Cela fait maintenant plus d’un an que nous alertons sur une substance PFAS omniprésente dans l’environnement : le TFA. Ce PFAS à chaîne ultra courte, et extrêmement persistant est présent dans tous les milieux notamment dans les eaux de surface et souterraines. Échappant à la plupart des techniques de traitement de l’eau potable, il est également retrouvé dans l’eau potable comme nous l’avons récemment montré avec l’UFC Que Choisir. L’eau en bouteille n’est pas en reste et est également contaminée. Le TFA est de loin le PFAS que nous retrouvons le plus dans l’eau que nous buvons.
Alors que les connaissances sur sa toxicité restent limitées mais suffisantes pour que l’Allemagne propose de le classer comme toxique pour la reproduction probable, les scientifiques sonnent l’alerte : les concentrations en TFA dans les milieux augmentent et constitueraient une menace pour les limites planétaires si nous ne faisons rien.
Il est donc nécessaire de s’attaquer à la source et d’interdire ou limiter drastiquement l’usage des substances générant du TFA.Outre les gaz réfrigérants fluorés, les pesticides PFAS figurent parmi les principales sources d’émission, en particulier en milieu agricole. En effet, ces pesticides se dégradent dans les sols en TFA (alors considéré comme un métabolite) qui va ensuite contaminer les milieux aquatiques, et en particulier les eaux souterraines, du fait de sa grande solubilité.
C’est une des raisons pour lesquelles Générations Futures et d’autres associations demandent l’interdiction des pesticides PFAS.Cette interdiction est également demandée par EurEau, la fédération européenne des producteurs d’eau potable.
Pourquoi cibler le fluopyram en particulier?
En raison des alertes toxicologiques existantes sur le TFA, la Commission considère le TFA comme un métabolite pertinent au sens de la réglementation sur les pesticides (Règlement 1107/2009). En conséquence, toute substance conduisant à une contamination des eaux souterraines par le TFA supérieure à 0,1 µg/L doit être interdite.
Ce risque de contamination par le TFA au-delà du seuil réglementaire a été clairement démontré pour l’herbicide flufenacet pour lequel la Commission a proposé le non renouvellement de son autorisation après plus de 11 ans de prolongation.
Les preuves de la contamination des eaux souterraines par le TFA existent également pour le fluopyram et sont fournies par le demandeur de son autorisation: Bayer. Des études montrant que le fluopyram se dégrade en TFA dans les sols entrainant une contamination importante des nappes phréatiques sont disponibles dans le dossier de Bayer depuis 2021. Pourtant, la Commission a en janvier 2024 prolongé l’autorisation du fluopyram pour 2,5 ans supplémentaires, jusqu’au 30 juin 2026. Les preuves que le fluopyram ne respecte pas les exigences de la réglementation sont accablantes et il n’est pas acceptable de laisser sur le marché cette substance.
D’autant plus que le TFA n’est pas le seul problème du fluopyram, qui est un fongicide de la famille des SDHI, famille connue pour causer de multiples effets néfastes sur la santé et l’environnement.
Ainsi, à l’initiative de Générations Futures et de PAN Europe, un collectif de 29 ONG. a envoyé une lettre pour demander à la Commission européenne de retirer l’approbation du fluopyram.
« Les preuves scientifiques sont claires : le fluopyram contribue massivement à la contamination des eaux souterraines par le TFA,un PFAS ultra-persistant. Malgré cela, la Commission européenne a prolongé son autorisation en contradiction avec la réglementation en vigueur. Il est urgent d’appliquer le principe de précaution et de retirer cette substance du marché pour protéger la santé publique et l’environnement », déclare Pauline Cervan, toxicologue chez Générations Futures.
Lire le courrier de Générations Futures : Appel pour l’interdiction du fluopyram
En France on constate grâce à notre carte Geophyto que le fluopyram est acheté principalement dans les zones de grandes cultures au nord du pays et certaines zones viticoles. Les départements les plus concernés par ces achats sont en 1) l’Eure et Loir, en 2) l’Eure et en 3) la Marne.
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Contacts presse France
Générations Futures
Nadine Lauverjat
Déléguée Générale de Générations Futures
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