La CSMF a analysé avec la plus grande attention les propos tenus par le Président de la République lors de sa conférence de presse, au cours de laquelle il a annoncé sa volonté de réaliser des économies sur la dépense publique afin de dégager les moyens de financer son « Pacte de responsabilité ». Parmi les pistes d’économie, la Sécurité Sociale est la première qu’il vise soulignant qu’il est possible de mieux faire dès lors que les dépenses programmées ne sont pas consommées. Il propose de combattre les fraudes, les actes redondants et les prescriptions inutiles tout en développant la consommation des génériques, estimant ainsi tenir des voies d’économies nouvelles et substantielles.
Si le Chef de l’Etat, à travers le nouveau plan de rigueur qu’il dessine, ne semble pas vouloir ménager les soins de ville, à contrario, il souhaite que « cesse cette pression sur l’hôpital, faute d’un véritable parcours de soins ». En d’autres termes, il faut laisser les hôpitaux tranquilles tant que les soins de ville ne sont pas organisés.
La CSMF estime que ces propos sont très injustes et rappelle que :
→ Les déficits ne sont pas le fait des soins de ville, qui sont d’ailleurs à l’origine des sous-exécutions des dépenses depuis trois ans pour plus de 2 milliards d’euros, mais le fait des hôpitaux auxquels l’État ne cesse de déverser des aides. La CSMF rappelle qu’une subvention de 20 millions d’euros a été versée fin décembre pour permettre aux services d’urgence des hôpitaux, dont l’accès n’est pas régulé, de continuer à fonctionner.
→ Les déficits et l’inorganisation chronique des hôpitaux publics ne sont pas le fait des soins de ville et encore moins des médecins libéraux.
→ Les soins de ville sont suffisamment organisés en l’état actuel pour gérer les besoins de soins des patients comme en témoigne l’absence de file d’attente devant les cabinets de ville. La médecine de parcours est un projet de réorganisation destiné à développer la médecine de ville pour l’aider à mieux prendre en charge les nouveaux besoin de soins et limiter les recours à l’hospitalisation afin de permettre aux hôpitaux de se restructurer pour devenir enfin efficients.
Pour la CSMF, le Chef de l’État fait une erreur de stratégie en faisant le choix de l’hôpital à la veille de la mise en œuvre de sa future réforme de l’organisation du système de soins dans le cadre de la stratégie nationale de santé. Il répète la même erreur que son prédécesseur lors de la loi Bachelot. Tout ceci constitue un revirement à 360 degrés, car depuis des mois le Ministère de la Santé ne cesse d’expliquer que l’objectif de la Stratégie Nationale de Santé sera de recentrer l’hôpital public sur son cœur de métier et de développer en ville des équipes pluri-professionnelles de soins pour mettre en œuvre des parcours permettant de limiter le recours à l’hospitalisation et de prolonger les maintiens à domicile. Sans moyens nouveaux pour la ville ce sera impossible.
La CSMF, premier syndicat médical français, prévient qu’elle s’opposera, comme elle l’a toujours fait dans le passé, à ce que les médecins libéraux soient considérés dans cette nouvelle réforme comme la variable d’ajustement des besoins d’hôpitaux publics insatiables.