Le 14 décembre dernier, le cyclone Chido dévastait l’île de Mayotte, en pleine saison des pluies. La tempête tropicale Dikeledi est venue aggraver les inondations les 12 et 13 janvier.
Les habitats, précaires surtout, mais aussi permanents, et les infrastructures collectives étaient gravement endommagés.
Une large partie de la population, vivant dans les bangas en tôles ondulées, a été privée de protection, exposée aux pluies saisonnières abondantes. Les habitations construites en dur ont perdu leurs toits. L’eau courante, qui manquait déjà à beaucoup auparavant, a été totalement coupée, comme l’électricité.
Les problèmes de santé s’accumulent, avec au premier plan de nombreuses blessures par clous et tôles qui s’infectent dans une population atteinte de diabète endémique, qui se déséquilibre, sans possibilité de renouvellement des pansements, les troubles digestifs secondaires à la perte de l’accès à l’hygiène, ainsi que les conséquences des traumatismes psychiques subis pendant le cyclone et du fait de la perte de leurs biens. Les dispositifs d’assistance fonctionnant à l’électricité restent souvent inopérants, les médicaments à réfrigérer se détériorent. Les Mahorais et les clandestins sont touchés sans distinction.
Nos collègues, en poste au Centre Hospitalier de Mayotte (CHM), sont comme les autres habitants de l’île, privés d’eau courante, d’électricité, de toit, et contraints de résider dans des logements temporaires à peine mieux lotis. Leurs congés ont pu être annulés ou refusés dans le cadre du Plan Blanc, alors que leur vie privée bouleversée nécessite temps et énergie pour s’organiser, et que la charge de travail est énorme. Dans ces conditions, les arrêt maladies sont inévitables.
L’eau et l’électricité reviennent progressivement dans les foyers, où chacun gère comme il peut les fuites des toitures. Des tonnes de nourriture et d’eau sont acheminés, très progressivement, jusque dans les lieux de vie les plus reculés.
Le CHM n’est encore que partiellement opérationnel avec 2 blocs fermés. Les couvertures de fortune par bâches manquent encore et sont peu efficaces. Les mouches et moustiques mettent en péril l’hygiène des soins dans les services d’urgences et jusque dans les salles de blocs opératoires.
L’hôpital de campagne tourne à plein régime sur le terrain de football de Cavani. Un bloc modulaire devrait être installé au CHM. L’appel à la réserve sanitaire, que le Syndicat des Praticiens des Hôpitaux Publics a relayé, a mobilisé de nombreux volontaires, principalement professionnels de l’urgence. De nombreuses évacuations sanitaires ont pu être effectuées vers l’île de La Réunion, depuis laquelle un pont aérien de 1500 km fournit matériels et professionnels de santé, de sécurité civile, pompiers, et militaires. Les services hospitaliers, secondés par la cellule d’Urgences Médico-Psychologiques et les associations locales, s’organisent avec insuffisamment de moyens humains et matériels, pour accompagner les victimes de traumatismes psychiques.
Cette mobilisation massive est la bienvenue, mais n’évite pas sur place d’inévitables interrogations face à l’ampleur de la tâche de reconstruction et de rétablissement des circuits de soins, déjà insuffisants et fragiles avant cet épisode climatique extrême : combien de temps et à quelle échelle sera-t-elle maintenue, et comment les risques d’épuisement des professionnels seront-ils pris en compte ?
En cette période de crise extrême, où il ne peut être laissé aucune place aux polémiques, le Syndicat des Praticiens des Hôpitaux Publics soutient et encourage toute l’aide possible à la population, dans l’urgence et dans la durée.
Dans le même temps, le Syndicat des Praticiens des Hôpitaux Publics exprime son total soutien aux professionnels de santé engagés sur le terrain, et appelle à prendre en compte et à anticiper les risques psychosociaux auxquels ils sont plus particulièrement exposés.
D’autres informations sont disponibles sur les sites du SPHP et d’APH