Santé Publique France a publié le BEH n°8 mardi 9 avril 2024.
Ce numéro comprend 3 articles :
Partage : une consultation prénatale proposée à tous les pères d’enfants à naître à Montreuil, Seine-Saint-Denis, 2021-2022
Pauline Penot et coll. Centre hospitalier André Grégoire, Montreuil, Centre population et développement (Ceped), Institut de recherche pour le développement (IRD) et Université de Paris, Inserm ERL 1244, ParisMatériel et méthodes – Entre janvier 2021 et avril 2022, tous les pères d’enfants à naître à l’hôpital de Montreuil (Seine-Saint-Denis) se sont vu proposer une consultation prénatale de prévention, dépistage, accès aux droits, rattrapage vaccinal et référencement vers le soin primaire, sous réserve du consentement préalable de leur conjointe à transmettre leurs coordonnées.Discussion-Conclusion – L’adhésion globale à l’offre était élevée ; cette consultation a été plébiscitée par les immigrés les plus vulnérables qui y ont vu une occasion d’intégrer le système.
Résultats – 3 038 femmes (80% des femmes éligibles) ont donné des coordonnées qui ont permis de contacter leurs conjoints ; 44% des hommes éligibles (N=3 038) et 53% des hommes avec lesquels un contact effectif a été établi (N=2 516) sont venus en consultation prénatale masculine. Le taux d’adhésion des immigrés était supérieur à celui des futurs pères nés en France (56% vs 49%, p<0,001). Il était particulièrement élevé chez les immigrés les plus précaires (ceux arrivés sur le sol français depuis moins de sept ans, originaires de régions pauvres du globe, sans droit au séjour). En analyse multivariée, les hommes nés en Afrique subsaharienne et en Asie étaient près de deux fois plus enclins à adhérer à l’offre que ceux nés en Europe ou en Amérique du Nord.
Introduction – En France comme ailleurs, les hommes bien portants ont moins de contact avec le système de santé que les femmes. Le suivi gynécologique et obstétrical fournit aux femmes des occasions de consultations de prévention qui n’ont pas d’équivalent pour les hommes, y compris lorsque les couples attendent un enfant. L’objectif du projet Partage (Prévention, accès aux droits, rattrapage vaccinal, traitement des affections pendant la grossesse et pour l’enfant) était d’évaluer le niveau et les déterminants de l’acceptation d’une consultation prénatale de prévention dédiée aux futurs pères.
Épidémiologie des encéphalopathies subaiguës spongiformes transmissibles (ESST) en France, 2011-2019
Angéline Denouel et coll. Inserm U1127, CNRS UMR 7225, Institut du Cerveau (ICM), Sorbonne Université, Paris
Introduction – Les maladies à prions ou encéphalopathies subaiguës spongiformes transmissibles (ESST), qui existent sous différentes formes chez l’Homme, font l’objet d’une surveillance active depuis 1991 en France. Le Réseau national de surveillance des maladies de Creutzfeldt-Jakob et maladies apparentées (RNS-MCJ) est un réseau pluridisciplinaire coordonné par Santé publique France et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Il a pour but de détecter tous les cas d’ESST humaines afin d’obtenir des données précises sur leur incidence et leur mortalité, ainsi que sur les facteurs de risque impliqués.
Matériel et méthode – Nous présentons une analyse épidémiologique descriptive des cas d’ESST recueillis par le RNS-MCJ entre 2011 et 2019 en France.
Résultats – Entre 2011 et 2019, 16 768 cas suspects d’ESST ont été signalés au RNS-MCJ, parmi lesquels 1 449 cas ont été classés comme présentant une ESST possible, probable ou certaine, incluant, outre les cas sporadiques (sMCJ) et génétiques, 3 cas de la variante de la MCJ (vMCJ), secondaire à une contamination par l’agent de l’encéphalopathie spongiforme bovine, un cas de MCJ iatrogène lié à une greffe de dure-mère (iMCJ) et 3 cas liés à un traitement par l’hormone de croissance d’origine humaine. Le taux de mortalité national des cas d’ESST sur ces neuf années était de 2,34 (intervalle de confiance à 95%, IC95%: [2,22-2,47]) cas par million d’habitants. Les taux de mortalité les plus élevés étaient observés dans les régions du Languedoc-Roussillon (2,40 [2,39-2,42]) et de la Bourgogne (2,40 [2,38-2,43]).
Discussion – L’observation persistante de cas d’ESST d’origine infectieuse (vMCJ, iMCJ), et la tendance à l’augmentation du nombre de cas de sMCJ au cours du temps depuis la mise en place du réseau souligne la nécessité d’un maintien d’une surveillance des maladies à prions chez l’Homme.
Évolutions nationale et régionales de l’admission en réadaptation cardiaque après un syndrome coronaire aigu en France entre 2009 et 2021 : des disparités persistantes
Clémence Grave et coll. Santé publique France, Saint-Maurice
Contexte – La réadaptation cardiaque dans les semaines qui suivent un syndrome coronarien aigu (SCA) est recommandée afin de diminuer la morbi-mortalité du patient et apporte des bénéfices prouvés sur les capacités fonctionnelles et la qualité de vie des patients. L’objectif était de décrire les tendances temporelles nationale et régionales des taux de patients admis en réadaptation cardiaque après un SCA en France de 2009 à 2021, les disparités d’admission et l’impact de la pandémie de Covid-19.
Méthodes – Tous les patients hospitalisés pour SCA en France entre janvier 2009 et juin 2021 ont été sélectionnés dans le Programme de médicalisation des systèmes d’information en médecine, chirurgie, obstétrique (PMSI-MCO) du Système national des données de santé (SNDS). Une hospitalisation pour réadaptation cardiaque a été recherchée dans les 6 mois suivant la sortie de l’hospitalisation index pour SCA. Les taux de réadaptation cardiaque standardisés ont été calculés au niveau national et régional pour tous les patients atteints de SCA et stratifiés selon le sexe, l’âge et les sous-types de SCA. Des modèles de régression de Poisson ont été utilisés pour identifier les facteurs indépendamment associés à l’admission en réadaptation cardiaque.
Résultats – En 2019, sur les 134 846 patients atteints de SCA, 22% ont été admis en réadaptation cardiaque dans les 6 mois suivant le SCA. En France métropolitaine, ces taux variaient de 16% dans les Hauts-de-France à 31% dans le Centre-Val de Loire ; et étaient de moins de 10% dans les départements et régions d’outre-mer (DROM), à l’exception de La Réunion. L’âge moyen des patients admis pour réadaptation cardiaque était de 62 ans (écart-type, ET=11,7), le délai médian entre l’hospitalisation pour SCA et la réadaptation cardiaque était de 32 jours (intervalle de confiance à 95%, IC95%: [10-63]). Les facteurs significativement associés à une moindre admission en réadaptation cardiaque étaient le sexe féminin, l’âge supérieur à 65 ans, la présence de comorbidités et la résidence dans une commune défavorisée ou dans certaines régions. Entre 2009 et 2019, les taux de réadaptation cardiaque ont augmenté de 40%, passant de 16% à 22%. Ces taux ont augmenté davantage chez les femmes que chez les hommes, mais sont demeurés nettement inférieurs chez les femmes. Lors de la pandémie de Covid-19, les taux de réadaptation cardiaque ont chuté.
Conclusion – Bien qu’en augmentation et malgré les recommandations et les bénéfices majeurs de la réadaptation cardiaque, les taux actuels d’admission en réadaptation cardiaque après un SCA restent insuffisants en France, en particulier pour les personnes âgées, les femmes, les personnes socialement défavorisées et celles habitant dans certaines régions françaises. La baisse des taux d’admission en réadaptation cardiaque pendant la pandémie de Covid-19 constitue une perte de chance importante en matière de pronostic pour les patients ayant eu un SCA en 2020 et 2021. Au vu du bénéfice de ces programmes, il est important d’encourager un accès pour tous à la réadaptation cardiaque.
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