Face à l’urgence sanitaire, les réflexes corporatistes ne peuvent plus perdurer.
Pour le collectif « Pour un Grenelle de la santé », le droit des IPA à prescrire participe à une offre de soins de premier recours et répond à l’urgence sanitaire dans les territoires ruraux.
En publiant le décret 2025-55 qui élargit le champ de prescription des infirmiers en pratique avancée (IPA), le nouveau ministre de la Santé donne un nouvel élan aux coopérations interprofessionnelles. Avec l’inclusion en primo-prescription, des dispositifs médicaux et des médicaments soumis à prescription médicale obligatoire, le Ministre de la santé renforce ainsi l’offre de soins dans le premier recours et surtout répond à l’urgente à la fois sanitaire et social visible partout dans territoires.
Aujourd’hui, 30,2% de la population française vit dans un désert médical. Et près de 800 000 personnes en ALD sans médecin traitant à fin 2023 dont plus de 710 000 pour le seul régime général. Ce manque de suivi met tous ces patients dans une précarité médicale pénalisante voire dangereuse dénoncé aussi par l’AMRF.
Pourtant le syndicat des médecins libéraux (SML) manifeste une virulente opposition à ce texte qui apparaît un peu décalée face aux besoins médicaux croissants et non couverts
La santé serait-elle une propriété privée ?
Loin d’être saugrenue, la question mérite d’être posée à la lecture du dernier communiqué du Syndicat des médecins libéraux (SML). En qualifiant le décret 2025-55 du 20 janvier 2025, qui élargit le champ de prescription accordé aux infirmiers en pratique avancée (IPA), de « régression inquiétante pour nos concitoyens et pour la médecine française », le SML fait, en effet, preuve d’une vision corporatiste de notre système de santé, selon le collectif « Pour un Grenelle de la santé ».
Vingt-cinq ans après la reconnaissance accordée aux pharmaciens de substituer un médicament par « un équivalent thérapeutique de composition et de dosage en principe actif identique à la spécialité princeps » cette réaction de quelques praticiens, qui peinent à regarder vers l’avenir, ressemble à un injuste un combat contre l’interprofessionnalité. L’association qui promeut un dialogue citoyen entre soignants, patients et aidants dénonce ce corporatisme. Le collectif estime que l’approche du SML ne va pas dans l’intérêt de patients, de plus en plus souvent, confrontés à une pénurie de soignants.
Une avancée très attendue par les professionnels de soins et les jeunes générations de praticiens
Il s’agit d’un combat incompréhensible sachant que la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 sur la modernisation de notre système de santé et qui créait les IPA; date de plus de neuf ans maintenant. Elle visait à répondre aux nouveaux enjeux d’un système de santé en mutation. C’était toute la raison d’être de son article 119 traduit dans l’article L.4301-1 du CSP qui a introduit le principe de la pratique avancée des auxiliaires médicaux.
Il était donc temps que le ministre signe un décret à même de mettre en application cet article et son corollaire le L.4301-2 du CSP issu de la loi 2023-379 portant sur l’amélioration de l’accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé, dite loi Rist, qui a introduit un accès direct aux IPA.
Il était dès lors logique que Yannick Neuder se réjouisse « de cette avancée, très attendue par la profession, qui vient concrètement renforcer l’accès aux soins de nos concitoyens ! ». D’autant que le ministre sait « pouvoir compter sur les IPA et sur leur capacité à s’inscrire dans une dynamique collective où l’équilibre entre les compétences de chacun sert la santé de tous. »
Accès aux soins facilité et besoins médicaux non pourvus ; Mais à l’inverse, l’appréciation portée par le SML qui compare les « dix années d’études difficiles pour apprendre la médecine en France dont quatre années de formation pratique encadrée par des médecins seniors », aux « quelques mois de formation » après lesquels « les IPA seraient autorisés désormais à pratiquer les mêmes actes médicaux » semble dévalorisante pour ces professionnels qui ont suivi une formation complémentaire de deux années.
Par la même, le syndicat s’oppose au principe même de coopérations interprofessionnelles de qualité et donc à un accès aux soins facilité pour les patients.
« Côté patients, la même incompréhension s’exprime devant ce corporatisme qu’ils ne comprennent pas, à l’heure où nombre d’entre eux n’ont plus de médecin traitant et où la prise en charge d’un premier recours est un problème. Ce qui compte, c’est de se sentir en sécurité et d’être sûr que l’intérêt de tous les professionnels de santé soit de bien s’entendre pour un meilleur suivi de nous, patients », s’exclame Virginie Vepierre, mère de 3 jeunes patients d’atteints d’asthme sévère.
Faire face à l’Urgence sanitaire dans les territoires
Dans un contexte de la pénurie de médecins en France qui menace l’accès aux soins pour les patients et les conditions de travail pour les professionnels de santé, l’opposition du syndicat des médecins libéraux (SML) à ce texte apparaît dès lors comme la manifestation d’une médecine qui n’a pas pris la mesure de l’urgence sanitaire et sociale.
L’intérêt du patient est en danger et s’oppose aux souhaits des patients de pouvoir accéder, dans leur intérêt, à des professionnels de santé enclins à travailler en coordination au sein des territoires.
Contact médias : Vanessa Ralli / contact@collectifgrenelledelasante.org
Pourquoi confondre corporatisme et connaissance ? Le danger pour ma santé c’est surtout de ne toujours pas avoir accès à un médecin parce qu’il a été remplacé par une infirmière certes compétente mais sans compétence médicale. On bouche les trous, accessoirement à moindre frais, on s’en félicite mais finalement, on n’aura toujours pas de médecin pour faire un diagnostic. On continuera de errer et de perdre un temps précieux pour notre santé. La coopération c’est bien, mon fils asthmatique s’il peut être SUIVI par une infirmière spécialisée dans le domaine parce que mon médecin me l’assure c’est bien, mais s’il ne va pas bien, c’est un médecin que je chercherai, parce quun enfant asthmatique qui a de la fievre par exemple, on n’attend pas de voir l’infirmière qui ne saura pas et attendre et chercher une consultation médicale lui fera perdre des chances. Le problème ne sera pas réglé. On ira a lhopital . On a besoin d’infirmière de suivi c’est sûr Mais pas d’infirmière de diagnostic et d’instauration de traitement.