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La kérato-pigmentation des yeux : un essor qui n’est pas sans risques, rappelle l’Académie nationale de médecine (Communiqué)

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La couleur des yeux est donnée par la teinte de l’iris génétiquement déterminée. Il n’est pas possible d’intervenir sur cette structure intra-oculaire pour en modifier la pigmentation. Toutefois, une technique chirurgicale, la kérato-pigmentation, permet de modifier la couleur des yeux de manière définitive, en plaçant des pigments dans l’épaisseur de la cornée.

Cette intervention, initialement destinée à corriger les séquelles inesthétiques post-traumatiques de l’œil, semble aussi se développer, depuis 10 ans, pour des motifs esthétiques (1).

L’intervention de kérato-pigmentation est effectuée dans un bloc opératoire de chirurgie ophtalmologique sous stricte asepsie, sans nécessité d’hospitalisation et après instillation d’un collyre anesthésiant. Le laser femtoseconde, qui équipe les centres d’ophtalmologie faisant de la chirurgie des troubles de la vision, permet de créer un tunnel annulaire dans l’épaisseur de la cornée (2). Le pigment biocompatible stérile, de la couleur choisie par le sujet, est alors injecté dans ce tunnel. Aucune suture n’est nécessaire. Un collyre antibiotique est instillé et, dans les suites, il est demandé aux sujets d’éviter de recevoir de l’eau dans les yeux pendant un mois.

Au-delà de ses faiblesses esthétiques (rendu trop uniforme de la couleur obtenue ; couleur des pigments pouvant s’estomper avec le temps ; couleur de l’œil n’apparaissant pas naturelle, du fait de son aspect trop homogène et de la persistance de la teinte initiale de l’œil au pourtour de la cornée), cette technique, dont les effets sont considérés comme définitifs, n’est toutefois pas sans risques, ni sans conséquences immédiates ou futures, dont les personnes qui y ont recours doivent être absolument informées (3).

Si le respect d’une stricte asepsie per-opératoire et des conseils post-opératoires permettent d’éviter la survenue de kératites infectieuses, il existe, comme après toute chirurgie cornéenne, un risque de sècheresse oculaire et d’éblouissement après l’intervention. Une perte de cellules endothéliales pouvant favoriser une perte de transparence de la cornée avec l’âge a été décrite (4). Le diamètre fixe de la pupille, déterminé par les limites de la pigmentation, peut aussi gêner l’analyse des structures intraoculaires, lors des examens ophtalmologiques ultérieurs, et le traitement d’éventuelles lésions, notamment de la périphérie rétinienne. La présence de composés métalliques dans certains pigments peut exposer à un risque lors de la réalisation d’une imagerie par résonnance magnétique.

Face à l’essor de la kérato-pigmentation des yeux à visée esthétique, dont il ne faut pas sous-estimer les possibles conséquences négatives, à court, moyen, mais aussi long terme compte tenu du recul limité, l’Académie nationale de médecine souligne :

l’importance qu’un document d’information préalable soit remis aux demandeurs, établi par les sociétés savantes concernées, précisant les conséquences et les risques de cette technique de changement de la couleur des yeux à visée purement esthétique ;

les risques des prises en charge à l’étranger, à des tarifs attractifs, mais sans garantie des compétences des praticiens, donc de bonne qualité de la prise en charge, avec une possibilité accrue de complications ;

le contraste entre l’essor de cette pratique et les difficultés imposées aux personnes résidant en France pour obtenir un rendez-vous de consultation standard en ophtalmologie.

Lire la version intégrale du communiqué de presse

Contact presse : Virginie Gustin – virginie.gustin@academie-medecine.fr

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