Les équipes du service de psychiatrie de l’hôpital Bicêtre AP-HP, de la faculté de médecine de l’Université Paris-Saclay et de l’Inserm (Equipe MOODS-CESP), coordonnées par les Docteurs Matthieu Gasnier et Romain Colle, ont cherché à savoir s’il était possible d’identifier des facteurs qui favorisent l’apparition des troubles psychiatriques après un épisode de COVID-19 sévère. Les résultats de cette étude ont fait l’objet d’une publication parue le 16 septembre 2024 dans la revue Molecular Psychiatry.
Plus de 700 millions de personnes dans le monde ont été touchées par un COVID-19 sévère, ayant entraîné des hospitalisations. Parmi les complications survenues après la phase aiguë de la maladie, on dénombre des troubles psychiatriques, tels que les troubles dépressifs et anxieux.
Cette étude visait donc à déterminer si des marqueurs cliniques et biologiques mesurés durant l’hospitalisation pour COVID-19 permettent de prédire l’apparition de nouveaux troubles psychiatriques chez les patients sans antécédents psychiatriques, suivis jusqu’à deux ans après la phase aiguë de la maladie.
Cette étude de cohorte prospective a été menée à partir de l’Entrepôt de Données de Santé (EDS) de l’AP-HP, comportant les dossiers de 34 489 patients âgés de plus de 18 ans, hospitalisés pour COVID-19 dans les hôpitaux parisiens entre janvier 2020 et septembre 2022. L’étude a exclu les patients ayant des antécédents psychiatriques pour isoler les cas de nouveaux troubles psychiatriques. Les marqueurs de sévérité aiguë étudiés incluaient, entre autres, la durée de l’hospitalisation et les niveaux de certains biomarqueurs sanguins. Les troubles psychiatriques ont été identifiés via les codes diagnostiques de la CIM-10,et les facteurs prédictifs ont été analysés à l’aide de modèles de régression de Cox (l’analyse du temps de survie).
Sur les 34 489 patients suivis, 10,8 % ont développé un nouveau trouble psychiatrique après l’infection par COVID-19. Les troubles psychiatriques les plus fréquemment retrouvés ont été les troubles dépressifs (3,9 %) et les troubles anxieux (5,8 %). Cette étude a identifié trois facteurs indépendants, mesurés pendant l’hospitalisation pour COVID-19, qui sont associés à la survenue ultérieure des troubles psychiatriques : une durée d’hospitalisation supérieure à sept jours, un épisode de confusion et un taux élevé de monocytes sanguins. Des scores prédictifs basés sur ces trois marqueurs simples permettent de prédire de façon assez fiable la survenue de nouveaux troubles psychiatriques post-COVID dans l’année suivant l’infection.
Cette étude a montré l’incidence importante de troubles psychiatriques à deux ans d’une hospitalisation pour COVID-19. Elle ouvre également la voie à des stratégies de détection précoce des troubles psychiatriques qui sont fréquemment sous-diagnostiqués.
Références : Matthieu Gasnier, Pierre Pinson, Nathanael Beeker, Camille Truong-Allié, Laurent Becquemont, Bruno Falissard, Emmanuelle Corruble, Romain Colle – Molecular Psychiatry
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