerons au niveau supérieur de nos actions de contestation. Dans le cadre de son plan d’actions graduées, la FNI lancera dans les prochains jours un appel à stopper toutes les télétransmissions sécurisées en direction de l’Assurance maladie. Les effets d’annonce vont rapidement trouver leurs limites ».