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Perte d’autonomie : quels effets sur la santé des proches aidants ? (Dossier)

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La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), en partenariat avec l’Institut des politiques publiques (IPP), propose un dossier sur l’état de santé des proches de seniors en perte d’autonomie vivant à domicile. Sont étudiées à la fois la situation des personnes de tout âge apportant une aide régulière à ces seniors (« proches aidants »), mais aussi celle des seniors cohabitants avec ces seniors, notamment leurs conjoints, indépendamment du fait qu’ils déclarent ou non être proches aidants.

Dans un contexte de vieillissement de la population et de souhait de soutenir le maintien à domicile, les besoins d’aide vont connaître une forte augmentation dans les années à venir. Cette aide repose en grande partie sur les proches des personnes en perte d’autonomie et n’est pas sans conséquences sur leur vie. Ce dossier se concentre sur les conséquences sur leur santé, en mobilisant l’enquête Vie quotidienne et santé (VQS) réalisée par l’Insee en 2014, et les enquêtes CARE-Ménages réalisées en 2015 par la DREES, deux enquêtes menées auprès des 60 ans ou plus vivant à domicile.

 

Parmi les personnes aidant régulièrement une personne âgée de 60 ans ou plus, une sur deux déclare que l’aide apportée a une conséquence sur sa santé

Selon l’enquête CARE-Ménages, 3,9 millions de personnes aident une proche de 60 ans ou plus à son domicile. 47 % de ces proches aidants déclarent au moins une conséquence de l’aide apportée sur leur santé : 19 % déclarent au moins une conséquence sur leur santé physique (fatigue physique, trouble du sommeil, problème de dos ou palpitations) et 37 % déclarent au moins une conséquence sur leur santé mentale (fatigue morale, solitude, se sentir dépressif, anxieux).

Les aidants déclarent plus de conséquences si le lien avec la personne aidée est proche (conjoints ou enfants), si la personne aidée a des troubles cognitifs et s’ils cohabitent avec elle. Plus de conséquences sont également citées par les aidants qui effectuent des tâches variées auprès du senior et qui ont l’impression de faire des sacrifices, de manquer de temps, de répit et de formation. Enfin, les femmes déclarent plus de conséquences sur leur santé, en particulier les conjointes et, dans une moindre mesure, les filles aidantes.

 

Les aidants âgés de 60 ans ou plus se déclarent en meilleure santé que les non-aidants du même âge

Pour apprécier si les proches aidants sont en moins bonne santé que les non-aidants, on utilise l’enquête VQS qui permet de distinguer, au sein des personnes âgées de 60 ans ou plus, celles qui déclarent aider régulièrement une personne de leur entourage pour les tâches de la vie quotidienne. Il apparaît que les seniors aidants se déclarent en moyenne en meilleure santé que les autres personnes à âge et genre identiques. Ainsi, 8 % se déclarent en mauvaise ou en très mauvaise santé, contre 14 % des autres seniors (graphique), soit au total 6 points d’écart. Même en contrôlant de divers effets, dont l’âge et le genre, le constat d’écart demeure : les seniors aidants déclarent un meilleur état de santé que les seniors qui ne sont pas aidants (-4 points).

Ce paradoxe apparent pourrait s’expliquer par un effet de comparaison avec la personne aidée, mais aussi et surtout par un effet de sélection : les personnes en bonne santé sont plus susceptibles d’aider. Par ailleurs, les aidants ne se distinguent pas des non-aidants du point de vue de leur état de santé mentale ou de leur consommation de médicaments psychotropes.

 

Les seniors cohabitant avec une personne en perte d’autonomie ont une santé plus dégradée que les autres seniors.

Les seniors qui cohabitent avec une personne en perte d’autonomie, qu’ils déclarent ou non l’aider, ont deux fois plus de chance de se déclarer en mauvaise ou en très mauvaise santé que les autres seniors (24 % contre 12 %). Cet écart demeure lorsqu’on les compare aux non-aidants à âge et genre identiques (-9 points). Ils ont également des scores de santé mentale nettement inférieurs à ceux des autres seniors et ils consomment davantage de médicaments psychotropes.

Ainsi, 35 % des seniors qui cohabitent avec une personne en perte d’autonomie sont en état de détresse psychologique, et 39 % d’entre eux ont consommé au moins une fois un médicament anxiolytique ou antidépresseur dans l’année. Les autres seniors ne sont que 14 % à être à risque de syndromes dépressifs et 27 % à consommer des médicaments antidépresseurs ou anxiolytiques.

Ces résultats suggèrent qu’avoir un proche en perte d’autonomie pourrait non seulement affecter la santé des aidants, mais aussi celle de tous ceux qui vivent avec elle, quand bien même ils ne déclarent pas lui apporter d’aide.

 

Apporter de l’aide à un proche semble avoir des effets plus négatifs sur les femmes que sur les hommes

Ce Dossier de la DREES s’intéresse aussi aux conséquences différenciées selon le genre de l’aide apportée à un proche aidant. Les analyses corroborent un constat présent dans la littérature : le nombre moyen de conséquences négatives sur leur santé que les femmes déclarent du fait de l’aide qu’elles apportent à un senior en perte d’autonomie est significativement plus important que celui que les hommes aidants déclarent. Le fait d’aider semble même être associé à un meilleur état de santé pour les hommes, à l’aune de certains indicateurs de santé.

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