Depuis juillet 2023, la vaccination contre les infections à pneumocoques avec le vaccin Prevenar20 est recommandée par la Haute Autorité de santé (HAS), pour les personnes âgées de 18 ans et plus dès lors qu’elles sont à risque de faire une forme sévère. Alors que les cas d’infections augmentent en France et exposent particulièrement les personnes âgées de 65 ans et plus, la HAS recommande aujourd’hui d’élargir la vaccination à l’ensemble de cette population.
Cette recommandation a pour objectifs d’améliorer la couverture vaccinale et de simplifier le calendrier vaccinal par âge clef.
Dans le monde, la bactérie Streptococcus pneumonie est la principale cause de décès au cours d’infections respiratoires chez les enfants de moins de 5 ans et les adultes de plus de 65 ans. C’est aussi la première cause d’infections invasives (méningites, bactériémies) chez l’adulte en France, représentant 40 % de ces infections[1]. Il s’agit enfin d’un des principaux facteurs de surinfection bactérienne de la grippe chez l’adulte.
A partir de 2017, la vaccination contre le pneumocoque a été recommandée chez les personnes à risque de forme sévère d’infection à pneumocoque avec deux vaccins différents administrés de façon séquentielle : VPC 13 puis VPP 23[2].
Les données disponibles ont néanmoins montré une couverture vaccinale très insuffisante : entre 5 et 16,9 %. Parallèlement, l’incidence des infections invasives est restée élevée chez les adultes à risque et augmente de façon importante avec l’âge : cette incidence est ainsi 6 fois plus importante à 89 ans et plus, qu’à l’âge de 50 ans (37,7 par 100 000 habitants contre 6 cas par 100 000 habitants). La mortalité de ces infections invasives à pneumocoques varie de 10 à 30 % selon les études et augmente avec l’âge et les comorbidités. Celle des pneumonies à pneumocoque touche 1 patient hospitalisé sur 10, voir plus chez les patients âgés.
En 2023, face à l’augmentation du taux d’incidence des infections à pneumocoques invasives, la HAS a recommandé la vaccination des adultes à risque de forme sévère à partir de 18 ans avec une dose du vaccin pneumococcique conjugué 20-valent (c’est-à-dire dirigé contre 20 sérotypes pneumococciques) : Prevenar-20. La HAS avait alors estimé que le recours à ce vaccin permettait d’améliorer la protection contre les sérotypes responsables des infections invasives et, grâce à son mode d’administration plus simple, en une seule injection, de simplifier le schéma vaccinal.
Aujourd’hui, la HAS poursuit sa stratégie de simplification vaccinale. Après s’être autosaisie, elle recommande d’élargir la vaccination avec le vaccin Prevenar-20 à toutes les personnes âgées de 65 ans et plus, et non plus seulement aux personnes âgées de 65 ans et plus présentant des comorbidités.
L’âge : un facteur de risque à lui seul
La HAS a considéré que l’âge est un facteur de risque à lui seul pour préconiser l’élargissement. 60% des cas[3] d’infections invasives à pneumocoques concernent en effet des adultes de 65 ans et plus. A l’âge de 65 ans, la sévérité de ces infections invasives est multipliée par trois[4]. De plus, cette population est susceptible de développer des formes graves de pneumonie aiguë communautaire. Elle représente ainsi 75 % des cas d’hospitalisation pour ce type de pneumonie.
Par ailleurs, la moitié des adultes de 65 ans et plus hospitalisés pour une pneumonie aiguë communautaire et plus d’un quart des patients hospitalisés pour une infection invasives a pneumocoque surviennent chez des personnes sans comorbidités et qui échappent donc aux recommandations vaccinales actuelles.
La HAS s’est également appuyée sur les données d’efficacité et de tolérance du vaccin Prevenar-20 satisfaisantes dans cette population. Elle a ainsi pris en compte les données de pharmacovigilance, avec notamment un suivi européen sur la survenue du syndrome de Guillain-Barré. Enfin, la HAS note un rapport coût-efficace du vaccin Prevenar-20, par rapport aux autres vaccins existants, particulièrement favorable chez les 65 ans et plus à long terme, d’après les études menées à l’étranger (Angleterre, Espagne et Italie) où cette stratégie basée sur l’âge et non sur la présence de comorbidités a été mise en place dans de nombreux pays.
Simplifier le calendrier vaccinal et poursuivre les efforts pour accroitre la vaccination
En proposant d’élargir la vaccination à l’ensemble des personnes âgées de 65 ans et plus, la HAS répond à un double objectif : simplifier le calendrier vaccinal par âge clef et accroitre la couverture vaccinale. Désormais, 4 vaccins (Covid, grippe et zona, et pneumocoque) et 1 rappel (DTP) sont recommandés chez les personnes âgées de 65 ans et plus.
En pratique, la vaccination contre le pneumocoque, à administration unique, peut se faire de façon concomitante avec les vaccins saisonniers conformément à l’autorisation de mise sur le marché. Le vaccin peut donc être administré séparément ou conjointement avec un vaccin grippal quadrivalent et avec un vaccin à ARNm contre le Covid-19.
La HAS rappelle par ailleurs l’importance de maintenir les critères d’éligibilité actuels pour les adultes âgés entre 18 et 64 ans présentant un risque accru d’infection invasive à pneumocoque, conformément à la recommandation publiée en juillet 2023.
De manière générale, elle préconise que des études soient menées afin d’établir la couverture vaccinale. La HAS précise enfin que cette recommandation pourra être revue en fonction de l’évolution des données disponibles, de la disponibilité de nouveaux vaccins et selon l’évolution de la situation épidémiologique.
Pour en savoir plus :
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Consulter la recommandation vaccinale
Notes :
[1] (Données EPIBAC 2024)
[2] Une dose de vaccin conjugué 13-valent (Prevenar 13), puis une dose de vaccin pneumococcique polyosidique non conjugué 23-valent (Pneumovax), deux mois plus tard
[3] (Analyse SPF sur 2014-2022 Répartition des infections invasives à pneumocoques selon l’âge et le niveau de risque chez les adultes, Epibac, SIIPA CNR-ORP France métropolitaine, 2014-2022 (dec 2024)
[4] Facteurs de risque des formes sévères d’infections invasives a pneumocoques – étude prospective multicentrique chez l’adulte en France. Etude du groupe SIIPA. MMI 2024
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