« Monsieur le Premier ministre,
La Fédération Hospitalière de France vient de prendre connaissance, par voie de presse, d’une note confidentielle datée du 5 mars, rédigée par le service central du renseignement territorial du ministère de l’Intérieur, qui dresse un « état des lieux » des services d’urgences des hôpitaux publics particulièrement alarmiste.
Malheureusement, les nombreux contacts quotidiens que nous entretenons avec les établissements publics de santé ne font que confirmer le constat dressé par les services de renseignement. Depuis plusieurs mois, sous l’effet de l’épidémie de grippe, des menaces de grève des cliniques privées mais surtout du désengagement quasi total des médecins libéraux de la permanence des soins, les hôpitaux publics se retrouvent seuls pour répondre aux besoins de prise en charge de nos concitoyens. Ainsi, de nombreux services d’urgence sont aujourd’hui saturés, entrainant l’épuisement des équipes mais également une réelle exaspération devant les comportements parfois irresponsables des autres acteurs de santé qui laissent reposer sur les seuls hôpitaux publics les missions d’urgence.
Au regard de cette situation, nous n’avons cessé d’alerter la Ministre de la santé quant à la nécessité de soutenir les hôpitaux publics et de ne pas adresser aux équipes des messages contradictoires, à l’instar des discours tenus par certaines Agences Régionales de Santé faisant de la fermeture des lits publics une priorité. Nous ne pouvons en effet comprendre dans la situation que nous vivons que la fermeture des lits apparaisse à certains responsables comme la solution miracle à l’amélioration de l’efficience de nos hôpitaux.
Plus que jamais, Monsieur le Premier ministre, les hôpitaux publics ont besoin de votre soutien mais aussi de votre autorité pour faire cesser ces discours simplistes quant aux remèdes miracles à imposer au système de santé. L’alerte lancée par les renseignements généraux me pousse dans l’immédiat à vous demander d’annuler les consignes adressées par vos services aux directeurs généraux des ARS pour accélérer la fermeture des lits.
Vous le savez, le service public de santé a fait la preuve de sa capacité à se moderniser et à se réorganiser. Il continuera de le faire ces prochaines années mais a pour cela besoin qu’on lui fasse confiance et que cesse le mouvement de centralisation qui décourage les équipes et les dirigeants.
Je vous prie de croire, Monsieur le Premier ministre, en l’assurance de ma haute considération. »
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Emmanuel Goddat
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