Rapport parlementaire sur la médecine personnalisée
« il est urgent d’assurer la transition numérique de l’hôpital » selon Pr. Patrice Degoulet (Hôpital européen Georges-Pompidou)
La « médecine personnalisée » ou encore « médecine de précision » introduit un nouveau paradyme dans la pratique médicale : les patients auront accès à des thérapies ciblées, des traitements répondant au mieux à leur patrimoine génétique et pourront à terme identifier des prédispositions à certaines pathologies. L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a remis son rapport à l’Assemblée Nationale le 22 janvier sur les enjeux scientifiques, technologiques, éthiques et juridiques de la médecine personnalisée afin de préparer notre système de santé. HIMSS organisation internationale à but non lucratif, au travers de son expertise dans les nouvelles technologies, accompagne les professionnels de santé dans la conduite du changement au travers des nouvelles technologies. Elle organise une intervention sur ce thème dans le cadre de sa conférence annuelle WoHIT 2014 et pointe l’urgente nécéssité des hôpitaux français d’opérer leur transition numérique pour se préparer à cette prochaine étape stratégique.
Une médecine de pointe à l’origine d’une fracture sanitaire ?
La médecine personnalisée permettra d’importants progrès en oncologie et matière de recherche sur les maladies rares. Toutefois, les rapporteurs mettent en garde contre une médecine à deux vitesses. En effet, cette médecine high-tech réunit plusieurs disciplines : médecins et bioinformaticiens utilisant les nouvelles technologies pour procéder au séquençage génétique. L’ensemble des citoyens pourra t-il avoir accès à ces techniques de pointe financièrement ou territorialement ? Selon qu’il habite à la campagne ou dans un grand centre urbain un patient aura « sans doute plus ou moins de chances d’être bien prise en charge et de ne pas risquer une erreur de diagnostic » selon le rapport.
Le partage des données pour garantir l’égalité d’accès aux soins
Le seul moyen de garantir l’égal accès aux soins personnalisés passe par l’intégration et la modernisation des systèmes d’information santé (SIH) qui permettraient :
– De partager instantanément les données du patient entre les professionnels de santé sur tout le territoire.
– De faciliter l’accès aux soignants aux dispositifs d’aide à la décision clinique qui se base sur la médecine factuelle ou EMB. Elle consiste à fonder les décisions cliniques non seulement sur la médecine traditionnelle : utilisation des connaissances académiques combinée à l’expérience et au jugement du praticien, mais aussi sur l’étude « consciencieuse et judicieuse des meilleures données (preuves) actuelles de la recherche clinique dans la prise en charge personnalisée de chaque patient ». Ces données sont issues d’études cliniques.
Pour sauter le pas et rester parmi les pays ayant un système de santé performant, il est urgent d’accompagner les hôpitaux dans leur transition numérique. Ce big data doit être collecté, structuré et analysé par des système d’information robustes.
La transition vers l’hôpital numérique
Dans cette perspective l’organisation HIMSS accompagne les décideurs en santé dans leur démarche de modernisation de leur SI. HIMSS a développé un référentiel EMRAM qui permet de développer des modes de prise en chargeinnovants, de pilotage de la performance, le tout avec une vision décloisonnée pour des parcours de soins plus lisibles et mieux coordonnés. De 0 à 7, les étapes de ce réferentiel facilitent l’évaluation de la maturité des SIH. Pour atteindre la certification de niveau 6 EMRAM l’établissement hospitalier doit se doter d’un dispositif d’aide à la décision clinique. La France compte à ce jour seulement 5 hôpitaux de niveau 6 EMRAM : l’hôpital européen Georges-Pompidou, l’hôpital Paris Saint-Joseph, le CH de Valencienne, le CHRU de Montpellier et le CH de Belfort-Montbélliard.
WoHIT 2014
Dans le cadre de sa grande conférence internationale WoHIT 2014 à Nice du 2 au 4 avril, les décideurs européens de la santé débatteront du rôle des nouvelles technologies dans la conduite du changement des systèmes de santé. Cette opportunité de transformation des réseaux de soins par l’adoption du numérique, doit permettre non seulement de meilleures performances cliniques pour la prise en charge des citoyens mais également de faciliter la maîtrise des dépenses. Les études démontrent que le niveau 6 EMRAM assure un retour sur investissement.
Le 3 avril une session sera consacrée à la télémédecine :
– Où en sommes nous avec la télémédecine ? Dr. Panagiotis C. Stafylas, cardiologue, Grèce
– Que voulons-nous faire dans le futur avec les télémédecine ? Jane Clemensen, Maître de conférences au CHU d’Odense et université sud du Danemark.