Un amendement sénatorial (N°159 rect. bis PLFSS) veut supprimer dès le 1er janvier 2026 tout financement public des pratiques se réclamant de la « psychanalyse » que ce soit en Centre Médico-Psychologique (CMP), dans le cadre de Mon Soutien Psy, dans le secteur médico-social ou en exercice libéral.
Que l’on ne s’y trompe pas ! A travers cet amendement 159, certains tentent une nouvelle fois de transformer la Haute Autorité de Santé (HAS) en instance prescriptive, en donnant à ses recommandations un caractère quasi-opposable, notamment pour les soins aux troubles neuro-développementaux (TND) ou aux troubles anxieux et dépressifs.
Une telle évolution marquerait une rupture grave : elle ferait basculer la HAS hors de son rôle, en substituant une norme administrative à l’appréciation clinique des professionnels – pourtant indispensable à tout soin digne de ce nom.
Il faut le rappeler fermement : les recommandations de la HAS ne sont faites que pour éclairer, jamais pour contraindre. Ni la loi, ni le Conseil d’État, ni l’histoire même de la santé publique n’ont jamais souhaité une médecine d’État où la pratique clinique devrait se soumettre à un protocole unique.
L’amendement 159 vise à imposer, sous couvert de « qualité », une vision réductrice du soin psychique, alignée sur un modèle somatique qui ne peut s’appliquer mécaniquement aux troubles mentaux. C’est une tentation idéologique, qui sacrifie la complexité et la pluralité des approches au profit d’une orthodoxie méthodologique appauvrissante.
Derrière ce mouvement se profile une volonté de normaliser, externaliser, protocoliser : faire disparaître la clinique au profit de procédures. Une telle dérive ferait peser un coût immense sur les patients comme sur les praticiens.
Nous appelons donc clairement au rejet de l’amendement 159.
Pour que la HAS reste ce qu’elle doit être : un espace d’éclairage, non un instrument de contrainte ; un lieu de pluralité scientifique, non une autorité normative.
Pour que le soin psychique demeure libre, responsable et à la hauteur de la complexité humaine.


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