À l’approche de l’été, période à risque en matière de comportements sexuels non protégés, SIS Association publie les résultats 2024 de ses lignes d’écoute sur les infections sexuellement transmissibles (IST) chez les jeunes de moins de 25 ans. L’infection à Chlamydia, la difficulté d’accès au dépistage, et une faible utilisation du préservatif ressortent comme les principales préoccupations exprimées.
Une génération très exposée… et très anxieuse
En 2024, 15 748 sollicitations ont porté sur des IST autres que le VIH et le VHB. Parmi elles, 3 314 émanaient de jeunes de moins de 25 ans, dont 90 % avaient entre 18 et 24 ans. Ces jeunes usagers ont sollicité Sexualités Info Santé (de SIS ASSOCIATION) pour des questions liées à leur santé sexuelle, souvent dans un climat d’anxiété, de doute ou de solitude.
Les hommes sont les plus nombreux à s’exprimer, mais les données montrent une proportion plus importante de jeunes femmes parmi les mineurs (37 % contre 28 % chez les 18-24 ans).
Préservatif : un usage trop marginal
Dans 79 % des cas, les jeunes ayant sollicité Sexualités Info Santé (de SIS Association) au sujet d’une IST n’avaient pas utilisé de préservatif lors du rapport en cause. Ce chiffre monte à 83 % chez les femmes contre 77 % chez les hommes.
Le préservatif féminin reste mal connu et peu utilisé. Chez les 18-24 ans, seules 8 % des jeunes femmes mentionnent l’avoir utilisé, contre 16 % des hommes. De nombreux témoignages montrent aussi une dépendance à la volonté du partenaire, rendant plus difficile la protection pour les jeunes femmes.
Chlamydia : l’IST la plus évoquée par les jeunes femmes
Lorsque l’infection est précisée, la chlamydia représente 32 % des sollicitations, avec une prévalence notable chez les femmes (45 % contre 24 % chez les hommes). Les jeunes femmes témoignent davantage de symptômes, d’effets secondaires ou de récidives mal comprises après un traitement.
Ces résultats corroborent les tendances nationales observées par Santé publique France et les premières conclusions de l’enquête CSF 2023 : la chlamydia continue de progresser, particulièrement chez les jeunes femmes.
Dépistage : un accès méconnu
Les échanges révèlent une méconnaissance générale des lieux, modalités et délais de dépistage : près de 75 % des jeunes posent des questions sur le déroulement des tests, leur gratuité, leur fiabilité. 38 % sollicitent SIS pour obtenir des adresses de lieux de dépistage. Et 29 % s’interrogent sur la validité des résultats et les délais d’attente.
Le nouveau dispositif « mon test IST », lancé en septembre 2024 pour faciliter l’accès à un dépistage en autonomie, reste encore peu connu.
Des jeunes en attente d’écoute et de réassurance
Au-delà du diagnostic, les jeunes sollicitent Sexualités Info Santé pour comprendre leur traitement, être rassurés sur leur guérison ou évoquer leur peur du regard des autres, de leurs parents ou de leurs partenaires.
Certaines infections, comme la gonorrhée ou la syphilis, plus fréquentes chez les hommes, posent des questions de répétition ou de rechute.
Des enjeux majeurs de santé publique pour l’été
Les données récoltées par l’équipe de Sexualités Info Santé(de SIS Association) appellent à renforcer la prévention ciblée à l’approche de l’été. La méconnaissance du dépistage, la trop faible utilisation du préservatif et la fréquence des infections sexuellement transmissibles constituent un risque réel pour la santé des jeunes.
Pour le Dr Arame Mbodje, Directrice de SIS Association :« Ces échanges traduisent un besoin urgent, massif et souvent silencieux d’information et de réassurance chez les jeunes face aux IST. Au-delà des chiffres, c’est une parole libérée que nous recueillons chaque jour, souvent à la place de soignants ou de proches difficiles à atteindre. La progression de la chlamydia, la méconnaissance du dépistage, l’absence de protection lors des rapports… autant de signaux d’alerte qui imposent de renforcer les dispositifs de prévention, particulièrement à l’approche de l’été. Il est essentiel de parler autrement de sexualité, avec pédagogie, bienveillance et sans tabou. »
Depuis 2020, Sexualités Info Santé (de SIS Association)propose aux jeunes et aux moins jeunes un accompagnement sur la santé sexuelle au moyen de services téléphoniques et internet gratuits, anonymes et confidentiels :
- une ligne téléphonique : 0 800 840 800
- un site internet : www.sexualites-info-sante.fr
- un service de LiveChat (disponible à partir du site internet)
- un service de réponse par email (disponible à partir du site internet)
Créée il y a plus de 30 ans, l’association Sida Info Service, devenue SIS Association en 2011, est historiquement engagée dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida. L’objectif initial s’est progressivement étendu aux problématiques connexes liée à l’infection par le VIH et aux pathologies inhérentes aux risques sexuels, aux maladies chroniques, à l’exercice des droits des personnes et des malades. Elle s’appuie sur les principes affirmés dès l’origine : renforcement de l’autonomie et de la dignité des personnes et reconnaissance des besoins et des savoir-faire des communautés quant à leur santé.