Mardi 21 mai 2013 à 11h00 à l’Irdes
En France, l’égalité d’accès au dépistage des cancers a été l’un des principaux enjeux du deuxième plan cancer (2009-2013). Nous avons cherché à analyser les obstacles au dépistage du cancer du sein, du côlon et du col de l’utérus ainsi que leur évolution dans le temps. Les deux premiers cancers font l’objet d’un dépistage organisé au niveau national, ce qui n’est pas le cas du troisième. A partir des données de l’Enquête santé protection sociale (ESPS) de 2006, 2008 et 2010, trois catégories de déterminants du recours au dépistage ont été définies : les caractéristiques socio-économiques individuelles ; l’utilisation des services de santé (visites aux médecins) et de prévention ; l’état de santé perçu et les comportements à risque. Puis, nous avons étudié l’impact de ces déterminants au cours du temps sur le recours au dépistage (déclaré) à partir de modèles logistiques multivariés. Ainsi, pour identifier les barrières au recours, nous avons considéré le fait de ne pas avoir effectué le dépistage dans le cadre des recommandations.
Les résultats montrent un recul du recours au dépistage du cancer du col de lutérus et du sein entre 2006 et 2010, alors que dans le même temps, le dépistage du cancer colorectal a fortement augmenté. Les femmes recourant moins aux frottis sont notamment caractérisées par un niveau déducation plus faible et cet effet a pris de lampleur au cours du temps. Pour le cancer du sein, les femmes de moins de 50 ans et ayant une plus faible utilisation du système de santé recourent moins au dépistage. De même, les individus plus jeunes (moins de 60 ans) et ayant un moindre recours aux médecins se sentent moins concernés par le dépistage du cancer colorectal. Plus intéressant encore, ce moindre recours caractérise des individus ne déclarant pas de comportements à risque (en termes de consommation dalcool et de tabac).
Ces résultats montrent que les inégalités daccès au dépistage nont pas diminué suite à la mise en place de programmes nationaux depuis 2004. Ils témoignent de la nécessité daccroître la prévention primaire pour les individus identifiés comme sous utilisateurs des différents dépistages et, plus généralement, pour ceux ayant un moindre recours aux médecins, quelle(s) que soi(en)t la (ou les) raison(s) de ce moindre recours (raisons financières, éducation, etc.). Par exemple, les politiques devraient cibler les individus nayant pas de comportements à risque, en sattaquant à lidée que les cancers ne se produiraient que pour ces derniers. Une meilleure coordination entre généraliste et spécialiste pourrait également améliorer ladhésion au dépistage.
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