Toute la communauté médicale s’inquiète de la hausse des violences envers les médecins : une augmentation de 27% entre 2022 et 2023 selon l’Observatoire de la sécurité des médecins, piloté par le Conseil national de l’Ordre des médecins. À l’occasion du 12 mars, qui marque la journée européenne de sensibilisation à la violence envers les médecins et les autres professionnels de la santé, les organisations représentatives des médecins ont partagé deux constats inquiétants :
➢ 1) En matière de sécurité des médecins, de nombreux dispositifs existent mais sont méconnus ou inopérants sur le terrain.
En 2010, les présidents des conseils nationaux des ordres des professionnels de santé signaient avec les ministres de la santé, de la justice et de l’intérieur, un protocole national ayant vocation à formaliser un partenariat pour améliorer la sécurité des professionnels de santé. Aux termes de ce protocole national (et ses déclinaisons locales), plusieurs dispositifs ont été actés : la possibilité d’identifier des interlocuteurs locaux privilégiés en services de gendarmerie et de police, la possibilité pour les Conseils Départementaux de demander des conseils concernant la sécurité des médecins (à propos de la sécurisation des cabinets, de l’installation de dispositifs de vidéo-protection, à la sécurité de leurs déplacements, etc.), la possibilité d’élaborer une procédure d’alerte spéciale des forces de l’ordre, la possibilité de recueillir les plaintes des professionnels de santé sur place ou sur rendez-vous, etc.
Parallèlement, les ordres professionnels ont développé des offres de formations et guides pratiques visant à désamorcer des situations conflictuelles entre professionnel de santé et patient.
15 ans plus tard, il nous semble qu’il y a un enjeu majeur à accélérer la connaissance de ces dispositifs largement méconnus etd’en assurer la déclinaison territoriale pour offrir une réponse concrète et opérationnelle aux médecins sur le terrain.
➢ 2) La pénurie médicale prend en étau les médecins qui sont, dans le même temps, victimes de la pression exercée sur le système de santé et tenus injustement responsables par certains patients de sa dégradation.
Le renforcement des sanctions encourues par les auteurs de violences ne résoudra pas à lui seul les difficultés. Pour nos organisations, la lutte contre les violences sur les professionnels de santé passe d’abord par l’amélioration des conditions de prise en charge de la population. Il faut réduire la pression sur le système de santé si on veut combattre les comportements très inquiétants qui découlent des difficultés d’accès aux soins de plus en plus régulièrement.
En ce sens, nos organisations soutiennent toutes les propositions qui peuvent améliorer l’attractivité de l’exercice médical et la prise en charge des patients.
Nous demandons par ailleurs une meilleure régulation des demandes de certificats médicaux non obligatoires, qui font perdre du temps médical, au détriment du porte-feuille du patient et de l’Assurance Maladie, tout en mettant les médecins dans la situation délicate de refuser d’effectuer pour le compte du patient un certificat qui ne devrait même pas être demandé.
Enfin, alors que de nombreuses campagnes de sensibilisation sur les violences faites sur les médecins ont déjà été réalisées, nous proposons de les orienter sur le rôle des médecins, afin d’éclairer les patients sur ce qu’un médecin peut faire et refuser de faire, et limiter ainsi les frustrations d’une patientèle qui se perd dans le système de santé actuel.
La communauté médicale, engagée au quotidien pour la santé de la population, appelle au respect de toutes et tous, particulièrement dans les relations de soins qui sont au cœur du vivre ensemble de la société.