Huit produits sur dix analysés ne passent pas le crash test des critères nutritionnels de l’OMS ; ils ne devraient en principe pas avoir le droit de cibler les enfants avec leur marketing racoleur. C’est pourtant le cas, faute de réglementation, comme foodwatch a pu le constater dans les rayons.
Mini Rolls de Babybel, P’tite Danette, Nesquik Petit et compagnie, ces huit produits ont deux points communs. Le premier : un emballage qui attire non seulement les enfants avec des mascottes rigolotes, des personnages de leurs dessins animés préférés, des jeux et coloriages au dos du paquet et des petits formats mais aussi les parents avec un marketing santé et des mentions rassurantes telles que « calcium et vitamines D pour la croissance des os » ou « sans colorant ni arômes artificiels ». Le second : une teneur en gras, en sucre et / ou en sel trop élevée selon les critères nutritionnels de l’OMS sur des produits dont le marketing cible les enfants.
Pour Audrey Morice, chargée de campagnes chez foodwatch : « Ces allégations santé apposées sur des emballages racoleurs masquent le véritable problème de ces produits laitiers destinés aux petits : leur taux de gras, de sucre et/ou de sel est très élevé. Ce sont majoritairement des aliments ultra-transformés. Or on sait désormais que leur consommation augmente le risque d’obésité et de maladies chroniques chez les enfants. L’Organisation mondiale de la santé et Santé Publique France appellent à une interdiction du marketing pour ces aliments déséquilibrés depuis des années, que font les responsables politiques ? ».
P’tit Louis : une coque imaginée pour les enfants, des blagues et des personnages rigolos sur l’emballage, un fromage « qui développe l’imagination des enfants » selon le site de la marque pour un produit ultra-transformé (épaississants : carraghénanes E407, gomme de caroube E410) et trop gras.
Les Kiri Goûter : des gressins à tremper dans du fromage fondu, un partenariat avec Disneyland, Stitch sur l’emballage, un coloriage au dos du paquet et un jeu concours pour gagner des entrées dans le parc d’attraction. Or, en plus d’être trop gras, trop salés, et trop caloriques pour en faire la promotion auprès des enfants, les Kiri Goûter sont ultra-transformés (polyphosphates).
Les Danonino Go Fraise de Danone : des gourdes de yaourt aromatisé sucré à la fraise, à l’effigie de « Dino coach », petit dinosaure tour à tour basketteur, athlète et footballeur, produit ultra-transformé (épaississants : amidon modifié), et trop d’acides gras saturés pour être marketé pour les enfants, selon les critères de l’OMS.
Santé Publique France recommande de consommer 3 produits laitiers par jour pendant l’enfance. Elle recommande aussi de ne pas habituer les 4 – 11 ans à consommer des aliments ultra-transformés. Or, si la plupart des huit produits laitiers épinglés par foodwatch tiennent leur promesse concernant l’apport en calcium – ce qui peut rassurer les parents -, leur marketing qui plaît aux enfants masque le fait que 7 d’entre eux sont aussi ultra-transformés. Tous sont surtout trop gras, trop salés et / ou trop sucrés.
Or, selon Santé Publique France, une consommation excessive d’aliments ultra-transformés contribue au développement de l’obésité des enfants, et augmente chez eux le risque de maladies comme le diabète de type 2, des cancers ou des maladies cardio-vasculaires. Dans une enquête publiée en septembre 2025, 60 millions de consommateurs alertait déjà sur la surreprésentation des produits ultra-transformés dans les aliments vendus pour les enfants.
Sur le front politique, foodwatch, avec 116 organisations de la société civile, a exhorté fin septembre le Premier Ministre Sébastien Lecornu à publier la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC) qui devait porter l’interdiction du marketing et de la publicité ciblant les enfants parmi les mesures prioritaires. Aux dernières nouvelles,le gouvernement démissionnaire a rétropédalé sur la mesure d’interdiction en s’en remettant à l’autorégulation des entreprises qui ne marche pourtant pas, comme l’a déjà souligné Santé publique France.
La pétition de foodwatch pour demander cette interdiction du marketing de la malbouffe qui cible les enfants a déjà récolté plus de 67.000 signatures. foodwatch continue de mobiliser les consommateurs sur cette pétition et est déterminée à ne pas lâcher sur cette question cruciale de santé publique.
Sources
- Dessins © Soulcié pour foodwatch : reproduction libre de droit
- Modèle de profil nutritionnel du Bureau régional de l’OMS pour l’Europe : deuxième édition (2023) (en anglais seulement). World Health Organization.
- Exposition des enfants et des adolescents à la publicité pour des produits gras, sucrés, salés, rapport, Santé Publique France, juin 2020, p. 3
- Plus de 100 associations appellent à la publication de la Stratégie nationale pour l’alimentation, 24 septembre 2025
Contre les aliments ultra-transformés, les preuves scientifiques s’accumulent. Parmi les études les plus récentes, l’Inserm rappelle que de nombreux travaux scientifiques suggèrent que la surconsommation de produits ultra-transformés est associée à un plus grand risque de développer des troubles métaboliques (diabète, hypertension…), des cancers, même des symptômes dépressifs. Dans une étude publiée en septembre 2025, coordonnée par l’Inserm, le CNRS et l’université Nice Côté d’Azur, on a constaté chez les participant·es d’une cohorte, en seulement 21 jours, que le régime ultra-transformé augmente la prise de poids de près de 1,5 kilo par rapport à un régime pas ou peu transformé.
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Ingrid Kragl, Directrice de l’information, foodwatch
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