En partenariat avec le Comité national contre le tabagisme (CNCT), l’INC/60 Millions de consommateurs a analysé en laboratoire la composition de plusieurs marques de sachets de nicotine actuellement vendues en France. Outre des taux élevés de nicotine, les analyses ont montré la présence de métaux lourds, et notamment d’arsenic, ainsi que des taux élevés d’édulcorants comme le sucralose.
Face à ce constat, l’INC/60 Millions de consommateurs et le CNCT appellent à l’interdiction explicite et immédiate de ces produits addictifs et nocifs, annoncée également par la ministre de la Santé début novembre.
Sept produits de quatre fabricants différents (ZYN, VELO, D’LICE et NOIS) ont été choisis parmi les marques les plus facilement disponibles en France. Divers produits ont été intentionnellement sélectionnés afin de refléter le spectre le plus large possible de produits.
Présence de métaux lourds et de substances toxiques
Les sachets analysés contiennent jusqu’à cinq métaux lourds différents. En particulier, l’étude pointe la présence d’arsenic dans l’ensemble des références (entre 0,04 μg et 0,59 μg), soit jusqu’à 6,5 fois les quantités d’arsenic présentes dans une cigarette. Cancérogène avéré, fortement irritante pour les voies respiratoires et toxique en cas d’ingestion, la présence d’arsenic est particulièrement préoccupante.
Dans certaines marques, l’étude souligne également la présence de plomb, d’antimoine (potentiellement cancérogène) et de formaldéhyde (substance toxique et corrosive).
Des niveaux de nicotine élevés et un manque de fiabilité sur les teneurs indiquées
L’analyse montre que les teneurs en nicotine affichées sur les boîtes sont systématiquement sans rapport avec les teneurs réelles des produits. Pour les deux organisations, ces résultats soulignent l’absence de fiabilité de l’étiquetage.
Par ailleurs, les teneurs réelles des sachets de nicotine analysés peuvent aller jusqu’à 38,9 mg/g, soit près de dix fois plus que les substituts nicotiniques (gommes) vendus en pharmacie, limités à 4mg/g. Ces produits apparaissent ainsi comme des vecteurs de dépendance à la nicotine, notamment auprès des jeunes.
Sucralose, xylitol : des produits sucrés pour favoriser la consommation des jeunes
Pour trois marques, les analyses relèvent des taux très élevés de sucralose et de xylitol, deux édulcorants donnant un goût sucré aux sachets (jusqu’à 2 300 ppm pour le sucralose et 14 000 ppm pour le xylitol). Le pouvoir sucrant du sucralose est plus de 600 fois supérieur à celui du saccharose, signifiant que ces références ont un goût aussi sucré que s’ils contenaient 78% et 137% de sucre de table. Ces résultats témoignent d’une volonté de cibler les jeunes générations en conférant aux produits un arôme sucré.
Pour le professeur Yves Martinet, président du CNCT, « Nous alertons depuis plusieurs années sur le fait que la commercialisation de ces produits est illégale. Nous démontrons aujourd’hui que les sachets de nicotine sont particulièrement nocifs par la présence préoccupante de métaux lourds que ces produits contiennent, et des vecteurs d’addiction par leur teneur en nicotine et en édulcorants ».
Cumul d’infractions pour ces produits nécessitant une interdiction immédiate
Pour certaines marques, les emballages présentent les informations en langue étrangère sur lesquelles un autocollant en français est apposé. Ce genre de pratique est illicite.
Le CNCT dénonce depuis des années le phénomène publicitaire autour de ces produits, très présent chez les buralistes, mais également sur Internet et les réseaux sociaux où aucune vérification rigoureuse de l’âge n’est effectuée lors de l’achat, rendant ces produits très accessibles auprès des adolescents.
Le CNCT et l’INC/60 Millions de consommateurs rappellent enfin que les sachets de nicotine sont vendus en France sans déclaration préalable. À la différence des substituts nicotiniques, les sachets de nicotine ne disposent pas d’autorisation de mise sur le marché et n’appartiennent pas à la catégorie des exceptions concernant les produits à la nicotine autorisés. La commercialisation de ces produits est donc illégale et s’apparente à la commercialisation d’une substance vénéneuse inscrite sur la liste I.
Dans une lettre commune adressée au Premier ministre et à la ministre de la Santé, l’INC/60 Millions de consommateurs rejoint la position du CNCT pour demander l’interdiction explicite et immédiate de ces produits.
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