Filtres
Type d'information
Secteur
Zone géographique
Période
Tri

Coût de la grippe : et si on protégeait mieux et dépensait moins ? (Communiqué)

Imprimer la liste
Share

Le coût de la grippe aujourd’hui en France 

Le fardeau de la grippe : les seniors face à ses complications 

Avec 2 à 6 millions de cas chaque année en France, la grippe embolise le système de santé et tue ou fragilise des individus initialement en relative bonne santé. En effet, la grippe représente à elle seule, en moyenne, plus d’un million de consultations en médecine de ville, plus de 20.000 hospitalisations et environ 9.000 décès par an.

Les seniors sont les premiers touchés avec plus de 90% des personnes dont le décès est attribuable à cette tranche d’âge. Le vieillissement du système immunitaire, appelé « immunosénescence », auquel s’ajoute une fréquence accrue des comorbidités font des séniors des individus particulièrement vulnérables face aux infections virales notamment la grippe. Vectrice de conséquences graves, la grippe est responsable de l’augmentation du risque d’accidents cardiovasculaires – 8 fois plus de risque d’AVC et 10 fois plus de risque d’accident du myocarde – mais également de la perte d’autonomie, devenant souvent irrémédiable à ces âges.

Sur le plan de la prise en charge hospitalière, les personnes de 60 ans et plus représentent 69% des journées d’hospitalisation pour la grippe et 59% des hospitalisations pour la grippe sévère induisant une admission en unité de soins intensifs. Entre crise hospitalière, affolement du monde libéral et recrudescence des épidémies, ces prises en charge pourraient être amoindries ou évitées si la couverture vaccinale de cette population était maximale.

Les coûts directs et indirects de la grippe en France

L’estimation globale du fardeau économique de la grippe en France varie entre 1 et 2 milliards d’euros par an, basée sur la combinaison des coûts directs (soins de santé) et indirects (pertes de productivité, absentéisme, etc.) liés à la maladie et à ses potentielles complications. Les éléments suivants permettent d’en comprendre l’ampleur plus spécifiquement à l’échelle française.

Coûts directs
Les consultations médicales représentent environ 50 à 100 millions d’euros. La grippe entraîne de nombreuses consultations chez les médecins généralistes et les spécialistes, notamment lors des épidémies hivernales. Selon les données de l’Assurance Maladie, environ 1 million de consultations par an peuvent être attribuées à la grippe.
Les hospitalisations représentent quant à elles un budget compris entre 100 à 200 millions d’euros. Environ 20.000 patients sont hospitalisés chaque année pour des complications liées à la grippe, avec des coûts élevés pour les soins intensifs et les traitements associés, notamment pour les patients fragiles (personnes âgées ou à risques).

Somme des coûts directs liés à la grippe par an
Consultations médicales 50 à 100 millions d’euros
Hospitalisations 100 à 200 millions d’euros
TOTAL  ~ 300 millions d’euros

Le total est établi sur la base de la considération des données les plus grandes.

Coûts indirects

L’absentéisme au travail a un coût estimé entre 150 et 400 millions d’euros. La grippe est une cause fréquente d’arrêt de travail. Selon des estimations de l’Assurance Maladie, la grippe pourrait entraîner la perte de 1,5 à 2 millions de journées de travail annuellement, affectant la productivité des entreprises.

La perte de productivité se chiffre entre 100 et 200 millions d’euros. Outre les absences, les personnes touchées par la grippe mais continuant à travailler peuvent être moins productives. Ce phénomène, appelé « présentéisme », peut entraîner une baisse de productivité de 20 à 50% pour les travailleurs grippés qui ne s’arrêtent pas.

En outre, la grippe est à l’origine d’une accélération de la perte d’autonomie (23% des personnes de 65 ans et plus subissent une perte d’autonomie dans le mois qui suit l’hospitalisation. Bien qu’il soit difficile de l’évaluer, la Cour des Comptes, dans son Rapport de novembre 2021, évalue le montant des dépenses engagées au titre de la prévention de la perte d’autonomie à près de 1,5 milliards d’euros par an, dont près de 460 millions pour les aides techniques (fauteuils, déambulateurs, cannes…) de l’Assurance Maladie et près de 300 millions d’euros pour l’action sociale de la Caisse nationale d’assurance vieillesse.

Enfin, les décès prématurés engendrent un coût de 50 à 100 millions d’euros. La grippe entraîne en moyenne 9.000 décès annuels, surtout parmi les personnes âgées et celles atteintes de maladies chroniques. Les décès prématurés ont un coût économique lié à la perte de productivité future.

Somme des coûts indirects liés à la grippe par an
Absentéisme au travail 150 à 400 millions d’euros
Perte de productivité 100 à 200 millions d’euros
Décès prématurés 50 à 100 millions d’euros
TOTAL ~ 700 millions d’euros

Le total est établi sur la base de la considération des données les plus grandes.

Impact de la vaccination grippale aujourd’hui

Impacts positifs : les bénéfices de santé publique et économiques de la vaccination contre la grippe saisonnière dans les groupes à risque en Europe

Une étude basée sur un modèle épidémiologique statique a mesuré l’impact de la vaccination contre la grippe en termes de santé publique et d’économies dans quatre pays européens : la France, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni. Pour chaque pays et groupe à risque, les données les plus récentes sur la taille de la population, la couverture vaccinale, l’épidémiologie de la grippe pré-pandémique, les coûts médicaux directs et l’absentéisme ont été identifiés par une revue systématique de la littérature, complétée par une recherche manuelle. Les résultats étaient les suivants : cas de grippe évités, visites chez un médecin généraliste, hospitalisations, nombre de jours de travail perdus, frais médicaux directs et coûts liés à l’absentéisme.

À partir de la saison 2021/2022, le Royaume-Uni a atteint une couverture vaccinale encourageante parmi les groupes à risque (65 %), suivi de l’Espagne (47 %), de la France (44 %) et de l’Italie (44 %). Sur la base de la modélisation, la couverture vaccinale de 2021-2022 a permis d’éviter environ 1,9 million de cas de grippe, évitant ainsi 375.200 visites chez le médecin généraliste, 73.200 hospitalisations et 38.400 décès.

Il est estimé que la vaccination annuelle contre la grippe saisonnière permet d’économiser entre 248 et 332 millions d’euros en coûts de santé en Europe en évitant les hospitalisations et les visites chez les professionnels de santé.

Dernière saison 2024/2025 : des couvertures vaccinales bien trop basses : la France peut faire mieux !

Récurrentes en période hivernale chaque année, les infections respiratoires aigües et la grippe pourraient être minimisées voire évitées par la vaccination. Chaque année, le lancement de la campagne de vaccination antigrippale permet d’ailleurs aux plus fragiles de gagner en immunité face à ces virus hivernaux dont les conséquences sont souvent dramatiques.

Malgré cela, selon les données de Santé Publique France, le taux de couverture vaccinale grippe ne cesse de baisser depuis un pic atteint lors de années Covid :

« Au 31 décembre 2024, la couverture vaccinale grippe chez les personnes ciblées par la vaccination était de 42,9% (données intermédiaires). Elle était de 49,8% chez les personnes âgées de 65 ans et plus, et de 22,7% chez celles âgées de moins de 65 ans à risque de grippe sévère. Ces couvertures vaccinales sont inférieures à celles estimées pour la saison 2023-2024 à la même date (45,9% chez l’ensemble des personnes ciblées par la vaccination, avec 52,7% chez les personnes âgées de 65 ans et plus, et 24,5% chez celles âgées de moins de 65 ans à risque de grippe sévère) ».

Malgré un nombre de doses injectées légèrement supérieur cette année, la couverture vaccinale est en baisse du fait de l’augmentation épidémique rapide de la population cible (65 ans et plus, et à risque). Fin décembre, la couverture était en recul. Il aura fallu une épidémie virulente pour avoir un regain de volonté de vaccination tardif et encore insuffisant.

Comment aller plus loin et avec quel impact ?

Augmentation des couvertures vaccinales : les bienfaits sur le système de santé

Sur la base des 4 pays européens précédemment cités : la France, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni ; pour atteindre l’objectif de 75% de couverture vaccinale fixé par l’OMS, il faudrait vacciner 24 millions de personnes à risque supplémentaires, dont la plupart sont des personnes âgées et des patients atteints de maladies chroniques. Il a été estimé que cela pourrait permettre d’éviter 918.200 cas supplémentaires de grippe, 332.000 visites chez le médecin généraliste, 16.300 hospitalisations et 6.300 décès en plus dans les quatre pays.

Les personnes âgées représentaient 52% des hospitalisations et 80% des décès supplémentaires évités. Au total, 84 millions d’euros supplémentaires en frais médicaux directs et 79 millions d’euros en frais d’absentéisme seraient économisés, la plupart des bénéfices économiques étant réalisés en France.

L’utilisation des vaccins différenciés : quels bénéfices sanitaires et économiques ?

Se doter des bons outils apporterait également des bénéfices sanitaires et économiques. Ainsi, l’utilisation d’un vaccin haute dose en remplacement d’un vaccin standard pour les personnes de 65 ans et plus permettrait d’éviter en moyenne chaque saison en France plus de 57.000 cas de grippe et jusqu’à 16.000 hospitalisations pour grippe et ses complications ainsi que plus de 760 décès par an.

L’utilisation d’un vaccin haute dose en substitution du vaccin standard seul pour les plus de 65 ans correspondrait donc à une augmentation de couverture vaccinale d’environ 20 points en termes d’évènements prévenus liés à la grippe et ses complications (hospitalisations pour causes cardio-respiratoires) tout en étant coût-efficace.

Un besoin d’adhésion à la vaccination des personnes dites à risque

Au-delà de la cible des personnes de 65 ans et plus, certains individus présentent un risque plus élevé de développer des formes sévères de la grippe. Les principaux facteurs de risque comprennent :

■ l’âge : Les personnes âgées de 65 ans et plus, en raison d’un système immunitaire affaibli, sont plus vulnérables aux complications de la grippe.
■ les maladies chroniques : les personnes atteintes de maladies chroniques telles que les affections pulmonaires, cardiaques, rénales, le diabète ou les maladies immunosuppressives sont plus susceptibles de développer des complications graves.
■ les femmes enceintes : les femmes enceintes présentent un risque accru de complications de la grippe en raison des changements physiologiques qui affectent leur système immunitaire.
■ les enfants en bas âge : les jeunes enfants ont un système immunitaire immature, ce qui les rend plus sensibles aux complications de la grippe. Ils sont également d’alarmants vecteurs épidémiques qui contribuent à la propagation des virus et de l’épidémie.

La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande à ces publics que la vaccination contre la grippe saisonnière leur soit administrée afin de les protéger des formes graves à sévères.
L’adhésion de ces publics à une vaccination assidue permettrait de manière évidente :

■ une augmentation des taux de couverture vaccinale
■ un amoindrissement des coûts liés à la prise en charge de la grippe
■ des économies sur le système de santé français donc des externalités économiques positives.

La vaccination : un investissement vertueux, et non un coût

Part du budget santé consacré à la prévention et à la vaccination : la France et ses voisins européens

En moyenne, les pays européens dépensent 7% du PIB en santé. La part dédiée à la santé en France, quant à elle, avoisine 10% du PIB. A l’échelon européen, les dépenses en prévention représentent moins de 3% du budget des soins de santé et environ 9% du budget de prévention est consacré à la vaccination, soit environ 0,5 % du budget total des soins de santé.

A noter qu’en comparaison de ses voisins européens comme l’Allemagne, la Suède et le Royaume-Uni, la France affiche un investissement vaccinal par habitant inférieur : moins de 10€ en France contre 18€ en Allemagne, 23€ en Suède et 15€ au Royaume-Uni.

En France, les dépenses de vaccination en 2018 ne représentaient que 0,32 % du budget total des soins de santé, ce qui est inférieur à la moyenne de l’UE de 0,5 %.
Associé à une politique de tarification des vaccins non durable en raison de prix français inférieurs aux prix pratiqués dans la majorité des autres pays Européens, cela entraîne des risques croissants de déséquilibre de l’écosystème vaccinal, notamment pour la sécurité de l’approvisionnement en vaccins, avec une menace ultérieure pour la santé publique dû à un taux de couverture vaccinale plus faible :

■  les entreprises productrices de vaccins pourraient les retirer du marché français par manque d’incitation et de rentabilité
■  l’augmentation des situations de fournisseur unique représenterait un risque de pénurie de vaccins et donc de perturbation du programme de vaccination
■  un impact sur l’accès de la population française aux vaccins innovants, car la France ne sera pas prioritaire par les producteurs de vaccins pour les lancements de nouveaux outils de vaccination, par manque d’attractivité
■  un impact sur la prévention lié à la perte d’autonomie, représentant un coût considérable pour le système de santé français et la société (détaillé précédemment dans la partie « coûts indirects », page 2 de cette note).

La vaccination : un facteur clé de prospérité économique

Réduisant l’absentéisme sur le lieu de travail, soutenant la productivité et atténuant les dommages socio-économiques des maladies infectieuses, la vaccination est un facteur dynamisant pour l’économie. En effet, la vaccination soutient notamment le fait que :

■ la relation entre la santé et l’économie est bidirectionnelle, par laquelle la croissance économique permet de financer des investissements qui améliorent la santé ; et une population saine contribue à une économie et l’améliore.
■ des enfants en bonne santé démontrent une meilleure éducation à l’école grâce à une meilleure assiduité et de meilleures performances cognitives.
■ en validant l’importance d’une approche de la vaccination tout au long de la vie, tous les 1 € investis dans la vaccination des adultes à partir de l’âge de 50 ans généreraient 4 € de revenus économiques futurs pour le gouvernement au cours de la vie de la personne.

Dans l’ensemble, les programmes de vaccination doivent être considérés comme un investissement vertueux dans le capital humain, ce qui a un impact durable sur les économies du monde entier.

Selon une étude de l’Office for Health Economics, en France, l’estimation du ratio coûts-bénéfices permet de conclure que la vaccination adulte contre la grippe pourrait rapporter à la société entre 7 et 28 fois l’investissement fait sur les vaccins, significativement au-dessus des autres vaccins évalués (RSV, PCV et zoster).

Consulter le communiqué ainsi que l’intégralité des sources et des annexes

À propos de la coalition A-Grippe-Toi 
Coalition d’experts avertis sur la vaccination notamment des adultes et particulièrement des seniors, la coalition A-Grippe-Toi souhaite instaurer un nouveau dialogue de proximité entre patients, politiques, institutions et professionnels de santé, afin de réfléchir à la problématique spécifique de la vaccination de ces adultes à risque et d’élaborer des actions concrètes qui répondent à leurs besoins.

Contact :  Solène Batier – solene.batier@nile-consulting.eu

1 commentaire sur “Coût de la grippe : et si on protégeait mieux et dépensait moins ? (Communiqué)”

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Share