Libération dans son édition du jour révèle un document confidentiel débattu à priori au Ministère de la Santé et destiné aux directions des Agences Régionales de Santé (ARS) qui prévoit un programme affichant l’objectif de réaliser 10 milliards d’économies à l’horizon 2017 dont 3 milliards d’euros dans l’hôpital public.
Je ne peux que déplorer le triomphe de la logique comptable en matière de santé publique. L’hôpital n’est pas une entreprise marchande et le libéralisme appliqué au domaine de la santé sur la base du seul critère de la quête d’économies et de réduction de la dépense publique ne peut produire que des ravages sanitaires et sociaux comme l’atteste le cas de la Grèce après les cures d’austérité imposées par la Troïka.
Certes, il convient de lutter contre le dérapage des dépenses publiques et le déficit chronique de notre système de sécurité sociale (le déficit de la branche maladie s’élevant à 6,8 milliards d’euros en 2013) si l’on souhaite pérenniser pour les générations futures un système de soins fondé sur la solidarité et l’égalité d’accès pour tous.
Toutefois, l’hôpital public est aujourd’hui en état d’urgence, menacé notamment par une privatisation rampante et une fuite des meilleurs professeurs et professionnels de santé à l’étranger ou dans le privé.
Les économies sont à rechercher ailleurs. En luttant contre la sur-consommation et la surfacturation des médicaments par une meilleure prescription et une réforme des modalités de fixation des prix, l’assurance-maladie (et les complémentaires) pourrait réaliser au moins 10 milliards d’euros d’économies avec notre système de dispensation, c’est à dire annuler son déficit chronique et ce sans dommage pour la santé publique, bien au contraire en terme de pharmacovigilance.
Les français sont en effet les plus gros consommateurs de médicaments en Europe (entre 50% et 100% de plus que nos voisins les plus proches).
En Italie, on constate que le coût collectif des médicaments en ville et à l’hôpital s’élève pour 2013 à 18 milliards d’euros contre 34 milliards pour la France, soit 85% de plus en HT et à populations égales pour les mêmes résultats sanitaires.
Pour cela, il faudrait s’attaquer au cœur du problème : l’emprise du lobbie pharmaceutique sur les pouvoirs publics et les professionnels de santé et lutter farouchement contre les conflits d’intrérêt foisonnant entre sphère publique et privée.
C’est la raison pour laquelle nous avons lancé au mois de janvier notre opération mains propres sur la santé.
Il ne faut pas se tromper de combat.
La santé n’est pas une marchandise !
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