Ce mardi 16 décembre 2025 en fin de journée, la Commission européenne a dévoilé son « Plan cardiovasculaire » et le paquet de lois qu’elle entend revoir dans le cadre de l’Omnibus sur la sécurité alimentaire. Pour foodwatch, ces deux annonces très attendues échouent malheureusement à mieux protéger les citoyens des lobbies de la malbouffe. L’organisation de défense des consommateurs réclame une législation contraignante et ambitieuse pour réellement améliorer la santé publique.
Le « Plan cardiovasculaire » publié hier ambitionnait de s’attaquer au « plus grand défi de santé publique dans l’UE » ; les maladies cardiovasculaires représentant un coût annuel de 282 milliards d’euros, selon la Commission européenne elle-même. Bien que le plan sous-titré « Safe Hearts » dise prendre la prévention au sérieux, la Commission européenne ne propose pas de mesures législatives fortes pour protéger la santé publique et lutter contre les lobbies de la malbouffe, regrette foodwatch. Le « Plan cardiovasculaire » souligne pourtant dès les premières pages que près de 80 % des maladies cardiovasculaires sont évitables et liées au mode de vie et à une alimentation saine.
Suzy Sumner, responsable du bureau bruxellois de foodwatch international déplore : « Le Plan cardiovasculaire est une occasion manquée. Il montre une fois de plus que cette Commission n’est pas disposée à mettre en place des mesures qui protégeront la santé publique, y compris celle de nos enfants. Il y manque par exemple : une législation visant à interdire la commercialisation d’aliments malsains destinés aux enfants, l’interdiction de la vente des boissons énergisantes aux mineurs, la mise en place d’un Nutri-Score enfin obligatoire et harmonisé partout en Europe, des mesures qui sont toutes scientifiquement fondées. Nous sommes confrontés à une crise sanitaire urgente qui coûte chaque année des centaines de milliards d’euros pour traiter des maladies cardiovasculaires évitables. Il n’y aura pas d’amélioration de la situation sans législation. »
Dans une lettre ouverte adressée aux dirigeants européens de la DG Santé et de la DG Agri, foodwatch a exigé des mesures politiques concrètes et demandé que les lobbies des entreprises agroalimentaire, qui ont des intérêts financiers évidents, soient tenus à l’écart du processus décisionnel en matière de santé publique.
Le paquet Omnibus sur la sécurité alimentaire et des aliments pour animaux également publié le 16 décembre montre quant à lui que la prévention des maladies et la protection de la santé publique ne constituent pas une priorité pour cette Commission, pas plus que le respect du processus démocratique.
Avec cet Omnibus, la Commission entend réécrire d’un seul coup les règles relatives aux pesticides, aux résidus de pesticides, aux additifs alimentaires, aux mesures de protection contre l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB, vache folle) et aux contrôles aux frontières. foodwatch a vivement critiqué le démantèlement des protections essentielles des consommateurs sous le couvert de la « simplification » et de la « compétitivité ». Par exemple, la Commission souhaite que les pesticides soient approuvés pour une durée indéterminée et non réévalués régulièrement comme c’est actuellement le cas. Même si de nouvelles données scientifiques sur les risques de cancer ou la contamination des eaux souterraines émergeaient, un principe actif dangereux resterait autorisé. Des contrôles aux frontières devraient être assouplis. Et la lutte contre le risque de vache folle ne semble plus être un sujet.
Natacha Cingotti, responsable des campagnes internationales chez foodwatch, a réagi : « Il s’agit d’un détricotage systématique de décennies de mesures durement acquises notamment sur les pesticides, la vache folle, les contrôles aux frontières, dont beaucoup ont été adoptées pour mieux protéger les Européens à la suite de grands scandales alimentaires. Au nom de la soi-disant ‘compétitivité’, les citoyens sont les grands oubliés d’un plan qui ressemble à un désastre évitable. Nous avons besoin d’un renforcement des lois que le reste du monde nous envie, pas de raccourcis pour les entreprises agroalimentaires. foodwatch est mobilisée pour dénoncer et stopper ce tour de force ».
Sources
- Plan cardiovasculaire de l’UE
- Paquet omnibus sur la sécurité des denrées alimentaires et des aliments pour animaux
- L’Omnibus européen sur la sécurité alimentaire : cette dangereuse simplification dont on ne veut pas, alerte foodwatch, communiqué de presse 04/12/2025
- Lettre ouverte envoyée par foodwatch à DG SANTE et DG AGRI, 16/12/2025
- Contribution de foodwatch à la consultation sur le Plan cardiovasculaire européen
- Contribution de foodwatch à la Commission européenne sur l’Omnibus sur la sécurité des denrées alimentaires et des aliments pour animaux, 13/12/2025
- La consommation d’aliments moins bien classés au Nutri-Score est associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires, communiqué de presse Inrae 11/09/2024
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