Le Conseil International des Infirmières (CII) a apporté une forte présence infirmière à la 79ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) à New York, du 21-27 septembre 2024.
La présidente du CII, le Dr Pamela Cipriano, a dirigé la délégation du CII, qui comprenait le Dr Gill Adynski, analyste des politiques infirmières et de santé du CII, et le Dr Holly Shaw, représentante du CII au Conseil économique et social de l’ONU.
Un sommet de l’avenir et un pacte pour l’avenir qui n’arrivent qu’une fois par génération
Le Dr Cipriano a représenté le CII au Sommet de l’avenir, les 22-23 septembre. Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a défini le contexte de cet événement « unique en son genre » en reconnaissant le besoin urgent de revitaliser la collaboration et les instruments multilatéraux pour relever les énormes défis auxquels le monde est actuellement confronté, en faisant référence aux conflits géopolitiques, aux inégalités mondiales et au fardeau de la dette, au changement climatique et à la fracture numérique.
La présidente du CII a participé à des sessions de haut niveau sur des sujets tels que la transformation de la gouvernance mondiale, l’inclusion numérique et l’accélération des objectifs de développement durable (ODD). Plusieurs intervenants ont lancé des appels pressants en faveur d’un financement durable et d’un allègement de la dette, ainsi que d’un processus décisionnel multilatéral plus inclusif, afin de façonner un avenir plus équitable et plus résilient pour tous.
Le Pacte pour l’avenir, principal document final du sommet, a été adopté par l’Assemblée générale des Nations unies le 22 septembre, aux côtés du Pacte mondial pour le numérique et de la Déclaration sur les générations futures.
Le même jour, l’Alliance mondiale des professions de santé (AMPS) a appelé les dirigeants mondiaux à accroître d’urgence les investissements dans le personnel de santé afin de remplir les engagements énoncés dans le Pacte. Le Dr Cipriano et le Dr Lujain Alqodmani, président de l’Association médicale mondiale, ont représenté conjointement l’AMPS au sommet. La déclaration de l’AMPS note que le Pacte « reconnaît le rôle fondamental de la santé dans la lutte contre la pauvreté, les inégalités et les changements environnementaux, bien qu’elle regrette que la santé ne soit pas davantage mise en avant, compte tenu de son rôle central ».
Le Dr Cipriano a fait le commentaire suivant : « Le pacte pour l’avenir est un pas important vers l’approche résolue et collective nécessaire pour relever les énormes défis mondiaux qui se présentent à nous. Toutefois, pour que les engagements du Pacte deviennent réalité, il faut maintenant que les dirigeants mondiaux prennent des mesures décisives et unifiées pour remédier aux graves pénuries de personnel de santé et financer un personnel de santé durable et équitable, afin de garantir l’accès aux soins de santé pour tous.
La santé universelle, la santé unique et la lutte contre la résistance aux antimicrobiens
Le président du CII a participé à la réunion de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens (RAM) qui s’est tenue le 26 septembre, au cours de laquelle l’Assemblée générale des Nations unies a approuvé une déclaration politique assortie d’une série d’objectifs et d’actions visant à réduire de 10 %, d’ici à 2030, le nombre de décès inutiles liés à la RAM chaque année.
Lors de l’audition préparatoire multipartite qui s’est tenue au début de l’année, le Dr Cipriano a fait remarquer que « la RAM ne peut être traitée indépendamment de la couverture sanitaire universelle » et a exhorté les dirigeants des Nations unies à investir dans les soins de santé primaires dans le cadre d’une réponse « Une seule santé » qui réunit les secteurs humain, animal, agricole et végétal. Les intervenants à la réunion de l’AGNU ont souligné l’énorme impact mondial de la RAM, qui cause 1,3 million de décès par an, le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, soulignant que le fardeau le plus lourd est supporté par les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI).
D’autres intervenants ont souligné le rôle du changement climatique dans l’augmentation de la résistance aux antimicrobiens et l’impact disproportionné sur les femmes, qui représentent 70 % du personnel de santé, y compris la majorité des infirmières. Le CII a été témoin et a soutenu les appels à renforcer les systèmes de santé, à financer les plans d’action nationaux, à améliorer la collecte de données et à faire progresser la collaboration intersectorielle entre la santé humaine et animale, la gestion des déchets, l’eau et l’assainissement, afin de relever efficacement ce défi complexe.
La délégation du CII a également participé à l’événement organisé par l’Association médicale mondiale (AMM) et le Centre international pour les solutions de résistance aux antimicrobiens (ICARS) intitulé « De la politique à l’action : Mise en œuvre réussie de programmes multisectoriels de résistance aux antimicrobiens dans les pays à faible revenu », au cours duquel le président de l’AMM a souligné le rôle essentiel des professionnels de la santé en tant que cliniciens, éducateurs et défenseurs des politiques.
La présidente du CII, qui est co-présidente de la CSU2030, a facilité la réunion ministérielle annuelle des Amis de la CSU, qui s’est concentrée sur les politiques ciblées et la restructuration du financement international global. Dans son allocution, le Dr Cipriano a souligné que l’événement constituait une occasion importante de « célébrer notre engagement collectif à faire progresser la couverture sanitaire universelle et d’explorer les moyens d’assurer un accès équitable aux services de santé par le biais de la protection financière ». Le groupe a été encouragé à s’engager dans la campagne de la Journée de la CSU afin d’accélérer les progrès vers la CSU d’ici 2030.
Le Dr Cipriano a également participé à un événement visant à promouvoir l’agenda de Lusaka, qui a été lancé lors de la Journée de la santé universelle 2023. Il s’agit d’une base pour une action coordonnée des initiatives mondiales pour la santé (GHI) et de l’écosystème de la santé au sens large, afin de répondre à l’évolution des besoins en matière de santé, de financement et de gouvernance pour parvenir à la couverture universelle.
Réponse aux conflits et efforts de paix dans le monde
La délégation du CII a également participé à des séances consacrées à la consolidation de la paix et à la résolution des conflits. Le CII estime que la paix et la santé sont intimement liées et travaille sur plusieurs initiatives pour promouvoir l’aide humanitaire dans les zones de conflit, soutenir les infirmières par le biais de la campagne #NursesforPeace, et défendre la contribution des soins infirmiers à des sociétés pacifiques et saines.
Au début de cette année, le Dr Cipriano a écrit au Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour lui demander de prendre des mesures fermes et décisives afin de mettre fin au nombre croissant d’attaques illégales contre les infirmières et les établissements de soins de santé que nous observons dans les zones de guerre du monde entier. Lors de l’Assemblée générale des Nations unies, la présidente du CII a participé au dialogue de haut niveau du Sommet de l’avenir sur le renforcement du multilatéralisme pour la paix et la sécurité internationales, où les discussions ont réaffirmé l’importance du respect du droit international dans les conflits et souligné la nécessité de rendre les institutions mondiales plus représentatives et plus réactives à la complexité des défis géopolitiques contemporains.
Le CII était également présent à la réunion de haut niveau sur la commémoration de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires le 26 septembre, où le secrétaire général Guterres a averti que la menace des armes nucléaires n’a jamais été aussi grande et a appelé à un désarmement urgent pour sauvegarder la sécurité et la paix dans le monde.
Action climatique et santé numérique
Le CII a défendu la cause des soins infirmiers lors de plusieurs événements de la Semaine du climat de New York. Le Dr Cipriano a pris la parole lors de l’événement « Health Systems Implementing Climate Action », le premier du genre, organisé par le Yale Center on Climate Change and Health et l’Académie de médecine de New York. Sa contribution a mis l’accent sur la politique de préparation et de résilience des systèmes de santé et sur l’importance de l’action climatique dans les feuilles de route pour le bien-être et le sens du travail.
Le Dr Gill Adynski a prononcé le discours d’ouverture de l’événement de l’Alliance of Nurses for Healthy Environments (ANHE) intitulé « Climate Action for Health : Solutions du secteur de la santé», soulignant le rôle crucial des infirmières dans la réponse et la prévention du changement climatique. La délégation du CII a également participé à des sessions sur la santé et le climat organisées par des organisations telles que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Health Care Without Harm et les Fonds d’investissement climatique de la Banque mondiale.
La santé numérique était un autre domaine d’intérêt majeur pour les activités du CII. Le Dr Cipriano a pris la parole lors de divers événements du 4ème symposium sur la santé numérique, notamment lors d’une table ronde sur le paysage mondial de la santé, où elle a souligné les nombreuses façons dont les infirmières accélèrent les interventions de soins primaires qui favorisent l’accessibilité des services de santé – et a appelé à une action pour combler les « fractures numériques » qui excluent de nombreuses personnes des avantages des soins de santé numériques. Elle a également prononcé un discours lors d’un symposium sur la santé numérique marquant le lancement d’une nouvelle école d’infirmières à l’université de Maynooth, en Irlande.
En outre, la délégation du CII a assisté à une session de haut niveau de l’OMS explorant les technologies numériques pour la gestion des maladies non transmissibles, ainsi qu’à une session organisée par Gavi, l’Alliance du vaccin, qui a mis en évidence le potentiel des outils numériques pour améliorer les efforts de vaccination dans les régions à faible couverture.
La délégation du CII a également participé à plusieurs événements du Forum mondial de la santé de Foreign Policy (FP), qui réunit des dirigeants de haut niveau, des décideurs politiques, des experts de l’industrie et de la société civile dans le but de transformer en actions les connaissances critiques en matière de santé. Lors des discussions sur le lien entre le climat et la santé, le directeur général de l’OMS a souligné que l’action en faveur du climat est également une action en faveur de la sécurité et de la défense sanitaires.
Le CII était également présent lors de plusieurs autres activités importantes, notamment une session du réseau d’action contre les pandémies axée sur les pandémies, les conflits et le changement climatique en tant que crises sanitaires mondiales interconnectées, ainsi que des événements sur l’équité en matière de santé mondiale et le personnel de santé organisés par le Partenariat pour la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant (PMNCH) et Seed Global Health.
Tout au long de l’Assemblée générale des Nations unies, le CII a noué des liens avec des partenaires et des alliés, notamment la Coalition de l’ONU pour l’impact sur la santé, la Conférence des organisations non gouvernementales ayant des relations consultatives avec les Nations unies (CoNGO), des groupes de plaidoyer en faveur de la santé universelle au niveau national et des collègues infirmières.
La présidente du CII s’est exprimée en ces termes : « L’Assemblée générale des Nations unies et le Sommet historique pour l’avenir ont été une occasion vitale pour le CII de défendre les soins infirmiers et la santé au plus haut niveau, car nous avons participé à des discussions importantes sur des sujets allant de la résistance aux antimicrobiens et de la couverture sanitaire universelle à l’action climatique, à la transformation numérique de la santé et à la résolution des conflits. Les infirmières, qui constituent le plus grand nombre de professionnels de la santé en première ligne des soins primaires, sont au cœur de toutes ces questions. Il est maintenant temps que les dirigeants de l’ONU traduisent le Pacte pour l’avenir et les engagements pris lors de l’AGNU en actions concrètes en finançant des réformes pour atteindre les ODD et en investissant dans les systèmes de santé et les travailleurs de la santé.
Le CII et la communauté infirmière mondiale sont prêts à continuer à faire progresser nos objectifs communs de santé, d’équité et de paix pour tous ».