Michel Barnier vient de livrer son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale. Alors que Générations Futures attendait des annonces fortes en matière de transition de l’agriculture et de protection de la santé du vivant, c’est avec déception que nous avons reçu la déclaration du Premier ministre. Les termes de biodiversité et de pollution n’ont été mentionnés qu’une seule fois chacun, alors que nous vivons à l’époque du triple crise planétaire sans précédent.
Nous sommes convaincus que seule une action systémique pourra apporter des solutions véritablement durables. C’est en ce sens que nous avons écrit au Premier ministre une lettre restée sans réponse à ce jour.
Le Premier ministre s’est dit engagé à dire la vérité sur l’impact de notre mode de vie et de notre économie.Nous attendons donc de Michel Barnier qu’il agisse en ligne avec le constat scientifique quant à la responsabilité des pesticides dans l’effondrement de la biodiversité, la pollution des milieux, le développement de pathologies mais aussi quant à l’omniprésence des polluants chimiques en général et leurs conséquences sur la santé publique et l’environnement.
Une réduction de la dette en deux teintes
Si Michel Barnier a adressé, “en même temps”, dette publique et dette écologique, il a affirmé que la réduction des dépenses était le principal levier pour affronter la première.
C’est donc un budget, qui a prioricomportera des coupes budgétaires dans les crédits alloués au fond vert des collectivités territoriales et au programme de compétitivité et durabilité de l’agriculture, qui sera présenté à l’Assemblée nationale.
Nous avons cependant alerté le Premier ministre sur les coûts sociétaux des pesticides et des PFAS qui sont au minimum les uns évalués à 372 millions d’euros et les autres à 2,274 milliards. Ce sont bien des dettes financières et écologiques dont nous payons le prix que nous laissons aux générations futures et pour lesquelles le Premier ministre ne propose aucune action ambitieuse.
Une transition écologique à sens unique
Nous regrettons que le Premier ministre n’ait apporté aucun développement concernant l’action de son gouvernement en matière de lutte contre l’effondrement de la biodiversité et en faveur de la protection de la santé du vivant.
La transition écologique n’a été abordée que sous l’angle du changement climatique : “décarbonation des usines, encouragement à l’innovation, implantation de nouvelles industries de la transition, renforcement de nos filières de recyclage.”
Bien que Michel Barnier ait rappelé son implication dans le premier plan Ecophyto, cette stratégie fait désormais pâle figure avec le changement d’indicateur opéré par le Gouvernement Attal, qui dénature totalement l’objectif historique de réduction de 50% de l’usage des pesticides.
Nous appelons le Premier ministre à restaurer l’ambition du plan Ecophyto et son indicateur historique robuste, le NODU et à ne pas céder aux demandes de régression de la FNSEA dans le domaine des autorisations de pesticides, au motif d’une imaginaire surtransposition des règles européennes.
Nous saluons l’attention que le Premier ministre a porté à la question de la gestion durable de l’eau. Nous espérons que la grande conférence, annoncée par Michel Barnier à ce propos, verra le jour et qu’elle rompera avec les logiques précédentes de prises de décisions à huis clos et constituera une véritable ouverture du dialogue, intégrant ONGs, scientifiques indépendants, journalistes et les représentants de la société civile.
Nous espérons que cette gestion de l’eau, tout comme la politique agricole, s’éloignera des propositions néfastes pour l’environnement contenues dans la proposition de loi rédigée par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs.
“Générations Futures attend que le nouveau gouvernement prenne en compte réellement la dette écologique dont parle le Premier ministre Michel Barnier en proposant des mesures ambitieuses dans ce domaine pour protéger les ressources naturelles, la biodiversité, le climat et la santé publique.” déclare François Veillerette, porte parole de Générations Futures. “Malheureusement le discours de politique générale du Premier ministre ne nous a pas donné les éléments nous permettant de comprendre que la gravité de la crise écologique a été perçue à sa réelle hauteur par le gouvernement et nous le regrettons. Générations Futures continuera dans les prochains mois à œuvrer pour que cette gravité soit enfin comprise et à proposer les solutions permettant de répondre à ces enjeux vitaux.” ajoute t’il.
CONTACT
François Veillerette – Porte-parole – francois@generations-futures.fr
Nadine Lauverjat – Déléguée générale – nadine@generations-futures.fr