Matinée scientifique de l’Ireb : « La consommation contrôlée, une alternative à l’abstinence dans le traitement du malade alcoolique »
Paris, le 23 octobre 2013 – La 42ème Matinée scientifique* de l’Institut de Recherches Scientifiques sur les Boissons (Ireb) a été consacrée au traitement de l’alcoolo-dépendance sur le thème : « Entre dépendance et abstinence, y a-t-il une troisième voie ? ». La prise en charge du patient a fait l’objet, ces dernières années, d’une importante évolution. De nouveaux traitements laissent notamment penser qu’il est possible de soigner la dépendance alcoolique sans prescrire une abstinence complète.
Michel Hamon, vice-président du comité scientifique de l’Ireb et professeur de neuropharmacologie, a présenté en introduction une synthèse des voies de recherches actuelles les plus prometteuses sur le traitement de la maladie alcoolique. Les récentes molécules agissent principalement sur les neuromédiateurs qui entraînent la réduction de la consommation spontanée à l’alcool et diminue son appétence. Ces nouvelles molécules, dont le baclofène et le nalméfène, remettent en question le principe de l’abstinence comme seule voie de traitement. De nouveaux traitements, ciblant plusieurs récepteurs, permettent également d’obtenir des résultats avec des doses réduites et des risques diminués d’effets secondaires. Enfin, apparaissent des perspectives encourageantes de traitement agissant au niveau des processus épigénétiques, c’est-à-dire en amont des troubles neurobiologiques à l’origine des comportements addictifs et de la maladie alcoolique.
Pour Raymund Schwan, psychopharmacologue et spécialiste de la médecine des addictions, on assiste actuellement à un changement de paradigme, fondé sur la réduction des risques comme cela s’est produit dans le champ de la toxicomanie. L’abstinence n’est plus la seule voie de traitement des patients présentant un mésusage d’alcool, alors qu’elle a constitué pendant longtemps la référence de l’ensemble du dispositif de soins et d’évaluation des traitements. Non sans effets négatifs. On estime que seulement 8 à 40 % des patients sont traités, en partie parce que nombre d’entre eux ne peuvent pas entendre le message d’abstinence. On sait aussi que 10 à 12 % seulement des patients seront en mesure d’être abstinents pour le reste de leur vie. Enfin, des études épidémiologiques montrent que le bénéfice de santé publique est le plus grand quand on réduit la consommation des plus gros buveurs. Les patients eux-mêmes sont d’abord partisans de la consommation contrôlée et non de l’abstinence. Mais aujourd’hui, il n’y a encore que 10 à 30 % des patients qui bénéficient de programmes de consommation contrôlée et les études sur leurs résultats, plutôt encourageants à ce stade mais insuffisants, doivent être développées.
* Pour toute information : Ireb – (0)1 48 74 82 19, ireb@ireb.com
A propos de l’Ireb
Fondé en 1971, à l’initiative de sociétés productrices et distributrices de boissons alcoolisées, l’Ireb a pour mission de contribuer à la recherche alcoologique, à la fois par les études que l’Institut conduit pour son nom propre (Observatoire « Les Français et l’Alcool », Enquêtes « Jeunes et Alcool ») et par les travaux qu’il subventionne. A la suite d’un appel d’offres annuel, son comité scientifique, composé d’experts indépendants et bénévoles, attribue de manière autonome des subventions aux travaux en alcoologie d’une trentaine d’équipes de chercheurs du secteur public, en sciences biomédicales et sciences humaines. Plus de 500 programmes de recherches ont été subventionnés à ce jour. Dans le cadre de sa mission, l’Ireb entend être à la fois un organisme de recherche, une source de documentation et un lieu d’information sur l’alcool.
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