PROJET DE LOI HAMON : POURQUOI LES PREMIERS CONCERNES NE SONT-ILS JAMAIS CONSULTES ?
Au sujet de l’extension à 5 ans de la durée de validité des ordonnances en optique :
Il est tout de même surprenant qu’un tel projet de texte soit rédigé sans même demander au préalable l’avis ni des ophtalmologistes ni des opticiens. Or, cette mesure aurait des conséquences non négligeables alors qu’elle n’est absolument pas indispensable. En effet, en France, on peut se targuer jusqu’à présent de disposer d’une excellente organisation en terme de santé visuelle (bien meilleure que dans d’autres pays européens d’ailleurs). Cette organisation s’articule autour des ophtalmos et des opticiens et est basée sur la bonne collaboration et une répartition des tâches intelligente entre ces deux acteurs, garantie d’une prise en charge et du suivi de la santé visuelle des français efficients.
L’allongement de la durée de validité des ordonnances à 5 ans peut paraître avantageux pour les opticiens, du moins d’un point de vue financier (et on sait à quel point les opticiens sont toujours présentés comme des professionnels avides de gains faciles…).Mais les opticiens ne sont ni armés ni formés pour détecter les pathologies visuelles. Cette mesure risquerait de priver 30% de la population d’un bon suivi de leur santé visuelle, voire de leur faire perdre un temps précieux dans la prise en charge de certaines maladies graves. L’oeil est un organe primordial qui nécessite un suivi spécifique et régulier.
Quant à l’écart pupillaire : on peut comprendre qu’il est important pour les sites de vente internet d’optimiser une partie des prises de mesure. Mais même avec cette nouvelle disposition, la qualité de fabrication de l’équipement restera incertaine car la prise de mesure ne se résume pas au seul écart pupillaire et ne peut être assurée efficacement (quoi qu’on en dise) à distance. Il est incontournable que ces prises de mesure se fassent « physiquement », en magasin afin que l’opticien comprenne comment son client porte ses lunettes, comment il « vit » ses lunettes… Parallèlement, à l’heure où l’on déplore un manque cruel d’ophtalmologistes, leur ajouter une activité supplémentaire nous semble inconcevable tant d’un point de vue organisationnel qu’économique.
Attention, que les choses soient claires : nous ne sommes pas farouchement opposés à internet, la société et les modes de consommation évoluent et il faut bien entendu s’adapter. Cependant, il aurait été souhaitable que l’ouverture de l’optique à internet soit pensée et conçue en collaboration avec tous les acteurs concernés, et non en ne considérant que les positions d’une partie des protagonistes au détriment de celles des autres.
Nous voulons donc alerter par rapport à internet, surtout en contactologie où les risques pour les porteurs sont beaucoup plus nombreux, s’ils sont mal informés… Autres précisions : les prix proposés par les sites internet peuvent aussi parfaitement être retrouvés dans les magasins d’optique physiques existants. A contrario, les produits de dernière génération (verres et contactologie) ne peuvent pas être proposés par les sites internet.
En conclusion, si l’optique mérite sans aucun doute un peu plus de transparence vis-à-vis des consommateurs, ce ne doit pas être au détriment de la santé visuelle !
> Contact : Pénélope COMTE – 06 21 21 48 36 – pcomte@groupeall.fr