Plus de 3000 personnes ont répondu à l‘enquête nationale Audition et Mémoire réalisée en partenariat avec la Mutuelle Générale des Cheminots, à bord du train Bien Vivre toute sa Vie, qui a parcouru la France à la fin de l’été dernier.
Les résultats présentés relèvent d’une part de l’analyse de 3 038 questionnaires « Audition et Mémoire », dûment renseignés et d’autre part, de la corrélation, pour 335 personnes, entre leurs résultats obtenus à un test de dépistage auditif et leurs réponses à ce même questionnaire.
Le dépistage auditif avait la particularité de permettre à chaque volontaire d’évaluer son audition dans un environnement bruyant.
L’originalité de cette étude est de confronter l’objectivation des troubles auditifs avec le ressenti des personnes concernées.
Cette démarche croisée, menée à bord de la voiture de l’audition, a permis de confirmer le caractère encore tabou de la presbyacousie et l’attitude persistante de déni face à ce trouble de l’audition souvent pas ou mal pris en charge.
Rappelons qu’il touche pourtant, en France :
– plus de 13% de la population,
– 1 personne sur 2 après 60 ans,
– 3 personnes sur 4 après 70 ans
Pourquoi cet intérêt porté à la relation audition/mémoire ?
Sachant que la mémoire se construit à partir des informations transmises par l’ensemble de nos sens, dont l’ouïe, si l’un d’eux est défaillant la mémoire n’a plus accès à une partie de cette matière nécessaire à ses fonctions d’archivage et de traitement.
De plus, lorsque l’audition est défaillante, comprendre la parole demande plus de concentration et plus de temps de traitement au niveau cérébral.
Le cerveau s’épuise à décoder les informations sonores déformées et non reconnues, au détriment d’autres processus comme la mémorisation.
Le développement de troubles cognitifs peut alors être favorisé. En effet, en privant le système nerveux central de repères sensoriels fondamentaux, la presbyacousie participerait d’un manque de stimulation intellectuelle responsable de la dégradation rapide des capacités cognitives et mnésiques.
C’est l’objet de plusieurs études s’intéressant à l’impact de la perte auditive sur la mémoire et les performances cognitives.
Les données de cette enquête nationale sur la déficience auditive liée à l’âge montrent, elles aussi, que difficultés de mémoire et d’audition peuvent être liées ; ainsi 37% des personnes qui déclarent plutôt mal ou très mal entendre disent avoir une mémoire plutôt mauvaise ou très mauvaise. Ces résultats montrent aussi que :
- L’attitude bien connue de déni est encore très ancrée
86% des personnes qui disent avoir jamais ou rarement des difficultés à comprendre la parole dans le bruit, n’obtiennent pourtant pas un bon résultat au test de dépistage auditif. 44% d’entre elles présentent même un trouble de l’audition important. |
86% des personnes qui disent n’avoir, jamais ou rarement, « la sensation d’entendre mais de ne pas tout comprendre » n’ont pas un bon résultat au test. 42% ont vraiment un mauvais résultat. |
- L’idée de fatalité, sans démarche volontariste pour palier la déficience auditive, est toujours d’actualité
90% des personnes qui n’ont pas fait de bilan auditif chez l’ORL au cours des deux dernières années n’ont pourtant pas un bon résultat au test. 48% ont même un mauvais résultat. |
Seuls 22% des personnes qui ont un mauvais résultat au test ont fait un bilan chez l’ORL au cours des 2 dernières années. |
Seuls 24% des personnes qui ont un résultat moyen au test ont fait un bilan chez l’ORL au cours des 2 dernières années. |
Paradoxalement, 29% des personnes qui ont un bon résultat au test ont eu recours à un bilan. |
- La prise de conscience reste difficile
88% des personnes qui considèrent entendre plutôt bien ou très bien n’ont pas un bon résultat au test. 43% ont même un mauvais résultat. |
Seuls 27% des personnes qui ont un mauvais résultat au test considèrent qu’ils entendent plutôt mal ou très mal. |
Seuls 17% des personnes qui ont un résultat moyen au test considèrent qu’ils entendent plutôt mal ou très mal. |
Face à ces résultats plutôt médiocres, une prise de conscience et des comportements qui évoluent trop lentement, AGIR POUR L’AUDITION a décidé de multiplier ses actions de sensibilisation, d’information et de dépistage auditif : à l’occasion de la 17ème Journée Nationale de l’Audition le 13 MARS 2014, l’association déploiera, pour la première fois, son exposition itinérante dans le Hall de l’Hôpital Rothschild, 5, rue Santerre, 75012 Paris.
Elle sera ouverte au public du 13 au 26 mars 2014 de 10 heures à 16 heures