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Paternité : organisation des temps professionnels et familiaux deux ans après la naissance d’un enfant (Étude)

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La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie un Dossier qui donne à voir le point de vue des pères sur la manière dont se négocie la répartition des temps à la fois dans la sphère professionnelle mais aussi dans la famille, et comment s’organisent au quotidien les temps de la vie privée deux ans après la naissance d’un enfant. Ce dossier s’appuie sur les données issues d’une enquête qualitative menée en 2023 auprès de certains des pères interrogés dans l’enquête Modes de garde et d’accueil des jeunes enfants réalisée par la DREES en 2021.

Les constats dressés dans ce dossier s’appuient sur 49 entretiens menés entre avril et octobre 2023 auprès de pères aux profils variés ayant un enfant né en 2021. Ce recueil constitue la deuxième des trois vagues du projet de recherche Paternage mis en place par la DREES afin d’évaluer qualitativement l’impact de la réforme du congé de paternité de juillet 2021 sur l’évolution des pratiques et représentations paternelles au cours des trois premières années de vie de l’enfant. Ce projet associe l’Université de Lyon 2, l’Ined, Sciences Po Paris et AgroParisTech.

 

Des discours qui priorisent la famille mais une vie professionnelle qui ralentit peu

Un an après la première vague d’entretiens, à distance du congé de paternité et de sa « parenthèse enchantée », le retour à l’emploi des deux parents affecte fortement l’articulation des différents temps sociaux. La pluralité des retours d’expérience recueillis révèle tout d’abord une certaine dissonance entre les discours de priorisation de la famille tenus par les pères et les ajustements professionnels à la marge qu’ils concèdent.

L’investissement domestique des pères se retrouve ainsi souvent indexé aux horaires de travail et conduit à une forte asymétrie de la répartition des tâches ménagères et parentales au sein du couple. L’externalisation de certaines de ces tâches est souvent négociée par les pères comme mode de résolution de cette inégalité domestique afin d’optimiser le « temps de qualité » en famille.

 

Un investissement paternel facilité par une culture d’entreprise favorisant la conciliation des temps familiaux et professionnels

Le dossier met également en lumière l’importance des pratiques et usages dans l’entreprise sur les comportements des pères : ceux-ci assument en effet plus ou moins leur paternité au travail en fonction de l’acceptabilité, réelle ou perçue, des contraintes familiales dans leur environnement professionnel.

Ainsi, le télétravail permet à nombre de pères de faciliter au quotidien cette articulation entre vie familiale et vie professionnelle. Certains vont jusqu’à y recourir en masquant leur investissement dans la paternité ; dans de plus rares cas, le télétravail est à l’inverse explicitement envisagé par l’employeur comme un moyen de conciliation.

 

Une organisation chronométrée du quotidien et en relais

Dans les entretiens réalisés, les pères décrivent une organisation du temps dans la vie privée très chronométrée et en relais, obéissant à une alternance souvent spécialisée entre les conjoints. Les pères tendent à s’approprier certaines tâches ménagères en invoquant des compétences en matière d’organisation ou à travers un discours qui emprunte souvent au registre classique masculin.

Ils déclarent ainsi assurer le « gros » concernant les courses ou la cuisine, souvent le week-end. Cette rhétorique n’est pas anodine car elle tend à invisibiliser le travail domestique féminin dont les effets seraient d’une certaine manière moins perceptibles.

 

Les activités plaisantes avec les enfants sont souvent privilégiées

Toujours dans une logique de priorisation de la qualité sur la quantité, les pères privilégient les activités parentales plaisantes et tendent à délaisser les tâches peu gratifiantes en justifiant leur implication par une moindre disponibilité ou compétence. Lorsqu’ils ont la charge des enfants, les pères mentionnent fréquemment les sorties à l’extérieur du domicile.

L’évocation des moments seuls avec l’enfant n’est pas dépourvue d’ambivalences : si la plupart des pères apprécient de partager des activités de plus en plus diversifiées avec leur enfant à mesure qu’il grandit, ils soulignent également la fatigue et certains moments pénibles, notamment lors des temps familiaux comme les repas.

 

Gérer l’autorité : des pères confrontés aux premières difficultés éducatives

Si les familles peuvent suivre des normes différentes pour élever leurs enfants, le rapport à l’autorité – ou la question de savoir comment faire respecter les règles – demeure central pour les pères. L’organisation en relais où l’un des parents prend seul en charge l’enfant ne concerne pas seulement une recherche d’efficacité domestique, il peut également résulter d’une stratégie afin de libérer du temps pour soi. Ainsi, certains pères peuvent avoir à cœur de permettre à la mère de « souffler », ces moments permettant un rééquilibrage des inégalités de la semaine.

Dans une logique donnant-donnant, d’autres pères s’octroient aussi ce type de parenthèse, voire l’imposent comme une condition non négociable de leur équilibre personnel. Enfin, interrogés sur leur vie de couple, la plupart des pères font le constat d’un temps conjugal réduit à la marge, ce qui peut faire parfois l’objet de tensions ou de conflits. Ces situations sont difficilement dicibles lors des entretiens, mais elles affleurent à plusieurs reprises.

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