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« Hormones, métabolisme et environnement: 3 leviers d’action sur l’asthme de la femme’ (Communiqué de presse)

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A l’occasion de la présentation des nouvelles recommandations sur l’asthme, zoom sur l’asthme de la femme

L’asthme est une maladie chronique qui concerne 6,7% de la population, avec des inégalités de répartition en fonction de l’âge et du sexe.
Si avant l’adolescence, environ 2/3 des asthmatiques sont des garçons et 1/3 des filles, toutes les études épidémiologiques montrent qu’après l’adolescence, l’asthme devient plus fréquent chez la femme. Ainsi, 15% des jeunes filles et 8% des femmes de plus 25 ans souffrent d’asthme, une prévalence légèrement supérieure à celle de la population générale.

Par ailleurs, l’asthme de la femme est souvent plus sévère, occasionnant :
– des hospitalisations plus fréquentes chez les adolescentes et les femmes adultes ;
– un sur-risque de mortalité chez les femmes asthmatiques.

Parmi les facteurs de risque identifiés : l’influence des hormones.

Comment les hormones agissent-elles sur l’asthme ?

Les hormones féminines agiraient notamment sur l’état immunitaire et l’hyperréactivité bronchique. On observe d’ailleurs que les modifications hormonales liées aux grandes étapes de la vie des femmes (puberté, grossesse ménopause, post-ménopause), ou aux différentes phases du cycle menstruel (syndrome prémenstruel) ont une influence notable sur l’asthme. Quelques faits et chiffres en témoignent :

– l’apparition de menstruations précoces serait associée à un risque accru d’asthme ;

– 20 à 40% des femmes asthmatiques notent une exacerbation de leur asthme en période péri-menstruelle ;

– 1/3 des femmes voient leur asthme s’aggraver pendant la grossesse ;

– l’incidence de l’asthme diminuerait après la ménopause, sauf chez les femmes utilisant un traitement hormonal substitutif.

Enceinte : en aucun cas il ne faut arrêter le traitement !

« L’un des moments cruciaux de la prise en charge de la femme asthmatique est la grossesse parce que l’asthme expose le bébé à un défaut d’oxygénation qui peut avoir, dans certains cas, de lourdes conséquences, explique le docteur Anne Prud’homme (Tarbes). Il faut savoir que l’asthme s’aggrave chez un tiers des femmes enceintes. Il est donc nécessaire d’identifier au mieux ce risque d’aggravation afin de mettre en place très tôt des mesures préventives. C’est l’objectif des deux consultations de suivi chez le pneumologue, prévues au cours de la grossesse. La clé du suivi de la femme enceinte, c’est l’arrêt du tabac et la poursuite du traitement. Certaines femmes qui ont peur de faire du mal à leur bébé sont tentées de cesser de prendre leurs médicaments : mais en aucun cas, il ne faut arrêter le traitement, car c’est faire courir un risque à la mère et à l’enfant ! Il convient plutôt de l’adapter, en veillant, notamment, à privilégier les médicaments sur lesquels on a le plus de recul afin de limiter les risques».

Autre moment crucial de la prise en charge de l’asthme : la ménopause. « A la ménopause, certaines femmes qui n’en ont jamais souffert peuvent développer un asthme. D’autres, asthmatiques, voient leur profil changer. Il faut être particulièrement attentif à ces bouleversements », explique le Dr Anne Prud’homme.

Hormones et métabolisme : une influence conjointe

Au facteur hormonal s’ajoute le facteur métabolique, comme le montrent les résultats de

l’étude E3N (1) :

– Les femmes ayant un indice de masse corporelle élevé ont près de deux fois plus de risque de souffrir d’asthme ;

– Les modifications de poids, positives ou négatives influencent le devenir de l’asthme ;

– Une prise de poids après la puberté est corrélée à un plus grand risque de développer un asthme.

Mais les deux facteurs ne sont pas sans lien : la surcharge pondérale ou la modification du poids agirait sur les hormones, qui, elles-mêmes, auraient une action sur les bronches et sur les médiateurs de l’inflammation.

Interroger la patiente sur ses expositions environnementales

Si les facteurs de risque hormonaux et métaboliques tiennent une place importante dans la genèse de l’asthme féminin, il ne faut pas omettre les expositions environnementales lors de l’interrogatoire de la patiente. En effet, à l’âge adulte, la sensibilité des femmes aux aéro-contaminants s’accroît, particulièrement chez les femmes qui ont commencé à fumer tôt.

Les expositions à certains agents irritants utilisés dans le domaine de la santé (latex, aldéhydes), ou de la coiffure sont des facteurs de risque. Mais il ne faut pas oublier les activités ménagères, qui concernent, aujourd’hui encore, plus les femmes que les hommes : le fait de cuisiner au gaz ou d’utiliser différents produits ménagers. « Des études ont montré que l’asthme était plus sévère chez le femmes disposant de plus de deux ou trois aérosols dans leur cuisine », précise le Dr Anne Prud’homme. D’où l’importance d’intégrer systématiquement la recherche des expositions environnementales à l’interrogatoire de la patiente.

 

En résumé

La meilleure connaissance de l’asthme de la femme permet de mieux prendre en compte tous les facteurs de risque pour une prise en charge sur mesure, avec la possibilité d’adapter le traitement au contexte hormonal – syndrome prémenstruel, grossesse, ménopause, etc., mais aussi aux déterminants métaboliques et environnementaux. L’identification des risques et l’adaptation du traitement repose sur le dialogue avec la patiente, tout comme la mise en œuvre de mesures préventives (arrêt du tabac, perte de poids, limitation des expositions environnementales, etc.).

 

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