Des puces contre les infections nosocomiales
Développé dans le service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Nord (AP-HM), un système automatisé permet de tracer l’hygiène des mains chez les soignants.
Chaque année, 8oo ooo infections nosocomiales se déclarent en France, provoquant 10 000 décès. Or, si l’on sait que la désinfection des mains avec une solution hydro-alcoolique (SHA) reste le meilleur rempart contre ces infections, il était difficile jusqu’à présent de mesurer le respect de ces pratiques par les soignants.
C’est pourquoi le service des Maladies Infectieuses et Tropicales (MIT), dirigé par le Pr Philippe Brouqui à l’hôpital Nord, s’est porté volontaire pour tester Médi-Handtrace, un système automatisé permettant la traçabilité en milieu hospitalier. Cette innovation développée par deux entreprises varoises, Micro BE et Ephygie-Hand, enregistre l’hygiène des mains chez les soignants, ainsi que les soins prodigués aux patients.
« Le système fournit en temps réel des données sur la friction hydro-alcoolique des mains, et évalue le taux de SHA utilisé par chaque agent », précise Sophia Boudjema, infirmière en 3e année de doctorat, qui a publié une étude sur ce dispositif dans le Clinical Microbiology and Infection* avec le Pr Brouqui « Il a été testé et perfectionné par les soignants pendant deux ans. Cela a pris du temps, et va permettre la mise en place d’actions ciblées afin d’améliorer les taux de compliance ».
Des puces dans les chaussures
« La mise au point collective de cet outil a insufflé un nouveau dynamisme à l’équipe », souligne Elisabeth Costa, cadre supérieur de santé. « Cela nous a permis de sécuriser les soins – notre objectif numéro un-, mais aussi de valoriser les compétences du personnel, toutes catégories confondues. Nous étions tous rassemblés autour de ce projet de recherche, et avons pu remettre en question nos pratiques, en analysant les obstacles à l’utilisation des solutions hydro-alcooliques. Cela a créé une émulation très bénéfique pour toute l’équipe. »
Basé sur la technologie des radiofréquences, le système reconnaît le soignant grâce à une puce électronique introduite dans sa chaussure, enregistre son lavage des mains et envoie un signal si le protocole n’est pas respecté. Autre outil révolutionnaire, le Patient Smart Reader permet la traçabilité des soins prodigués aux patients, grâce à une scannette améliorée. Ces dispositifs informatiques permettent en outre l’enregistrement de données précieuses. « Que ce soit l’hygiène des mains ou le suivi des soins, les données collectées vont permettre de mieux comprendre la problématique des infections nosocomiales », se félicite le Pr Brouqui. « L’analyse de ces informations nous pousse à améliorer notre travail et à développer de nouvelles méthodologies, adaptées à chaque service. »
*S. Boudjema et al. MediHandTrace®: a tool for measuring and understanding hand hygiene adherence.
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