En France où la qualité des soins est reconnue, la prévention en santé est insuffisante.
Il en résulte d’importantes inégalités de santé, et les valeurs médiocres de certains indicateurs comme l’espérance de vie en bonne santé ou la prévalence de d’obésité. Dans ce contexte, renforcer la prévention est un enjeu majeur pour la santé des français, et un objectif prioritaire à développer par les pouvoirs publics. C’est également un enjeu pour la maîtrise des dépenses liées aux soins, et donc pour la pérennité de notre système de santé.
La méconnaissance, par les citoyens, des principaux enjeux sanitaires et des déterminants de la santé représente un handicap au déploiement d’une politique de prévention. En effet, pour être efficace, une politique de prévention doit être acceptée et comprise par tous.
Ceci rend indispensable d’inculquer à la population française une culture de la prévention en santé, qui passe par l’éducation de tous à la compréhension des enjeux et déterminants de santé.
Faisant le constat que l’éducation est un déterminant essentiel de la santé, et que dans notre pays les pouvoirs publics font de l’école le pivot de l’éducation à la santé, il apparaît que si la biologie, la physiologie et la santé sont présentes dans les programmes scolaires, leur lien avec la prévention y est insuffisamment formalisé.
D’autre part, le « parcours éducatif de santé » mis en place en 2016 pour mettre en œuvre des actions de prévention hors programmes scolaires, est déployé de façon hétérogène sur le territoire national. Les volumes d’enseignement consacrés aux thématiques de santé et prévention dans les programmes scolaires sont insuffisants au regard d’autres disciplines importantes.
Compte tenu de ces éléments, l’Académie nationale de médecine appelle à une nouvelle alliance entre le monde éducatif et le monde de la santé, et recommande l’inscription dans les programmes scolaires d’une « éducation des jeunes citoyens à la prévention en santé » graduée de la maternelle au lycée.
C’est l’école de la république qui doit assurer cette mission, pour ancrer dès l’enfance les connaissances et comportements qui permettront aux futurs citoyens d’adhérer aux politiques de prévention.
Une éducation de la jeunesse à la prévention en santé est aussi indispensable à l’école que l’enseignement moral et civique. Parce-que prendre soin de sa santé, c’est aussi protéger les autres et agir de façon responsable pour la société.
Au regard de l’importance de l’enjeu pour la santé de la population française, l’Académie nationale de médecine recommande :
1- L’inscription dans les programmes scolaires, de la maternelle à la terminale, d’un enseignement à la prévention en santé (tel que présenté aux chapitres 4 et 5 de ce rapport) permettant aux enfants et adolescents d’acquérir un socle partagé de connaissances pour guider tout au long de leur vie leur comportement préventif en santé.
En complément de cette structuration de base :
2- Un remodelage des enseignements consacrés à la biologie et à la santé pour les compléter par des éléments de prévention en santé ;
3- La généralisation, le renforcement et la pérennisation des actions de l’École Promotrice de Santé ;
4- Une formation des enseignants du premier degré à la compréhension des déterminants de santé (formation initiale dans les INSPE, formation continue pour les enseignants en poste) ;
5- La création de contenus pédagogiques dédiés à l’éducation des jeunes citoyens à la prévention en santé, co- construits entre professionnels du domaine de la santé et enseignants de l’Éducation Nationale, et mis à disposition de la communauté éducative sur le site EDUSCOL.
CONTACT PRESSE : Virginie Gustin – virginie.gustin@academie-medecine.fr