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Samu : un taux de recours en hausse à la suite de la crise sanitaire et des mesures de régulation des urgences (Etude)

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La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une étude sur l’évolution du recours au Samu-Centre 15 à la suite de la crise sanitaire et des mesures de régulation des urgences. Cette étude, qui s’appuie sur des données issues de la statistique annuelle des établissements de santé (SAE) de 2014 à 2022, met en lumière une hausse de l’activité des Samu sur la période, avec des disparités géographiques, ainsi que la contribution accrue des médecins libéraux à la régulation médicale des appels au 15.

Au sein des structures hospitalières, le Samu, ou Centre 15 (en référence à son numéro de téléphone), assure une écoute médicale permanente. Tout appel décroché, en rapport avec un problème médical, médico-social ou sanitaire, fait l’objet d’un dossier de régulation (DR) établi par un assistant de régulation médicale. Lorsqu’un médecin régulateur est sollicité, le DR devient alors un dossier de régulation médicale (DRM).

Les données relatives à l’activité du Samu et à la régulation qu’il exerce proviennent de la statistique annuelle des établissements de santé (SAE), enquête administrative annuelle réalisée auprès de tous les des établissements de santé de France. Les établissements y reportent notamment des données sur les appels aux Samu, le nombre de DR et de DRM, dont ceux traités par des médecins libéraux, ainsi que le nombre d’heures travaillées par assistant de régulation médicale et par médecin régulateur.

La crise sanitaire et les « mesures Braun » se sont traduites par une accélération du recours au Samu

En 2022, le Samu-Centre 15 a traité 20,7 millions de dossiers de régulation, soit une augmentation de 48 % par rapport à 2014, où 14,0 millions de DR avaient été enregistrés.

Le taux de recours au Samu (nombre de dossiers de régulation pour 100 habitants) a augmenté régulièrement de 2014 à 2019 dans un contexte de baisse de l’accessibilité à la médecine de ville : il est passé de 21 % à 25 %. Cette progression a ensuite connu deux accélérations. En 2020 et en 2021, au plus fort de la crise sanitaire, le taux de recours a bondi une première fois sous l’impulsion des consignes visant à limiter les déplacements à l’hôpital (pour réduire les contaminations et prévenir la saturation des services) : il atteint 27 %. Puis, en 2022, le taux de recours au Samu atteint 31 %, soit +4 points par rapport à 2021, sa hausse la plus marquée sur la période.

Cela fait suite à la mise en œuvre des « mesures Braun », issues de la mission flash sur les urgences et les soins non programmés qui ont introduit une régulation accrue de l’accès aux urgences, notamment par un appel préalable au Samu. Les premières estimations pour 2023 suggèrent une stabilisation du taux de recours au Samu.

Cette évolution du recours au Centre 15 coïncide par ailleurs avec le déploiement progressif du service d’accès aux soins (SAS) depuis 2021, également accessible via le numéro 15. Le SAS permet aux appelants d’être mieux orientés dans le système de soins, non plus seulement en cas de besoins relevant de l’aide médicale urgente (AMU), mais aussi pour des soins non programmés pris en charge en ville.

Les disparités départementales de recours au Samu sont marquées sur la dernière décennie

En 2022, les taux de recours au Samu présentent d’importantes disparités selon les départements : ils s’échelonnent de 19 % en Seine-et-Marne à 78 % en Lozère. Ces taux sont notamment plus élevés dans les départements où la population âgée (de plus de 75 ans) est surreprésentée, où la défavorisation sociale est forte, ou encore dans les territoires où l’accessibilité aux médecins généralistes et aux services d’urgence est plus limitée.

Les écarts géographiques, tels que mesurés par le rapport interdéciles, sont ainsi importants mais stables sur la période : 2,0 en 2014 et 2,1 en 2022. Cela signifie que le taux de recours au Samu est au moins deux fois plus important dans les 10 % de départements aux taux les plus élevés que dans les 10 % de département aux taux les plus faibles.

Des évolutions contrastées s’observent toutefois pour certains départements : pendant la crise sanitaire en particulier, certains départements ont connu des hausses très marquées de leur recours au Samu (+14 points entre 2019 et 2020 en Mayenne, +9 points en Haute-Vienne), tandis que quelques rares baisses ont été observées (-4 points dans le Pas-de-Calais, -3 points en Moselle).

La contribution des médecins libéraux à la régulation médicale du Samu s’est renforcée

La contribution des médecins de ville (principalement libéraux) à la régulation médicale peut être mesurée par la proportion de dossiers de régulation médicale qu’ils prennent en charge. Après être restée relativement stable (autour de 33 %) de 2014 à 2019, elle augmente ensuite fortement, pour s’établir à 40 % en 2022.

Cette hausse, concomitante à l’augmentation du taux de recours au Samu, témoigne d’une implication croissante de médecins libéraux qui font plus qu’absorber la charge de travail supplémentaire. La crise sanitaire, puis les mesures Braun mises en place dès l’été 2022 semblent en effet avoir accéléré la collaboration entre le Centre 15 et les médecins libéraux, avec notamment plus d’appels au Samu, puis au SAS au fur et à mesure de son déploiement, pour des soins ne relevant pas de l’AMU, qui peuvent donc être pris en charge par des médecins libéraux.

La contribution des médecins libéraux à la gestion des appels au 15 s’avère cependant très inégale d’un département à l’autre, et ce sur toute la période. Elle est plus de trois fois plus importante dans les 10 % de départements aux taux de participation les plus élevés que dans les 10 % aux taux les plus faibles. La participation des médecins libéraux atteint ainsi jusqu’à 85 % en Haute-Loire en 2020 (70 % en 2019 et 2022). À l’inverse, aucun médecin libéral n’a participé à la régulation entre 2014 et 2022 dans certains départements tels que la Lozère, les Ardennes ou la Haute-Marne.

En 2022, 88 % des appels au Samu sont décrochés, dont 80 % en moins d’une minute

L’intensification de l’activité du Samu a entraîné une augmentation de la charge de travail, particulièrement en 2022. Cette année-là, 88 % des appels entrants ont été décrochés, mais seulement 80 % l’ont été en moins d’une minute, contre une moyenne de 85 % sur la période 2018-2021, dans un contexte de surcharge d’appels et de difficultés de recrutement. Ainsi, de 2021 à 2022, le nombre de dossiers de régulation rapporté à celui des heures travaillées par assistant de régulation médicale est passé de 5,0 à 5,5, et le nombre de dossiers de régulation médicale rapporté à celui des heures travaillées par médecin régulateur est passé de 6,7 à 7,2.

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Contact presse : drees-presse@sante.gouv.fr

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